À 23 ans, sans club et au chômage depuis des mois, Édouard Mendy a songé à abandonner sa carrière de joueur de soccer professionnel. Sa conjointe était enceinte et il avait besoin de travailler. Après un essai, il a été retenu comme troisième gardien de but de l’Olympique de Marseille. Puis après un transfert à Rennes, sa carrière était relancée.

En 2020, l’international sénégalais, qui est né et a grandi en France, est devenu le gardien partant de Chelsea, en Premier League anglaise, qu’il a mené à la victoire en Ligue des champions quelques mois plus tard. En janvier dernier, Mendy a été nommé meilleur gardien de l’année au monde. Quelques semaines plus tard, il a remporté la Coupe d’Afrique des nations, aux tirs au but, face à l’Égypte.

Tout ce qui monte redescend. En début de saison, Mendy a perdu sa place de gardien titulaire à Chelsea, après une série de contre-performances. Et lundi à Doha, il a en quelque sorte coûté le match aux Lions du Sénégal face aux Pays-Bas, après avoir concédé deux buts tout à fait évitables, au terme d’un match très équilibré.

À la 84minute, sur un joli centre de Frenkie de Jong, la jeune sensation Cody Gakpo a marqué d’une reprise de la tête. Mais c’est surtout Édouard Mendy qui a complètement mal jugé le ballon et a raté sa sortie. Dans la neuvième minute des arrêts de jeu (étonnamment longs depuis le début du tournoi), Davy Klaassen a repris un tir de Memphis Depay repoussé maladroitement par un Mendy en manque de confiance qui, encore une fois, aurait pu et aurait dû faire mieux.

Un résultat cruel pour les Sénégalais. Les champions d’Afrique avaient réussi à contenir les Néerlandais, malgré l’absence de leur joueur vedette, Sadio Mané, deuxième au scrutin du Ballon d’or 2022, qui ratera l’ensemble de la Coupe du monde en raison d’une blessure.

Les Sénégalais devront faire mieux, surtout contre les Équatoriens, convaincants face aux Qataris dimanche.

Dans le premier véritable choc de cette Coupe du monde, les deux équipes favorites du groupe A se sont étudiées longtemps. La première mi-temps a été très partagée, les attaques respectives se butant à des défenses hermétiques. Les occasions franches ont été rares, de part et d’autre. On craignait manifestement de perdre ce premier affrontement.

Le meneur de jeu des Oranje, Frenkie de Jong, a trop hésité à tirer alors qu’il était seul dans la surface à la 18minute. Un crochet de trop, un ballon resté coincé dans ses pieds. En deuxième mi-temps, le Sénégal s’est davantage porté à l’attaque, physique, volontaire. Ismaïla Sarr, l’attaquant de Watford en deuxième division anglaise, a été le principal animateur du jeu sénégalais.

Jusqu’à la 84minute, les Néerlandais n’avaient pas encore cadré le moindre tir. Édouard Mendy n’avait pas été inquiété et dans le stade d’Al Thumama, où il y avait de nombreux sièges vides, on s’attendait sans doute à un match nul. C’était compter sans le fait que les Pays-Bas n’ont pas été blanchis (et n’ont pas perdu) depuis le retour à la barre de Louis Van Gaal, il y a 16 matchs.

Les Néerlandais sont de retour en phase finale de la Coupe du monde après avoir raté leur qualification pour la Russie en 2018. Ils auront besoin d’élever leur jeu d’un cran s’ils espèrent disputer leur quatrième finale d’un Mondial. L’attaque batave, surtout avant l’arrivée sur le terrain à l’heure de jeu de Memphis Depay, a montré peu de signes convaincants. Ce ne sont ni les Pays-Bas de Cruyff ni ceux de Van Basten, de Van Nistelrooy ou de Van Persie.

Les Sénégalais, qui s’étaient rendus en quart de finale du Mondial de 2002, auront de leur côté fort à faire s’ils souhaitent un parcours semblable sous la gouverne de leur sélectionneur (et capitaine d’alors) Aliou Cissé. Ces deux buts encaissés en fin de match risquent de peser lourd dans la balance.