Cyle Larin et Tajon Buchanan : portrait de deux artilleurs vedettes.

Cyle Larin et Tajon Buchanan ont beaucoup en commun. Mais leur arrivée respective au sein de l’équipe canadienne n’aurait pas pu se faire dans un contexte plus différent.

Larin et Buchanan, tous deux de Brampton, en Ontario, évoluent actuellement dans le même club, en première division belge. Les deux ont commencé leur carrière en MLS. Les deux ont un rôle offensif avec le Canada.

Mais Cyle Larin, qui a joué son premier match avec sa sélection en 2014, a connu les années de vaches maigres et d’échecs de l’unifolié. Une période où une qualification pour une Coupe du monde était un rêve inatteignable.

« Je fais partie de cette équipe depuis un bon moment maintenant », souligne Cyle Larin lors d’un entretien virtuel organisé par le Club Bruges pour quelques médias. Buchanan est assis à ses côtés.

« On a toujours cru qu’on était capables de franchir ce cap, enchaîne Larin, en référence aux déceptions répétées du Canada en qualifications. On le voit maintenant. Les gars y croient, on amène les bonnes personnes, et le groupe joue en équipe. »

Changement de culture

C’est dans ce contexte que Tajon Buchanan a fait ses débuts en rouge, en juillet 2021. Sous John Herdman depuis 2018, l’équipe et l’aura autour de celle-ci avaient déjà bien changé.

« Depuis que je suis dans ce programme, [Herdman] nous a donné cette mentalité que nous pouvons jouer du coude avec les meilleurs », indique Buchanan.

Quel contraste, quand même.

Chaque fois qu’on entre sur le terrain, c’est pour aller battre l’adversaire. Et ça, c’était très important pour moi. J’ai vu jouer l’équipe nationale dans le passé. Parfois, cette confiance n’y était pas. Herdman a unifié ce pays.

Tajon Buchanan

Et de la confiance, Tajon Buchanan en a. Interrogé pour savoir si le Canada croit en ses chances de sortir du groupe, l’ailier répond : « Bien sûr ! Pour quelle autre raison irions-nous au Qatar ? »

PHOTO CARLOS OSORIO, ARCHIVES REUTERS

Tajon Buchanan

« Personnellement, je vais là-bas dans le but de gagner tous les matchs. On veut remporter la Coupe du monde. »

Il y a 10 ans, le Canada s’inclinait 8-1 contre le Honduras, ce qui mettait fin à ses espoirs de Mondial 2014. Avant d’affronter la Belgique, la Croatie et le Maroc, visiblement, cette époque est bel et bien révolue.

Brampton, le berceau

On le disait : les deux hommes viennent de la même ville ontarienne. Brampton est carrément le berceau de l’équipe nationale en route vers Doha. Pas moins de huit joueurs de l’équipe qui fait le voyage au Qatar en sont originaires.

Larin estime que Brampton n’est que le premier exemple de ce qui pourrait émerger alors que le Canada prend de plus en plus la mesure de son bassin de pépites prometteuses.

« Il y a toujours eu du talent à Brampton, explique-t-il. Il n’était question que de le repérer. […] Il y en aura de plus en plus, issu d’autres endroits, au fur et à mesure que le pays y porte attention. C’est important pour le développement du soccer canadien. »

Buchanan a 23 ans. Larin, 27. Le plus jeune voit-il le meilleur buteur de l’histoire du soccer masculin canadien (25 buts en 54 matchs) comme un mentor ?

PHOTO DAN HAMILTON, ARCHIVES USA TODAY SPORTS

Cyle Larin

« Notre relation est belle depuis qu’il est arrivé [à Bruges], estime le cadet. On est allés à la même école secondaire. Et même si on ne s’est pas croisés, je savais qui il était. Le fait de jouer avec lui tous les jours, de bâtir cette chimie à l’entraînement, c’est ce dont on a besoin. »

Larin et le premier but du Canada

Au Qatar, la combinaison Buchanan-Larin pourrait faire des ravages. Le premier est reconnu pour sa vélocité dans les couloirs. Il était un des meilleurs éléments du Revolution de la Nouvelle-Angleterre, qui a connu une des meilleures saisons de l’histoire de la MLS, en 2021. Et après bientôt un an à Bruges, Buchanan commence à vraiment s’imposer dans le championnat belge, et même en Ligue des champions.

Larin, après Orlando City (2015-2018) en MLS, a connu de belles années avec le Besiktas (2018-2022), en Turquie. L’attaquant a rejoint son compatriote en Belgique l’été dernier, mais n’a pas encore joué régulièrement.

Ce dernier assure qu’il « ne sent jamais la pression de marquer avec l’équipe canadienne ». Mais ne souhaiterait-il quand même pas enfiler le premier but de l’histoire du pays en Coupe du monde masculine ?

« Je mentirais si je disais que je ne voulais pas marquer le premier but ! dit Larin. Tous les attaquants le souhaitent. Mais je crois en mes coéquipiers, en leur qualité, en leur capacité à m’envoyer le ballon. »

Malgré un temps de jeu limité en club cette saison (seulement 346 minutes, toutes compétitions confondues), il « ne se sent pas nerveux ». « Je suis dans la meilleure forme physique de ma carrière », estime l’artilleur canadien.

Prêts pour le coup d’envoi

Le Club Bruges a très bien fait dans la phase de groupe de la Ligue des champions, cette saison. Il est passé à la prochaine étape, et Buchanan a fait partie de ces succès.

Le souhait de John Herdman, voulant que ses joueurs disputent le plus de grands matchs et de grandes occasions possible pour bâtir leur expérience, est en partie exaucé ici.

Comment se compare un match de Ligue des champions par rapport à un match de championnat ordinaire ? « La plus grosse différence, c’est que tu dois être concentré pendant plus de 90 minutes », souligne Buchanan.

Tu joues contre une équipe du plus haut niveau. Si tu es déconcentré, c’est là qu’elle va te punir. Ce sera comme ça à la Coupe du monde.

Tajon Buchanan

Cyle Larin a même commencé à se mettre dans le bain.

« Je regarde les tournois précédents, dit-il. Tu peux voir l’atmosphère, l’excitation. Et là, c’est dans quelques jours ! »

Tajon Buchanan rappelle que c’est un évènement « nouveau » pour tout le monde dans le groupe.

« On est prêts à montrer au monde ce dont on est capables. »