(Doha) Ça fait 12 ans que le Conseil suprême du Qatar prépare cette Coupe du monde. Mais il a attendu jusqu’à vendredi, deux jours avant le coup d’envoi du tournoi, pour interdire la vente d’alcool dans les stades et les environs. La FIFA a encaissé le coup. Budweiser, qui paye 75 millions en commandite, devra désormais concentrer tous ses kiosques de vente d’alcool dans un parc, au centre-ville.

Pourquoi le Qatar a-t-il agi ainsi et, surtout, si tardivement ?

D’abord, il fait un pied de nez à toutes les critiques venues d’Occident.

Pour reprendre la formule de mon prof d’espagnol au secondaire : Mi oficina, mis reglas. Ici, c’est chez nous. Et chez nous, c’est moi qui dicte les règles.

Ensuite, il y a des motifs religieux. Le Qatar est un pays musulman. Dans le Coran, l’alcool est associé au péché. De façon générale, mais pas universelle, les musulmans s’abstiennent d’en boire. Or, le Qatar est aussi une terre de travailleurs expatriés, issus de plusieurs religions différentes. Il existe donc un compromis social : oui à la consommation privée d’alcool, non à l’ivresse sur la place publique.

Où peut-on trouver de l’alcool ici ?

À la QDC, pour Qatar Distribution Company. L’équivalent de notre SAQ. Sauf que n’y entre pas qui veut. Le permis est réservé aux résidents permanents – et encore là, à certaines conditions. Vous devrez aussi dévoiler votre salaire. Pourquoi ? Parce que le quota mensuel d’alcool auquel vous avez droit est lié à vos revenus.

Plus votre salaire est élevé, plus votre limite de bouteilles sera élevée aussi. Le choix est vaste. Les prix ? Exorbitants.

Les touristes peuvent eux aussi prendre un verre à Doha. C’est pas mal plus facile que l’option précédente. Il suffit d’avoir 21 ans, de se rendre dans le bar d’un hôtel cinq étoiles d’une chaîne occidentale et de présenter son passeport, tout simplement.

Si le Conseil suprême désirait vraiment bannir l’alcool partout sur son territoire, il l’aurait fait. Que l’interdiction de vendredi se limite aux stades laisse plutôt croire qu’il voulait réaffirmer son autorité sur son territoire.