(Doha) À cinq jours du coup d’envoi du Mondial-2022, les polémiques résisteront-elles à l’arrivée au Qatar des principales sélections, notamment européennes, comme, dès mardi, l’Angleterre, les Pays-Bas ou encore le Danemark ?

Les Français, comme l’avait promis lundi leur capitaine Hugo Lloris, ont eux décidé de partager leur point de vue sur les droits hde la personne à la veille de leur départ pour Doha.

Mardi, après avoir posé pour la traditionnelle photo officielle à Clairefontaine, les champions du monde en titre ont annoncé leur intention d’offrir un soutien financier à des ONG œuvrant « pour la protection des droits humains », tout en rappelant leur « attachement » au « refus de toute forme de discrimination ».

Dans une « lettre collective » publiée sur les réseaux sociaux, les joueurs reconnaissent « un contexte troublé » autour de cette Coupe du monde : « Chacun de nous doit prendre sa part » de responsabilité, expliquent-ils, rejoignant d’autres nations qualifiées s’étant exprimées sur le sujet, comme l’Australie, les États-Unis ou le Danemark.

Dans le contexte extrasportif tendu de cette Coupe du monde, que ce soit au sujet des droits de la personne, comme celui des discriminations à l’égard des personnes LGBTQ+, ou des thèmes environnementaux, chaque prise de parole ou chaque action est scrutée.

Quelle sera, par exemple, l’attitude des Danois lors de leur premier entraînement alors qu’ils se sont vu interdire jeudi dernier par la Fédération internationale (FIFA) le port d’un maillot pro-droits de la personne à l’entraînement ?

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L’Australie ferme le débat

Ils ont certes annoncé qu’ils se plieraient aux consignes vestimentaires de la FIFA. Mais évoqueront-ils le sujet une fois les pieds sur le sol qatari ?

Ou feront-ils comme les Australiens, qui ont prévenu lundi à leur arrivée qu’ils n’évoqueraient plus le sujet, après avoir diffusé fin octobre une vidéo dans laquelle ils critiquaient ouvertement le Qatar pour le non-respect des droits de la personne ?

Lundi, lors de leur première conférence de presse à Doha, ils sont brièvement revenus sur le sujet… pour le clore au moins le temps de la compétition. « Ce que nous avons dit dans cette vidéo a été dit, ce qui devait être entendu a été entendu, et maintenant, très franchement, nous nous occupons juste du football, on ne parle plus vraiment de tout ça », a expliqué l’attaquant Mitchell Duke depuis le camp de base des « Socceroos ».

PHOTO PAUL ELLIS, AGENCE FRANCE-PRESSE

Mitchell Duke

Les Pays-Bas et l’Angleterre iront, eux, rencontrer jeudi les travailleurs migrants qui ont participé à la préparation de cette Coupe du monde dans le cadre d’un programme orchestré par la FIFA et le Qatar.

Le pays hôte et l’instance dirigeante du football mondial ont en effet prévu des activités « sociales » pour permettre aux volontaires, aux travailleurs ou à des joueurs et joueuses amateurs de côtoyer pendant une heure les stars du Mondial.

Autre pays à poser ses valises dans le Golfe mardi, l’Équateur. Les Sud-Américains, qui ont fait un « stop » en Espagne pour affiner leur préparation ce week-end, vont vite devoir se mettre dans le bain puisqu’ils auront l’honneur toujours impressionnant d’affronter le pays hôte lors du match d’ouverture dimanche (19 h locales, 17 h à Paris).

Les polémiques pourraient aussi venir du ciel. Ainsi, l’Allemagne a quitté Francfort lundi pour le Golfe à bord d’un avion Lufthansa arborant un message en faveur de la diversité.

PHOTO ARNE DEDERT, AGENCE FRANCE-PRESSE

La compagnie allemande a fait peindre le slogan « Diversity wins » (la diversité gagne, NDLR) sur le fuselage de l’avion, un pied de nez au pays organisateur du mondial critiqué depuis sa désignation par les défenseurs des droits de la personne et de l’environnement.

Infantino appelle au cessez-le-feu

De son côté, le président de la FIFA Gianni Infantino a, appelé mardi à observer un cessez-le-feu en Ukraine durant l’évènement planétaire.

« Mon appel à vous tous, c’est de réfléchir à un cessez-le-feu temporaire d’un mois pour la durée de la Coupe du monde », a-t-il déclaré lors d’un déjeuner avec les dirigeants du G20.

« Nous ne sommes pas naïfs au point de penser que le football peut résoudre les problèmes du monde », a-t-il concédé. Mais la Coupe du monde offre une plateforme unique, offrant une « occasion de faire tout son possible pour mettre fin à tous les conflits », a-t-il plaidé, rappelant que la Russie avait organisé le Mondial-2018 et que l’Ukraine était candidate pour accueillir la compétition en 2030 avec l’Espagne et le Portugal.