Les journalistes des sports de La Presse répondent à une question dans le plaisir.

Alexandre Pratt

PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE

Ignacio Piatti

Je ne possède qu’un seul maillot de sport avec un nom dans le dos. Un chandail de match porté par Nacho Piatti, acheté dans un encan de bienfaisance, dans ses belles années ici. Autant dans la vie je n’ai pas la partisanerie facile, autant j’ai adoré Piatti. Ses dribles, ses feintes, ses accélérations, ses crochets, ses lasers tirés au milieu de cinq adversaires, il avait tout pour allumer le stade Saputo. Ce qu’il avait d’ailleurs fait, en août 2017, en prenant le micro sur le terrain, après une soirée de deux buts, pour faire pression sur Joey Saputo afin d’obtenir un nouveau contrat. Un épisode qui résume bien son passage à Montréal : surprenant, spectaculaire et toujours divertissant.

Jean-François Téotonio

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Patrice Bernier

Patrice Bernier. J’ai la chance aujourd’hui de le côtoyer et de lui parler assez régulièrement. Mais avant d’être journaliste affecté à la couverture du CF Montréal, avant même d’être journaliste tout court, j’admirais Patrice Bernier. Pour ce qu’il représentait. Pour son talent et ses prouesses sur le terrain. L’Impact est arrivé en MLS à peu près au même moment où je suis arrivé à Montréal. Mon départ de ma ville natale de Gatineau a ainsi coïncidé avec le retour de Bernier dans la métropole. J’ai le souvenir tangible d’être allé assister au premier match dans le circuit Garber au Stade olympique avec mes comparses de l’UQAM. De son superbe but contre Toronto lors des séries de 2015. J’étais présent au stade Saputo pour le voir frapper sa poitrine et le logo de l’Impact en guise de célébration. Dans les grands moments comme dans les plus malheureux, Patrice Bernier est resté droit. Et il a continué de représenter le club et le Québec de la meilleure des façons. On ne peut pas en demander beaucoup plus d’un athlète professionnel.

Mathias Brunet

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Didier Drogba

Je suis évidemment placé dans un épouvantable conflit d’intérêts dans ce dossier. J’ai écrit la biographie de Patrice Bernier il y a quelques années, un livre jeunesse sur lui est à paraître cet automne et j’en suis ressorti avec un ami formidable, loyal, généreux, et un mentor hors pair pour mon fils dans son aventure footballistique. Alors oui, capi serait le choix logique, mais si je devais l’exclure, pour des raisons d’impartialité, j’opterais pour la plus grande pointure ayant porté cet uniforme : Didier Drogba. Il était presque inimaginable de rêver le voir dans le maillot de l’Impact de Montréal avant d’entendre les premières rumeurs. Il avait calmé une guerre civile en Côte d’Ivoire par ses exploits sur le terrain et son appel à la paix ; il avait été choisi le plus grand joueur de l’histoire du prestigieux Chelsea FC par ses fans en 2012 et était considéré comme l’un des plus grands joueurs africains de tous les temps. Je textais nerveusement mon pote Mauro, alors entraîneur avec l’équipe, pour me faire rassurer sur son arrivée, mais il ne pouvait évidemment pas vendre la mèche. J’étais dans les estrades lors du premier départ de Drogba au stade Saputo, le 6 septembre 2015. Cette grande star internationale avait fait les choses en grand avec trois buts. Pour une rare fois, parce que mon métier ne me le permet pas lorsque je couvre les activités sportives, j’avais manifesté librement dans les gradins. Dès la fin de la saison, après quelques matchs seulement, Drogba a menacé de retourner à Chelsea. Il est finalement revenu, pour l’année 2016, mais la magie commençait déjà s’estomper. Qu’importe, il nous aura fait vivre des émotions fortes pendant quelques mois !

Richard Labbé

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

Mauro Biello

Mauro Biello. J’ai eu la chance de couvrir les années de gloire de l’Impact, alors que le club jouait au Centre Molson, dans un aréna, comme le soccer devrait se jouer, et que les matchs se terminaient 15-11, comme les matchs de soccer devraient se terminer. Je me souviens de deux gars avant tout : Mauro Biello, parce qu’il amassait plus de points par match que Saku Koivu, et le sympathique coach Paul Kitson. Biello était la locomotive du club et aussi le joueur qui parlait aux médias, sans jamais se défiler, match après match. Il est donc mon choix, avec une mention spéciale à Kitson, qui avait organisé un match entre les médias et quelques anciens joueurs, sans doute pour rire de nous. Ça s’était terminé avec un collègue étendu sur le tapis avec un genou déchiré.

Simon Drouin

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Evan Bush

Evan Bush n’est peut-être pas mon favori — je serais plutôt du type Mauro Biello —, mais le gardien m’a fait vivre l’un des plus beaux moments sportifs montréalais en 2019. Dans un match contre Vancouver, l’Américain a stoppé non pas un, mais deux tirs de pénalité consécutifs contre Yordy Reina, plongeant le stade Saputo dans l’euphorie. Le premier lancer a été repris pour une irrégularité que je n’avais pas comprise. Le lendemain, au retour d’une sortie à vélo, je m’étais arrêté pour en discuter dans le commerce de quelqu’un qui connaît son soccer, mon cousin Alex Surprenant, ex-défenseur de l’Impact et aujourd’hui chapelier d’exception. Lui non plus n’avait rien compris, mais avait été aussi impressionné que moi par les deux plongeons de Bush, qui avaient permis à l’Impact de revenir de l’arrière pour l’emporter. Parle, parle, jase, jase, v’là t’y pas qu’Alex reconnaît Bush qui sort d’un resto de l’autre côté de la rue Amherst (feu l’Agrikol, pour les curieux)... Comme je repartais, je me suis arrêté pour féliciter le gardien qui montait dans sa voiture. Un sympathique moment de partisanerie qui arrive rarement pour un journaliste sportif. Mon cousin, lui, continue de faire de sacrés beaux chapeaux avec sa blonde Mélodie, chez Fumile à Frelighsburg. Il est toujours prêt à jaser soccer.

Nicholas Richard

Malgré le nombre ahurissant de candidats, j’ai décidé de jeter mon dévolu sur Evan Bush. Un pilier dans l’histoire du club, au même titre que Biello, Bernier et Camara. Les gardiens reçoivent rarement le mérite qui leur est dû. Dans le cas de Bush, il a non seulement été l’un des meilleurs cerbères de la MLS à son apogée, mais il a aussi été l’un des joueurs étrangers à avoir le plus embrassé la culture québécoise lors de ses 10 ans passés à Montréal. Entre 2011 et 2020, Bush a été l’une des pièces maîtresses de l’Impact et du CF Montréal. Il a appris le français et il a envoyé ses enfants dans des écoles francophones. Rares sont les gardiens, toutes ligues confondues, à avoir eu une implication aussi sincère dans la communauté montréalaise dans les 10 ou 15 dernières années. Bush, par sa vision, sa confiance devant la cage, son positivisme, son leadership et son talent inné à bloquer des penaltys ont marqué l’histoire du club, ce qui fait de lui un incontournable pour l’exercice du jour.

Jean-François Tremblay

PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

Nick De Santis

J’en ai déjà parlé, mon avis n’a pas changé, mais Nick De Santis mérite tous les honneurs chez le CF Montréal. Il a tout fait. Joueur étoile, visage du club dans les médias, entraîneur, dirigeant. Il a contribué à l’arrivée de quelques-uns des plus célèbres joueurs de l’histoire de l’équipe, comme Ignacio Piatti, Laurent Ciman, Didier Drogba. Il a donné des titres au club, il a rempli des sièges pour l’équipe, il a répondu aux questions des médias pendant des décennies, toujours avec le feu qu’on lui connaissait. Évidemment que tout n’est pas parfait, notamment son passage comme directeur sportif, mais essayez de trouver quelqu’un qui a autant donné son cœur au logo bleu et noir. Comme journaliste, j’ai eu une relation amour-haine avec Nick De Santis, mais toujours dans le respect et la passion de nos deux métiers. Son absence du mur de la renommée du CF Montréal est un oubli impardonnable qui devra être réparé plus tôt que tard.

Appel à tous

Et vous, quel est votre joueur préféré de l’histoire de l’Impact et pourquoi ?

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