Olivier Renard parle de marque de « confiance », Gabriel Gervais, d’un « sentiment d’appartenance » à valoriser.

C’est ainsi que les deux hommes ont commenté la prolongation de contrat « à durée indéterminée » du directeur sportif du CF Montréal, vendredi, au Centre Nutrilait. Renard se voit en plus donner le titre de vice-président dans l’organisation.

« C’est un peu comme mon entente personnelle à moi, souligne le président Gabriel Gervais. Olivier va être dans la direction en tant que vice-président et chef de tout ce qui est le volet sportif. »

Il devient donc un « cadre permanent ». Au même titre que les VP aux ressources humaines, aux finances et à leur futur homologue au marketing et communications.

Cette promotion s’est faite « naturellement », dixit le Belge. Peut-être même avant même qu’on ne lui colle officiellement l’étiquette.

« Ce n’était pas une revendication de ma part, a expliqué Renard. Pas du tout. Mais je ne vais pas dire que j’ai été surpris. C’était justement de montrer la confiance vis-à-vis de moi. Et je dois dire que dans les derniers mois, ça se passait déjà un petit peu comme ça. »

« Moi, je sais ce que je suis, et je reste quelqu’un [issu] du sport. Mais si on me pose la question, au niveau du marketing ou n’importe quoi, je donne mes idées par rapport à mes expériences. »

Le souhait a été mis de l’avant par Joey Saputo, confirme Gabriel Gervais.

« C’est la mentalité de la famille Saputo de faire preuve d’une confiance mutuelle et un sentiment d’appartenance. C’était très important. De cette façon, Olivier va être exposé à tout le volet stratégique de l’organisation, qui va être crucial pour toutes les décisions que lui va prendre de son côté. »

« Il va avoir son mot à dire », ajoute le président.

Olivier Renard estime que les négociations ont été « rapides et simples ». Il reste que ça fait plusieurs semaines que le sujet est dans l’air. Lorsqu’on interroge Gabriel Gervais à propos d’un potentiel point de discorde lors des négos, il rejette l’idée.

« [Il s’agissait] de trouver la bonne entente pour lui et sa famille », affirme l’ancien défenseur de l’Impact.

Renard corrobore.

« Si ma femme et mes enfants ne se plaisaient pas au Québec, on serait partis depuis longtemps », lance le directeur sportif.

« J’ai attendu jusqu’à dernièrement pour le dire aux enfants, parce que je ne voulais pas faire de fausses promesses. Ils sont très contents de cela. Donc moi, si la famille est contente, c’est le plus important. »

Pas vendre de joueurs « comme des petits pains chauds »

Olivier Renard est donc à Montréal pour le long terme. Ce qui signifie que sa philosophie mise en place depuis son arrivée en 2019 est là pour de bon. Gabriel Gervais parle de « stabilité », oui. Mais aussi des impératifs liés à cette marque de confiance.

« Il faut livrer la marchandise, estime le président. Il faut avoir les bons résultats. »

On le sait : Montréal se veut maintenant un club formateur. À ce chapitre, la fin de saison 2022 pourrait faire foi de tout. Pas moins de cinq joueurs du CF Montréal pourraient jouer des minutes à la Coupe du monde de novembre prochain, au Qatar. Kamal Miller et Alistair Johnston sont des réguliers de la sélection canadienne. Samuel Piette en est un vétéran. Ismaël Koné pourrait très bien y être invité. Et Djordje Mihailovic, avec sa saison de rêve, cogne à la porte de l’équipe américaine.

Olivier Renard sent-il une certaine pression de performance pour trouver un nouveau domicile à ces joueurs… et ramener des sous à l’organisation ?

« Absolument pas, rétorque-t-il. Ce n’est pas de la pression. C’est de la satisfaction. Ça veut dire que l’arrivée de joueurs qui étaient inconnus à la base, les gens ont peur de les voir partir. Ça veut dire qu’entre l’arrivée et le départ, il y a eu de bonnes choses. »

Gabriel Gervais illustre le propos différemment.

« La philosophie qui est mise en place, c’est de se tourner vers la jeunesse, de développer les joueurs, expose-t-il. Ça ne veut pas dire que d’ici la fin de l’année, si on ne vend pas quatre joueurs, c’est un échec. Loin de là. On va vendre les joueurs quand ça va être le bon moment, pour le club et le joueur. »

« On n’est pas ici pour vendre des joueurs comme des petits pains chauds. C’est vraiment une stratégie à long terme. Que ce soit cet été, ou à la fin de l’année à cause de la Coupe du monde. »

La vente de joueurs n’est pas le seul objectif du club.

« On est ultracompétitifs, souligne Gabriel Gervais. On veut un championnat. Que ce soit un championnat canadien, un championnat de MLS. On peut absolument croire qu’on peut remporter une coupe chaque année. »

Est-il permis d’ajouter des joueurs et d’ainsi réaliser cette ambition ?

Le club dispose d’un peu moins de 400 000 $ sous le plafond salarial, énonce Olivier Renard.

« S’il y a un départ, il y a quelque chose qui va s’ouvrir. On devra faire des choix. »

« À l’interne, on doit être prêts à faire des mouvements, surtout avec les mercatos européens. Moi, je n’ai pas le feu. On est contents de l’effectif actuel. L’équipe peut se construire dans les prochains mercatos. Je suis persuadé qu’on peut même avoir une saison plus que satisfaisante avec l’effectif actuel. »

En vrac

On travaille de très près. Notre relation a tout le temps été de la sorte. Olivier a été là dans toutes les décisions qui ont été prises dans les 2 derniers mois que j’étais en poste.

Gabriel Gervais, au sujet de sa relation avec Olivier Renard

Depuis son arrivée, on a un très bon contact. Les changements qui sont faits en dehors du terrain, ça va aider ce qui se passe sur le terrain aussi.

Olivier Renard, au sujet de sa relation avec Gabriel Gervais

Des joueurs comme Thorkelsson, Miljevic, non ils ne jouent pas beaucoup. Certains pensent peut-être que ce sont de mauvaises acquisitions. Moi, je peux vous dire qu’on les prépare. S’ils sont jeunes, ils doivent manger du pain noir avant de pouvoir jouer. Ils progressent. On les voit progresser tous les jours. Dans le futur, ils auront certainement un rôle important aussi.

Olivier Renard, à propos de jeunes qui pourront remplacer les éventuels joueurs vendus

Il n’y a aucun joueur qui est indispensable dans l’équipe. Aucun. […] Ce n’est pas le but non plus de faire partir cinq, six, sept joueurs. Il faut un équilibre. Il faut une base s’il y a un ou deux départs.

Olivier Renard