(Montréal) Graduellement, le rythme de vie de Gabriel Gervais s’apaise après deux semaines de grande fébrilité. Mais ce n’est que partie remise. Car d’autres semaines de ce genre, voire des mois, attendent cet homme qui a un objectif bien clair : ramener les Québécois de toutes les couches de la société derrière le CF Montréal.

Gervais entame officiellement une nouvelle étape de sa vie professionnelle lui qui vivait pourtant le bonheur total chez Deloitte, dans un environnement fascinant et stimulant, affirme-t-il, après s’être prêté à de nombreux sacrifices pour atteindre le rôle d’associé.

Tout ça ne l’empêchait toutefois pas de garder un œil sur le soccer, et même de loin, Gervais percevait une vibration négative autour de l’organisation montréalaise qui datait, dit-il, d’avant le changement d’identité.

Et ça ne le laissait pas indifférent.

Ma plus grande passion dans ma vie, c’est le soccer. J’ai tout le temps été attaché au club, et quand je disais que je saignais bleu quand on jouait, je le saigne encore. Ça me fait mal quand l’équipe n’a pas de succès.

Gabriel Gervais

« Je voulais contribuer à l’équipe. Honnêtement, avec tout mon bagage de connaissances et d’expérience, que ce soit sur le terrain ou hors du terrain que j’ai acquis en gestion chez Saputo ou chez Deloitte, je trouve, très humblement, que je peux contribuer aux succès de l’équipe et la mener à un autre niveau. À la base, c’est pourquoi je me suis présenté comme président ; parce que je voulais faire une différence », a-t-il ajouté.

Gervais se dit « super emballé », « super motivé » par ce nouveau chapitre.

« Je sais que c’est un défi, mais aussi, j’arrive dans un moment où on sort de la COVID, où il y a un nouveau vent qui rentre. On a une opportunité de regagner notre pertinence, de nous réconcilier avec nos partisans, nos parties prenantes, incluant les médias. […] Je vois (ce défi) avec beaucoup d’enthousiasme. Le club, oui, c’est notre première équipe. Mais c’est tellement plus et j’espère que tout le monde va pouvoir apprécier ça. »

Offusqués

L’amour que porte Gervais pour le soccer et l’organisation montréalaise ne le rend pas aveugle. Il est le premier à reconnaître qu’un travail de rapprochement, de reconnexion, doit être entrepris auprès des amateurs de soccer.

J’aimerais dire que demain, le stade sera rempli, mais ça ne peut pas arriver d’un clic des doigts. Il faut se rapprocher de nos partisans qui ont été, je peux même utiliser le mot, offusqués par tous les changements qui ont eu lieu et par tout le roulement qui a eu lieu durant les dernières années. Il faut être capable de reconnecter. Ce serait utopique de dire qu’on va faire ça d’ici le lendemain.

Gabriel Gervais

« On veut que les fans viennent, on veut que les communautés soient connectées, on veut que les grandes entreprises québécoises voient en nous que le vent a changé, que la mission est comprise et que les gens veulent embarquer avec notre projet. »

Sur le terrain, le président veut voir une équipe compétitive, talentueuse et excitante.

« Ça, je le vois. On a ça. Il faut être plus constant et plus discipliné, faire attention aux détails et les bons résultats vont venir », estime Gervais.

Aucun changement n’a été plus marquant, ces dernières années, que celui entourant l’identité de l’équipe, en janvier 2021.

C’est évidemment un dossier sur lequel Gervais devra se pencher au cours des prochaines semaines et des prochains mois s’il veut, justement, créer ce rapprochement recherché.

« Il y a déjà une démarche qui a été entamée, même avant mon arrivée, avec l’identité du club en général. On voit dans la campagne de marketing certains éléments de notre histoire ressortir », a rappelé Gervais, reprenant les propos qu’il avait prononcés lors de sa rencontre avec les médias à la fin de mars.

« Ce sont des choses que le club a entendues. Le club est à l’écoute. On va continuer dans cette direction. Le logo est une grosse partie de notre identité, c’est sûr, mais il y a d’autres éléments aussi. On regarde au complet la marque de commerce. C’est une réflexion qui a été entamée et je prends ça en vol un petit peu », a ajouté Gervais, tout en précisant que l’organisation doit aussi travailler de concert avec la ligue sur cette question.

Pour faire tous ces pas vers l’avant, Gervais est d’avis qu’il doit rafraîchir la mission de l’organisation qui, rappelle-t-il, s’articule autour de trois grands thèmes.

La mission du club a toujours été la même depuis 1993. Ç’a été d’offrir à la communauté le plus haut calibre de soccer possible en Amérique du Nord, de développer le soccer au Québec et de venir en aide aussi aux personnes qui en ont le plus besoin.

Gabriel Gervais

« Aujourd’hui, on a le grand club qui est en MLS, dans la plus grande ligue en Amérique du Nord, qui est en pleine effervescence. Nous avons l’Académie, qui est un moteur pour développer le soccer chez les jeunes, et on a la Fondation de l’Impact de Montréal pour venir en aide aux gens qui en ont le plus besoin. Vous voyez que le club est resté fidèle à sa mission. Est-ce que tous les gens comprennent ça ? Quand je dis rafraîchir, c’est de le mettre en termes clairs et concis pour tout le monde.

« Je veux la réitérer. Je veux qu’elle soit bien comprise, pas seulement par les médias et nos partenaires, mais toutes les parties prenantes ainsi que nos gens à l’interne. »