Le processus a été long, la décision s’est fait attendre. Mais lundi matin, le CF Montréal a finalement annoncé son choix : Gabriel Gervais est le nouveau président et chef de la direction de l’équipe.

Il succède à Kevin Gilmore, qui avait démissionné en novembre dernier.

Gervais, ancienne vedette de l’Impact, entrera en fonction officiellement le 4 avril. Une conférence de presse en compagnie de Joey Saputo est prévue pour ce mardi, à 10 h 30.

La nomination de l’ancien défenseur montréalais, jusqu’à récemment associé au bureau montréalais de Deloitte, a été bien reçue dans le milieu du soccer de la métropole.

« Je ne peux pas voir un meilleur profil que ça », a répondu d’emblée Nick de Santis, figure marquante du ballon rond à Montréal, joint au téléphone. Ce dernier a d’ailleurs été son coéquipier ainsi que son entraîneur chez l’Impact.

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Nick de Santis

« C’est quelqu’un qui a fait partie du club, en tant que joueur, enchaîne de Santis. Il a toutes ces expériences dans les dernières années sur le plan de son travail avec Deloitte.

« Gabe, c’est un gars avec la culture du foot en lui. Il connaît le club. Il parle trois ou quatre langues. C’est une personne très humble, très respectueuse envers tout le monde. »

Nevio Pizzolitto, défenseur de l’Impact de 1995 à 2011, n’y est pas allé avec le dos de la main morte, comme le veut l’expression.

« C’est une grosse amélioration par rapport au dernier président, Kevin Gilmore », a-t-il lancé au bout du fil, quelques instants après avoir souligné sa satisfaction à propos de la nomination de Gervais.

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Nevio Pizzolitto

« C’est un Montréalais qui connaît beaucoup de monde ici, à Montréal, ajoute Pizzolitto. Sa présence donne beaucoup de confiance envers le club. »

C’est là la plus grande différence avec son prédécesseur, croit-il. Il raconte une anecdote pour le prouver.

« Je travaille des fois avec la MLS pour évaluer des matchs, relate Pizzolitto. Quand Kevin Gilmore passait à côté de moi, il ne me reconnaissait même pas. Ce sont des choses comme ça qui laissent un goût amer dans la bouche. »

« Gabriel, c’est un gars très sage, très respectueux, tout le monde l’aime. C’est un très, très bon gars. »

Ali Gerba, qui a joué avec l’Impact à trois reprises au cours de sa carrière, a noté un « calme » sur le terrain qui pourrait bien lui servir dans ses nouvelles fonctions.

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Ali Gerba (en bleu)

« J’ai toujours eu une très bonne entente avec lui parce que c’est quelqu’un de réfléchi, qui prend des décisions rationnelles. »

Patrick Leduc, directeur de l’Académie du CF Montréal, a noté sur Twitter être « très content de retrouver un ancien coéquipier et un bon ami ».

« Félicitations Gabe, tu es une personne extraordinaire avec de bonnes valeurs, ainsi qu’un excellent coéquipier », a pour sa part commenté Eduardo Sebrango.

« Nous sommes très fiers et enthousiastes de retrouver à nouveau Gabriel au sein de notre organisation, a déclaré Joey Saputo dans un communiqué. Figure marquante de l’histoire de l’équipe, il mettra à profit son expérience à la fois comme joueur et gestionnaire, ses qualités de leader mobilisateur ainsi que sa grande passion pour le soccer et le CF Montréal.

« Au cours du processus de sélection, nous avons rencontré plusieurs candidats extrêmement compétents et qualifiés, mais Gabriel s’est démarqué, entre autres, par sa profondeur, ses valeurs, son humilité et son esprit d’équipe, a ajouté le propriétaire. Il contribuera certes à poursuivre le développement de l’organisation et à construire le succès des années à venir. »

Du pain sur la planche

Gabriel Gervais aura beaucoup de travail à abattre dès son entrée en poste.

« Beaucoup de monde s’est détaché du club, estime Nick de Santis. Un de ses plus gros défis, ça va être ça. »

Nevio Pizzolitto abonde dans le même sens.

Il faut redonner confiance aux partisans. Si on regarde les dernières années, on voit une baisse de spectateurs et d’intérêt. […] Il faut retrouver un esprit de famille avec ce club.

Nevio Pizzolitto

Et une récrimination qui se retrouve au premier plan pour bon nombre de partisans, c’est l’abandon de l’ancienne identité de l’équipe.

Pizzolitto « aimerait bien le voir » retourner à l’Impact. « Mais ça, c’est une décision du haut du club. C’est dommage qu’ils aient perdu le nom. »

De Santis croit même que le fait que Gervais ait porté le maillot de l’Impact pourrait influencer une éventuelle décision à ce sujet.

« Ce que tout le monde se demande, incluant moi comme fan, c’est s’ils vont ramener le nom de l’Impact, indique-t-il. Je pense que c’est sur la table. Je ne sais pas ce que lui en pense, mais il a fait partie de l’Impact de Montréal. Déjà là, c’est sûr qu’il y a un attachement par rapport à ça. »

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Gabriel Gervais (en noir) a défendu les couleurs de l’Impact de 2002 à 2008, avec brio.

Selon Ali Gerba, « tout part de la vision du club ».

« On a beau vouloir implanter de nouvelles choses, de nouveaux logos, mais la vision, c’est le point de départ. Ça part de là, et après, on est capable de bâtir une identité. »

Puis il y a l’enjeu des Ultras. Ils ont été bannis de septembre 2021 jusqu’au début de cette saison. Ils disent toutefois ne pas vouloir revenir au stade Saputo tant et aussi longtemps que le nom « Impact » ne sera pas de retour.

« Ils font partie de l’équation, juge de Santis. […] Est-ce qu’il va être capable de les ramener au stade ? On a besoin de tout ça. »

Gervais a défendu les couleurs du club de 2002 à 2008, remportant le championnat de la première division USL en 2004. Il a aussi soulevé les trophées de la saison en 2005 et en 2006. Le nouveau président du CF Montréal a aussi participé à la conquête du championnat canadien en 2008.

Il a obtenu plusieurs honneurs au cours de sa carrière, dont trois titres de défenseur de l’année et celui du joueur le plus utile en 2004. Il a même été nommé joueur de la décennie de la première division de l’USL.

Gervais, 45 ans, est titulaire d’une maîtrise en ingénierie de l’Université de Syracuse, et il a obtenu une maîtrise en administration des affaires (MBA) de l’Université McGill. Il a entrepris son parcours professionnel chez Saputo inc. en 2003 et a rejoint Deloitte en 2009.