(Toronto) « Ça va faire du bien à tout le monde. C’est super motivant de regarder nos athlètes canadiens performer aussi bien que ça. »

La Presse s’est entretenue avec la ministre fédérale des Sports, Pascale St-Onge, en marge de la qualification de l’équipe masculine canadienne de soccer pour la Coupe du monde de 2022.

De sa loge du BMO Field à la mi-temps, la députée de Brome-Missisquoi se réjouissait de la victoire imminente de la sélection. Le Canada menait 2-0 à ce moment, et dominait la rencontre.

« J’espère vraiment que des évènements comme ceux-là, ça va ramener des jeunes dans l’activité physique. »

Parce que la pandémie a forcé bon nombre de jeunes à l’arrêt sur ce plan, dit-elle.

« Il y en a beaucoup qui ont arrêté de pratiquer de l’activité physique parce que c’était plus compliqué avec les règles sanitaires. »

Un phénomène qui a touché les filles en particulier.

« Ce qui m’inquiète, c’est que déjà, les filles et les jeunes femmes pratiquent moins de sport dans les milieux organisés que les hommes, que les garçons en général. Avec la pandémie, cet écart-là s’est accentué parce que tout le monde a été à l’arrêt pendant un certain temps. Et le nombre de jeunes filles qui ont dit qu’elles ne voulaient pas revenir dans l’activité physique, c’est vraiment préoccupant.

« Il y a du gros travail devant nous après cette pandémie. »

PHOTO YAN DOUBLET, ARCHIVES LE SOLEIL

Pascale St-Onge

Et parlant de femmes dans le sport, assise avec un journaliste dans un stade pour un match de soccer historique, un enjeu particulièrement de circonstance se devait d’être abordé.

Celui de l’absence de ligue professionnelle féminine de soccer au pays.

« Le gouvernement fédéral n’est pas impliqué dans le sport professionnel », répond Pascale St-Onge d’emblée lorsqu’interrogée sur le sujet.

« Mais, évidemment, il y a encore beaucoup d’iniquités dans le sport entre les hommes et les femmes. »

Elle note par la suite ses deux « plus grands souhaits ».

Elle voudrait que « le public reconnaisse le talent de nos femmes, que ce soit dans le soccer ou le hockey ou n’importe quel autre sport ».

Puis elle met le doigt sur le nerf de la guerre, soulignant le besoin « que le secteur privé s’implique dans le sport féminin ».

« Quand on regarde aux Jeux olympiques de Tokyo, l’évènement qui a eu le plus de cotes d’écoute au Canada, ç’a été la finale de l’équipe de soccer féminine. Aux Jeux de Pékin, ç’a été le match de hockey de l’équipe féminine.

« Il y a de la place, le public est intéressé par le sport féminin. Il faut que le secteur privé s’implique. »

L’enjeu du Qatar

La victoire du Canada ne faisait aucun doute : il s’en allait confirmer son billet pour le Qatar. C’est évidemment une bonne nouvelle, sportivement.

Mais sur le plan des droits de la personne, « c’est loin d’être un pays exemplaire », reconnaît la ministre.

Amnistie internationale a rapporté de nombreux cas d’abus de travail de migrants. L’homosexualité y est illégale. Il y a de sérieux enjeux sur le plan de la condition féminine.

« Tout le monde a été offusqué quand la FIFA a accordé la Coupe du monde au Qatar. Ce sont des enjeux dont on a discuté. »

Elle fait ensuite référence à l’invasion russe en Ukraine, qui a forcé « la communauté sportive à se poser des questions et à intervenir comme jamais auparavant ».

On a toujours dit qu’il fallait séparer le sport et la politique. Je suis assez en faveur de ça. Mais il y a des moments où tout le monde doit se lever, y compris la communauté sportive.

Pascale St-Onge

Le Canada ne s’était pas qualifié pour la Coupe du monde depuis 36 ans. Il n’y a donc pas de précédent récent auquel se référer à savoir si le pays enverrait des diplomates au Qatar, comme il le fait habituellement pour les Jeux olympiques. Pékin, en 2022, a été l’exception à la règle.

Lors de la cérémonie d’ouverture de la Coupe du monde de 2018, en Russie, Vladimir Poutine, le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, et le prince héritier de l’Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, étaient présents, notamment.

La question se pose, selon la ministre.

« Je trouve ça important que des pays qui partagent nos valeurs s’impliquent dans le sport international et veuillent recevoir ces compétitions-là. Ça nous évite de nous retrouver dans des pays avec lesquels on n’est pas à l’aise. »