La Montréalaise Rhian Wilkinson occupe depuis plus d’un mois l’un des postes les plus prestigieux du soccer féminin mondial : celui d’entraîneuse-chef des Thorns de Portland, l’équipe la plus titrée de la NWSL.

Et l’ancienne joueuse de l’équipe canadienne travaille déjà, même si le circuit n’entame ses activités que le 1er février prochain. C’est que ses athlètes ont visiblement les fourmis dans les jambes.

« Il y a déjà 12 joueuses sur le terrain », a-t-elle souligné en français, lors d’une entrevue en Zoom avec La Presse, la semaine dernière.

« Ce sont elles qui veulent s’entraîner, il n’y a rien de mandaté. […] La majorité des athlètes veulent être ici. La semaine prochaine, elles vont être 16 joueuses. »

À Portland, Wilkinson remplace Mark Parsons, technicien qui a mené les Thorns à six trophées en six ans, dont trois en 2021. L’équipe de Portland avait aussi remporté le premier championnat de l’histoire de la ligue, en 2013.

Consciente que ce poste vient avec beaucoup de pression, elle se réjouit néanmoins que la culture établie par Parsons ressemble à celle qu’elle veut instaurer.

« Mark avait plusieurs des mêmes idées que moi, relate-t-elle. […] Plusieurs membres de son staff sont encore ici. Je suis très chanceuse de travailler avec un personnel qui a gagné.

« Ma philosophie est un peu différente, concède Wilkinson. Ça va prendre un peu de temps pour que les athlètes comprennent ce que je veux d’elles. »

Entraîner Christine Sinclair

Wilkinson a remporté deux médailles de bronze en trois participations aux Jeux olympiques, pris part à quatre Coupes du monde féminines de la FIFA, et a joué 181 matchs sous les couleurs du Canada.

Une expérience qui ne l’empêche pas de préciser en souriant que « le soccer est un jeu simple ». En tant qu’entraîneuse, elle souhaite que ses joueuses sentent qu’elles peuvent s’épanouir sur le terrain.

« J’aime quand le jeu donne l’occasion à chaque joueuse d’exprimer ce qu’elles font à leur meilleur. Toutes les attaquantes ne jouent pas comme Christine Sinclair ou Sophia Smith. Chaque joueuse est unique. Je veux tout mettre ça sur le terrain et donner une expérience aux fans ici. »

Ce n’est pas un hasard si Wilkinson mentionne Sinclair, la plus grande buteuse de tous les temps, soccer masculin et féminin confondus. L’attaquante canadienne aux 188 buts à l’international est la capitaine des Thorns depuis la fondation du club, en 2013.

Comment approche-t-on une telle légende à l’entraînement ?

« Les joueuses comme elle ont besoin d’entraîneurs », estime Wilkinson, qui rappelle l’avoir déjà entraînée lorsqu’elle était l’adjointe de Bev Priestman avec la sélection canadienne.

C’est très important de ne pas oublier que les athlètes que l’on considère comme des étoiles ont cette longévité dans leur carrière parce qu’ils veulent toujours s’améliorer.

Rhian Wilkinson

Elle mentionne aussi les noms de Becky Sauerbrunn et de Meghan Klingenberg, deux autres joueuses aux CV bien remplis.

« Une des raisons pour lesquelles j’ai peut-être été embauchée, c’est parce que je les mets dans la même catégorie que le reste du monde. Elles doivent travailler sur leur technique. Elles doivent travailler sur les facettes de leur jeu où elles doivent s’améliorer. Elles veulent pousser encore plus leur niveau. »

Mais elle nuance aussi son propos, parce qu’il y a quand même l’expérience qui entre en jeu.

« On a une fille de 16 ans dans l’équipe, illustre-t-elle. Elle doit s’entraîner un peu différemment. Ce n’est pas toujours le même niveau, mais toutes les joueuses veulent la même chose : s’améliorer. Elles veulent une occasion et sentir qu’on les remarque. »

Du leadership canadien

Un duo canadien se trouve aujourd’hui à la tête du club : sa compatriote et amie Karina LeBlanc a été embauchée au début de novembre à titre de directrice générale des Thorns. Elle remplace Gavin Wilkinson (aucun lien de parenté avec Rhian), placé en congé administratif après que des allégations de harcèlement sexuel à son égard ont fait surface.

PHOTO ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Karina LeBlanc

LeBlanc, une gardienne, a joué pour le Canada de 1998 à 2015, accumulant 110 apparitions avec l’unifolié. Elle a aussi joué avec les Thorns en 2013, puis pour les Red Stars de Chicago, avant de prendre sa retraite en 2015.

Wilkinson a quant à elle disputé 181 matchs avec le Canada, de 2003 à 2017. Les anciennes joueuses maintenant établies à Portland se connaissent bien.

« Parce qu’elle est une amie, ça veut dire qu’on peut avoir des discussions qui sont très difficiles », estime-t-elle.

« Les discussions entre un entraîneur et un directeur général ne doivent jamais être faciles, continue Wilkinson. Moi, je veux garder chaque joueuse, et elle a des objectifs financiers. Ça nous donne la chance de nous parler de façon directe. »

Lisez la première partie de l’entrevue avec Rhian Wilkinson