Lors de l’annonce de sa retraite, fin 2012, il avait été évoqué que Greg Sutton était très apprécié dans le vestiaire. Pour son humour, entre autres. Qu’il était un funny guy.

« Dans toutes les équipes pour lesquelles j’ai joué, j’ai toujours tenté d’être respecté par le groupe, d’être un leader à ma façon. Et quand on veut être ce type de personne, il faut alléger les choses parfois. Contribuer à ce que les gars continuent d’avoir du plaisir dans ce qu’ils font, tout en étant sérieux quand c’est l’heure de jouer, fait valoir Sutton. Être le joker de service faisait partie de ça, surtout avec les plus jeunes. »

Des exemples ? Il raconte en riant qu’il lui arrivait de couper des jeans de moitié.

« En voulant les mettre, ils réalisaient qu’ils n’avaient plus des jeans, mais des shorts. »

Ou encore, il remplissait d’eau les chaussures d’un coéquipier et les mettait au congélateur.

« Ça n’arrêtait jamais ! C’est ce qui me manque le plus, dit-il. Cet aspect des relations entre les joueurs, à quel point nous avions du plaisir ensemble. »

Le grand gardien originaire de Hamilton a disputé six saisons avec l’Impact, de 2001 à 2006, avant de prendre part aux débuts du Toronto FC en MLS en 2007, où il jouera trois ans.

Après un court passage avec les Red Bulls de New York, il est prêté à Montréal en 2011 pour la deuxième moitié de l’ultime saison du club en NASL. Sutton demeurera avec l’Impact pour la suivante — sa dernière —, alors que l’équipe accède à son tour à la MLS. Un saut qu’il a donc vécu à deux reprises.

La rivalité Montréal-Toronto, il l’a expérimentée de l’intérieur, et des deux côtés de la clôture.

Une inimitié dont l’intensité varie selon le contexte, fait-il remarquer, mais qui ne s’évaporera sans doute jamais.

Il y a quelque chose entre Montréal et Toronto, dans tous les sports, en fait. Cette rivalité existera toujours.

Greg Sutton

Et ces matchs ne sont pas qu’excitants pour les fans. Les joueurs les adorent aussi.

Cela dit, impossible de ne pas demander à un Ontarien qui vit à Montréal, qui a joué à la fois pour le TFC et l’Impact, laquelle des deux organisations il chérit le plus. Pour la forme.

« Je pense qu’ils ont une place égale dans mon cœur, assure-t-il, tel un politicien. C’est un bon mélange. »

Parce que, d’une part, Montréal l’a propulsé, lui a donné l’occasion de connaître du succès, lui qui avait très peu joué avec le Fire de Chicago, en MLS, précédemment.

D’autre part, contribuer aux débuts de Toronto en MLS a aussi été très spécial.

« Mais je suis à Montréal, j’aime cette ville et la façon dont le sport fonctionne ici. L’une des raisons, c’est que les fans sont très passionnés et éduqués, et j’aime ça. Le soutien que je ressens encore, même près de 10 ans après avoir pris ma retraite, c’est vraiment agréable », souligne Greg Sutton.

Pendant ses saisons à Toronto, il ne savait trop s’il retournerait vivre au Québec au terme de sa carrière, bien que sa femme soit native d’ici et que le couple ne s’était pas départi de sa résidence dans la région métropolitaine.

« Puis, il y a eu cette occasion pour moi de retourner jouer une saison à Montréal et elle était trop belle pour la laisser passer. Comme si c’était le destin ou Dieu qui signifiait que le moment était venu de rentrer à la maison, à Montréal. »

Le plaisir d’enseigner

À peine deux mois après son dernier match, Greg Sutton prenait les rênes des Stingers de Concordia. Il y est toujours.

En 2019-2020, son club s’est frayé un chemin en séries éliminatoires pour la première fois, terminant quatrième parmi les sept universités québécoises du championnat en saison.

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Greg Sutton dirige les équipes de soccer de l’Université Concordia.

« C’est une occasion de faire partager mes connaissances, ce que j’ai traversé comme jeune joueur, puis aux niveaux universitaire et professionnel, les valeurs et les outils qu’il faut avoir pour progresser, indique-t-il. L’une des choses que j’aime du niveau universitaire, c’est que les joueurs sont très engagés. C’est un âge agréable et gratifiant à entraîner. »

Quant à l’équipe féminine, avec qui il ne travaille que depuis quelques années, il sent une certaine progression. Mais c’est un travail de longue haleine.

« On commence à en voir les fruits », dit-il.

Avec un tel curriculum vitae, il ne serait pas surprenant de voir Sutton renouer avec les pros comme entraîneur. Mais si cela se produit, ce ne sera pas bientôt.

« Le niveau professionnel est un animal différent, observe-t-il. Ça demande beaucoup plus d’engagement, de temps loin de la famille. En ce moment, je ne suis pas sûr que je serais prêt à le faire avec de jeunes enfants [ils ont 12 et 7 ans]. On ne sait jamais où le chemin nous mènera, mais je retire beaucoup de satisfaction d’où je suis maintenant. »

De l’intérêt pour le CF Montréal

L’ex-gardien a terminé sa carrière en MLS avec 14 victoires, 24 défaites, 15 verdicts nuls et 11 jeux blancs en 53 matchs, dont 50 départs. Il a été nommé gardien de l’année en NASL durant quatre saisons consécutives, de 2003 à 2006.

Il a également été appelé 16 fois en sélection avec l’équipe nationale canadienne.

En 2019, Greg Sutton est devenu le troisième joueur de l’organisation montréalaise immortalisé à son Mur de la renommée du stade Saputo, après Nevio Pizzolitto et Gabriel Gervais.

Aujourd’hui âgé de 44 ans, il s’intéresse toujours grandement au soccer professionnel. Et, à l’évidence, au CF Montréal.

Il connaît Wilfried Nancy, contre qui il a dirigé son équipe universitaire alors que le coach du CFM entraînait à l’Académie de l’Impact.

Sutton résume en ces mots ce qu’il voit du début de saison de son ancienne organisation.

« C’est un départ extraordinaire pour eux, très prometteur, lance-t-il d’abord. Je pense que cette équipe a une très bonne fondation, de très bons jeunes joueurs et qu’ils ne peuvent que s’améliorer. Ne serait-ce que parce qu’ils se connaîtront de mieux en mieux. »