De retour à la maison après six semaines et demie en France, l’arbitre québécoise Marie-Soleil Beaudoin s’est dite extrêmement satisfaite de sa Coupe du monde féminine de soccer, où elle a dirigé quatre matchs.

« Quand on va dans les tournois de la FIFA, on sait que l’on va avoir un match et que c’est ensuite basé sur les performances. Quatre matchs à ma première présence chez les seniors, je ne m’y attendais pas », précise-t-elle.

Il y a le nombre de rencontres, mais surtout la qualité des affiches qui lui ont été proposées. En phase de groupes, elle a arbitré les matchs Allemagne-Chine, puis Corée du Sud-Norvège. Elle a surtout fait partie des 11 arbitres – sur les 27 au départ – retenues à partir des huitièmes de finale. Elle a alors arbitré le choc entre la France et le Brésil au Havre. Le match lui restera en tête pour « son beau spectacle ».

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Marie-Soleil Beaudoin en pleine discussion avec la Brésilienne Thaisa

« On travaille toute une vie pour vivre ce genre d’émotions, c’est-à-dire arbitrer le pays hôte, émerger du tunnel et entendre tout le stade entonner La Marseillaise. Malgré la pression en début de match, j’ai essayé de profiter de cette expérience, du moins jusqu’au coup de départ. Après, ce sont les maillots blancs contre les jaunes. »

Elle a ensuite été retenue pour la seconde demi-finale entre les Pays-Bas et la Suède. Le match ne restera pas dans la mémoire collective comme un grand spectacle, mais le cadre, lui, est inoubliable. Celle qui vit à Halifax était au centre d’un stade – le Parc Olympique lyonnais – accueillant 48 452 spectateurs.

« Ce n’est pas possible de se préparer pour un match de cette envergure-là quand on arbitre au Canada. Ce n’est pas notre réalité ici, mais, encore une fois, on essaie de s’assurer que ce sont les joueuses qui vont décider de l’équipe gagnante. On aime quand le match est juste, joué avec passion et avec beaucoup de prouesses techniques », énumère-t-elle.

Des journées occupées

Que fait un arbitre entre deux matchs de Coupe du monde ? La récupération est évidemment nécessaire puisque Marie-Soleil Beaudoin et ses consœurs peuvent parcourir jusqu’à 12 km par match.

En général, elle prenait le chemin des terrains dès 9 h pour des entraînements physiques et techniques. Le reste de la journée était consacré à des réunions et à des visionnements jusqu’à la fin des matchs.

PHOTO LIONEL BONAVENTURE, AGENCE FRANCE-PRESSE

L’arbitre Marie-Soleil Beaudoin (à droite) décerne un tir de pénalité à l’équipe de la Norvège lors d’un match de la phase de groupes contre la Corée du Sud, disputé à Reims, dans l’est de la France.

« On débreffait ou on regardait les matchs qui avaient lieu dans les derniers jours. L’arbitrage est basé sur la constance, non seulement dans un même match, mais aussi durant l’ensemble du tournoi, dit-elle. Regarder et analyser les décisions qui ont été prises sur le terrain, même quand on n’est pas directement impliqué, ça fait partie de notre travail. »

Aucun sujet n’a fait autant couler d’encre que l’assistance vidéo durant ce tournoi. Certains ont regretté qu’il ait été peu testé dans les championnats féminins, alors que d’autres ont pointé le manque de constance dans son utilisation.

« C’est une adaptation pour tout le monde : les arbitres, les joueuses, les entraîneurs et le public. Du point de vue de l’arbitrage, c’est un bon parachute. On espère ne pas en avoir besoin, mais on reste des humains. De temps en temps, il se peut que l’on soit malchanceux ou que notre vue soit bloquée par une joueuse », explique Marie-Soleil Beaudoin.

Le pire sentiment, c’est d’avoir fait une erreur qui va influencer le résultat du match. Avec l’assistance vidéo, on sait que des collègues peuvent rectifier une grave erreur.

Marie-Soleil Beaudoin

Marie-Soleil Beaudoin prendra maintenant quelques semaines de vacances après un mois et demi particulièrement usant physiquement et mentalement. « J’ai pensé, rêvé et mangé du [soccer] pendant six semaines et demie. »

Elle sera de retour sur les terrains, notamment ceux de la Première Ligue canadienne, au mois d’août. Et la suite ? Elle espère participer aux qualifications pour les Jeux olympiques, puis aux Jeux olympiques de 2020 à Tokyo. Dans quatre ans, lors de la prochaine phase finale de la Coupe du monde, elle aura 40 ans.

« Avoir bien performé en 2019 ne me garantit pas une place dans quatre ans. Il y a vraiment un processus qui va recommencer l’année prochaine avec la FIFA. En tant qu’arbitre, on dit souvent qu’on vaut ce que vaut son dernier match. »