C'est un nouveau stade pour Neymar, mais judiciaire: la superstar brésilienne est convoquée devant un juge d'instruction le 2 février en vue de sa mise en examen pour «escroquerie» et «corruption» dans le cadre de son transfert controversé de Santos au FC Barcelone à l'été 2013.

Lundi, l'attaquant de 23 ans était désigné troisième meilleur joueur du monde en 2015, derrière les intouchables Lionel Messi et Cristiano Ronaldo, lors de la cérémonie du Ballon d'Or. Mercredi, la récompense a laissé place à la menace, le Ballon de Bronze à l'épée de Damoclès.

Si le transfert de Neymar est une réussite sportive, il n'en finit plus de jeter le trouble chez le joueur et le club, un scandale qui a éclaté en janvier 2014 et poussé le président du Barça d'alors, Sandro Rosell, à la démission.

L'Audience nationale, juridiction espagnole spécialisée notamment dans les grandes affaires financières, a suivi mercredi les réquisitions du parquet et convoqué pour début février Neymar et neuf autres personnes, dont ses parents (Neymar da Silva Santos Senior et Nadine Gonçalves da Silva Santos), les deux derniers présidents du Barça (Rosell et Josep Maria Bartomeu) et deux anciens dirigeants de Santos (Luis Alvaro de Oliveira et Odilio Rodriguez Filho).

Cela fait suite à une plainte déposée par la société brésilienne DIS, propriétaire de 40% des droits du joueur et qui s'estime lésée, le montant réel du transfert lui ayant, selon elle, été occulté.

Fraude fiscale

Dans un premier temps, le Barça l'avait chiffré à 57,1 millions d'euros mais la justice a ensuite déterminé qu'il avait en fait atteint 83,3 millions d'euros.

Mais un autre volet porte sur le manque à gagner pour DIS, qui avait reçu 6,8 millions d'euros sur les 17,1 millions versés à Santos.

DIS affirme d'une part avoir été victime de «corruption entre particuliers» car le Barça et Neymar auraient passé un accord d'exclusivité empêchant d'autres clubs de tenter d'acquérir ses droits, portant ainsi atteinte aux règles de la libre concurrence et au montant que la société brésilienne aurait pu obtenir.

D'autre part, DIS a reçu une somme inférieure à celle à laquelle elle aurait eu droit si le montant du transfert avait été officiellement de quelque 83 millions d'euros.

Neymar est également dans la tourmente au Brésil, où la justice a gelé une partie de ses actifs (47,3 millions de dollars) pour fraude fiscale présumée entre 2011 et 2013 en lien avec son transfert. La justice brésilienne soupçonne le capitaine de la Seleçao de ne pas avoir déclaré au Trésor public un paiement de 10 millions d'euros fait par le Barça pour avoir des «droits préférentiels» dans l'achat du joueur.

Prison requise pour deux présidents

Le club catalan aussi est dans la tourmente: il sera jugé pour une fraude fiscale de 12,7 millions d'euros résultant de l'occultation d'une partie de l'opération de transfert. Rosell et Bartomeu encourent des peines de prison, respectivement six ans et neuf mois, et deux ans et trois mois. Il est réclamé 22,2 millions d'euros au Barça, qui a en déjà versé 13,5 en 2014.

Santos aussi a engagé des poursuites contre le club espagnol et les Neymar père et fils en mai dernier, devant la FIFA.

Pour l'heure, l'ailier gauche n'a nullement été perturbé sur le terrain par ses ennuis judiciaires. Sa comparution devant le juge se produira trois jours après un choc face à l'Atletico Madrid en Championnat d'Espagne.

Mais toutes ces tribulations extra-sportives risquent de peser sur les négociations pour une prolongation de son contrat, qui s'achève en 2018, à propos d'un joueur considéré comme le successeur naturel de Messi.

«Comment pouvons-nous prolonger quoi que ce soit sans stabilité fiscale?», a ainsi relevé Neymar Senior en octobre dans le quotidien catalan Sport. Interrogé fin décembre sur son avenir à Barcelone, le fils prodige est resté vague: «Je ne sais pas, la vie est très longue».