En cette ère où les jeunes hockeyeurs se distinguent de plus en plus tôt dans la LNH, il apparaît intéressant de revenir sur le repêchage de 2016 et son impact sur l'équilibre des forces.

Les Maple Leafs de Toronto, les Jets de Winnipeg et les Blue Jackets de Columbus figurent parmi les six ou sept candidats pour remporter la Coupe Stanley ce printemps.

En 2016, pourtant, ces clubs ont repêché parmi les premiers après avoir connu une saison désastreuse. L'entrée en scène de leurs choix au repêchage a contribué à redresser la barre rapidement.

Les Maple Leafs ont eu la chance de remporter la loterie et repêché Auston Matthews. Ils n'ont pas raté les séries en deux ans depuis son arrivée. 

À Winnipeg, le DG Kevin Cheveldayoff a bâti son équipe brique par brique. Mais les Jets ont pris leur envol après l'acquisition de Patrik Laine, deuxième choix au total. Laine a été le meilleur buteur du club à ses deux premières saisons même s'il n'avait pas encore 20 ans.

Columbus détenait le troisième choix au total. Les Blue Jackets et leur direction finlandaise ont surpris en boudant leur compatriote Jesse Puljujarvi au profit du Québécois Pierre-Luc Dubois. Celui-ci est devenu le centre numéro un de l'équipe un an après avoir été repêché et a comblé ainsi une lacune énorme au sein de cette équipe.

Les Oilers détenaient le quatrième choix et ils se sont rabattus sur Puljujarvi. Jarmo Kekalainen et son responsable du recrutement Ville Siren devaient détenir des informations privilégiées sur ce jeune homme pourtant si brillant dans les rangs juniors.

Puljujarvi peinait toujours à mériter un poste sur un trio offensif l'an dernier et les Oilers, contrairement aux trois équipes mentionnées ci-haut, en ont arraché la saison dernière. Edmonton semble se replacer actuellement, mais pas Puljujarvi, qui a été rayé de la formation lors de la dernière rencontre. Il a un but en sept matchs.

Au cinquième rang, les Canucks croyaient avoir mis la main sur le meilleur défenseur disponible. Or, Olli Juolevi a déçu à ses trois premiers camps d'entraînement à Vancouver. Il joue dans la Ligue américaine cette saison et les Canucks commencent tranquillement à émerger après des années de misères grâce à un choix plus judicieux, le centre Elias Pettersson, encore brillant hier.

Le sixième choix, Matthew Tkachuk, entre dans une autre catégorie. Solide ailier, presque 50 points à ses deux premières saisons dans la Ligue nationale, il n'entre pas dans la catégorie des Matthews ou Laine. Les Flames ont participé aux séries à sa première année, les ont ratées à sa deuxième. Un solide gardien aurait peut-être changé la donne.

Les Coyotes de l'Arizona constituent sans doute l'anomalie de ce repêchage. Ils ont non seulement frappé un coup de circuit avec Clayton Keller au septième rang (65 points en 82 matchs à sa première année la saison dernière), mais aussi avec le défenseur Jakob Chychrun au 16e rang.

Malgré tout, les Coyotes n'ont jamais décollé. Ils n'avaient pas encore la base d'espoirs des Maple Leafs, des Blue Jackets et des Jets qui, en 2015, repêchaient respectivement Mitch Marner, le défenseur Zack Werenski et Kyle Connor, tandis que l'Arizona optait pour Dylan Strome au troisième rang.

Statistiques cette saison

Marner: 12 matchs, 4 buts, 16 points

Connor: 12 matchs, 6 buts, 11 points

Werenski: 10 matchs, 2 buts, 8 points

Strome: 9 matchs, 2 buts, 2 points

Les Sabres de Buffalo détenaient le huitième choix. Malgré leurs besoins en défense, ils ont opté pour Alex Nylander devant Mikhail Sergachev et Charlie McAvoy. Nylander a disputé sept matchs en deux ans dans la LNH. Il connaît un bon départ dans la Ligue américaine, mais sa lente progression a fait en sorte que les Sabres ont tourné en rond depuis deux ans. Tout pourrait changer désormais avec l'arrivée de Rasmus Dahlin, premier choix au total en 2018.

D'ailleurs les Bruins, qu'on disait en processus de réinitialisation il y a deux ans, ont accéléré leur retour vers le sommet en repêchant McAvoy au 14e rang. Le jeune homme est vite devenu leur meilleur défenseur à droite, et le plus utilisé après Zdeno Chara depuis deux ans.

Le cas du Canadien demeure intéressant. L'équipe a fait un bon choix avec Mikhail Sergachev. Le jeune homme a servi d'appât pour obtenir Jonathan Drouin l'an dernier. Drouin, 23 ans, est au coeur du plan de relance de l'équipe. Le CH a aussi mis la main sur Victor Mete en quatrième ronde.

Tous ne se développent pas au même rythme, surtout dans le cas de joueurs repêchés après les dix premiers. Leur impact se fera sentir à moyen et long terme. Surveillez bien le jeune défenseur Dennis Cholowski, repêché au 20e rang par les Red Wings. Il a déjà six points à ses dix premiers matchs et joue en moyenne presque 22 minutes par rencontre. 

À Chicago, Alex DeBrincat est déjà un attaquant de premier plan. Il a obtenu 52 points l'an dernier et en a amassé 14 à ses 12 premiers matchs cette saison. Les Blackhawks n'avait pas de choix de première ronde cette année-là (gaspillé pour obtenir Andrew Ladd), mais ils ont pu repêcher DeBrincat grâce à l'un des deux choix de deuxième ronde offert par le Canadien pour Andrew Shaw.

Marc Bergevin ne ferait sans doute plus jamais ce type d'échange aujourd'hui. Au moins, il a fait le même coup à d'autres clubs depuis.

Il peut se consoler à l'idée que ces mêmes Hawks lui ont donné Philip Danault et un choix de deuxième ronde (qui a permis de repêcher le défenseur Alexander Romanov) pour Dale Weise et Tomas Fleischmann. Jacob Olofsson, repêché grâce à un choix de deuxième ronde de 2018 offert par les Leafs pour Tomas Plekanec, pourrait aussi rapporter des dividendes. Il a six points en dix matchs depuis le début de la saison à Timra, en Suède.

Dans deux ans, il faudra d'ailleurs sans doute parler de l'impact du repêchage de 2018. Les Sabres de Buffalo (Dahlin), les Hurricanes de la Caroline (Svechnikov) et le Canadien (Kotkaniemi) deviendront-ils des puissances de la LNH? Il ne faut pas écarter cette possibilité.