Ariane Fortin aura rêvé jusqu'à la fin de se rendre aux Jeux olympiques. Mais après avoir été laissée de côté par le Canada, après avoir cherché pendant des mois un autre pays à représenter, la double championne du monde de boxe a finalement décidé de jeter l'éponge.

«C'est dur, mais on est rendus au point où c'est certain que ça ne marchera pas, explique la Montréalaise, qui est sans aucun doute la meilleure boxeuse du Québec. Je suis déçue. On a essayé tout ce qu'on pouvait, mais c'est la vie. Je n'irai pas à Londres.»

L'athlète de 27 ans avait même trouvé un pays prêt à lui offrir la nationalité. Pendant un moment, elle a cru qu'elle pourrait se rendre à Londres sous le drapeau du Liban. Mais l'Association internationale de boxe amateur (AIBA) a refusé que Fortin représente un autre pays que le sien pour les Jeux.

Les problèmes d'Ariane Fortin ont commencé lorsque les autorités olympiques ont annoncé qu'il n'y aurait que trois catégories de poids chez les femmes à Londres, où la boxe féminine sera à l'affiche pour la première fois.

Championne du monde en 2006 et en 2008 chez les 69 kg, Fortin a dû monter chez les 75 kg. La championne en titre dans cette catégorie est l'Ontarienne Mary Spencer. Seulement une des deux avait la chance de représenter le pays à Londres.

Les deux boxeuses se sont livré plusieurs combats serrés et partagés. Mais Spencer a remporté l'affrontement ultime par décision, aux championnats canadiens en janvier dernier. Le clan d'Ariane Fortin a eu beau crier au vol, Spencer a obtenu la chance de représenter le pays dans la catégorie des 75 kg.

Le Canada, c'est fini

La Québécoise est sortie aigrie de l'expérience. Elle est convaincue que Boxe Canada favorisait sa rivale et ne veut plus rien savoir de boxer pour son pays. Elle a d'ailleurs demandé d'être libérée par l'équipe et affirme qu'elle n'en fait déjà plus partie.

«Ça fait trois ans qu'on bat [Mary Spencer] et que ce n'est pas assez. J'ai fait ce que j'ai pu, maintenant on passe à autre chose, dit-elle. Je suis tannée de me battre contre les juges.»

Ariane Fortin devra maintenant décider de son avenir. Elle espère pouvoir continuer la compétition, peut-être pour le Liban. «Il faudra voir s'ils seront prêts à m'aider financièrement à aller aux compétitions», dit-elle.

Elle devra aussi obtenir l'autorisation de l'AIBA. Car l'interdiction de revêtir les couleurs d'un autre pays doit s'appliquer pendant deux ans encore, à moins de négocier une exception.

Fortin va tout faire pour continuer à boxer. «Arrêter la compétition, c'est la dernière option», note-t-elle.