Avec le recul, Audrey Lacroix pense qu'elle n'aurait pas été si déçue si on lui avait indiqué qu'elle ne nagerait pas le 200 mètres papillon aux Jeux olympiques de Pékin. Rongée par l'anxiété, grippée, elle avait finalement été éliminée en demi-finale sans livrer de vraie bataille.

«Je me souviens d'avoir dit: je me sens vraiment pas bien. Je voulais retourner à la maison et on n'était même pas encore au village des athlètes», a raconté Lacroix à son arrivée à Londres, la semaine dernière.

Quatre ans plus tard, les choses ont bien changé pour Lacroix. La nageuse de 28 ans est impatiente de s'élancer pour les séries du 200 m papillon, mardi matin (à partir de 5h23 HNE), aux JO de Londres. Elle nagera dans le couloir 2, dans la deuxième vague. Après sa déception de samedi au 100 m papillon, Katerine Savard sera dans le 7, dans le quatrième et dernier départ.

Lacroix revient de loin. Après un épisode particulièrement éprouvant aux Mondiaux de Shanghai, l'été dernier, elle a appris à gérer ces vagues d'anxiété qui l'étouffaient à l'approche des grands événements. Visualisation, méditation, elle est aussi sortie de sa tendance à s'isoler du reste de l'équipe. «Il y avait un peu d'incompréhension par rapport à ce que je ressentais. C'était vu comme si je surréagissais.»

Elle se concentre aussi sur ce qu'elle a à accomplir et a arrêté d'angoisser en parcourant les palmarès mondiaux. «Ça a été vraiment rapide cette année, a-t-elle noté. Plusieurs ont fait 2:04. Pas que ça ne me dérange pas. Ça m'intéresse, mais ça ne me stresse pas plus.»

Lacroix se considère simplement chanceuse d'être qualifiée pour ses deuxièmes Jeux olympiques. La prise en charge de son problème d'anxiété et des changements techniques dans son style ont considérablement ralenti sa préparation. Elle craignait de ne pas être prête pour les sélections du début d'avril. «Une chance que les essais n'étaient pas deux semaines avant parce que je n'aurais peut-être pas fait l'équipe. On était vraiment à court dans le temps.»

Depuis sa victoire aux sélections, Lacroix a senti un déblocage. À la fin d'un camp en Sardaigne, la semaine dernière, elle a réalisé un chrono encourageant dans le cadre d'une simulation de course: 2:08,6. Il s'agit d'un temps similaire à ce qu'elle fait en demi-finale des Mondiaux, où elle a fini 12e. «C'est sûr que dans ces conditions, tu ne peux pas te pousser autant qu'en compétition. Mais je me sentais vraiment bien.»

Son entraîneur, Benoit Lebrun, croit sa nageuse en mesure de causer une surprise. Cinquième aux Mondiaux de Melbourne, en 2007, septième à Rome, en 2009, Lacroix songe simplement à se «faufiler» jusqu'en demi-finale mardi. La finale de mercredi soir est son «but ultime».

«Je me suis entraînée toute l'année pour ça, a souligné la détentrice du record canadien. Je n'ai pas eu d'autre chance de me faire valoir. J'ai vraiment hâte de nager.»