La rameuse Andréanne Morin peut quitter son sport l'âme en paix: elle l'a enfin sa médaille olympique. Le huit de pointe féminin canadien a remporté la médaille d'argent aux Jeux de Londres, jeudi, dans le bassin d'Eton-Dorney.

Les Canadiennes ont lutté avec les Néerlandaises pour l'obtention de la deuxième place pendant la majeure partie des 2000 mètres de l'épreuve, les Américaines faisant cavalières seules.

Les Américaines l'ont emporté en six minutes 10,59 secondes, devant une foule d'environ 30 000 personnes. Les Canadiennes ont été chronométrées en 6:12,06. Les Néerlandaises ont suivi en 6:13,12.

Mercredi, le huit masculin canadien avait également gagné une médaille d'argent.

Chef de nage de l'équipage, celle qui donne le rythme à ses coéquipières face à la barreuse, Morin peut faire la paix avec elle-même, après l'amère quatrième place du huit féminin en 2008.

Les Néerlandaises et les Roumaines avaient chipé une médaille aux Canadiennes dans les 100 derniers mètres de la course olympique de Pékin. Elle est revenue en 2010, animée d'une attitude revancharde.

L'athlète originaire de Westmount a aussi fait partie de l'équipage qui a pris le septième rang, aux Jeux d'Athènes en 2004.

«Oui, je l'ai ma médaille, ça fait du bien», a-t-elle lancé, encore à bout de souffle dans l'aire d'entrevue.

Après la cérémonie des médailles, Morin a confié que le douloureux souvenir de 2008 est revenu la hanter dans les 500 derniers mètres de la course, au moment où les représentantes des Pays-Bas tentaient de doubler les Canadiennes.

«Je me suis dit: "cette fois-ci, ça ne se passera pas comme ça", a-t-elle relaté. J'ai eu une pensée pour mes anciennes coéquipières de 2008. Je me suis dit que pour elles, je devais me défoncer parce que je ne voulais pas qu'elles nous refassent le coup.»

Morin est la seule québécoise de l'équipage de la barreuse torontoise Lesley Thompson-Willie. Les autres membres sont Janine Hanson, de Winnipeg, Rachelle Viinberg, de Regina, Krista Guloien, de Port Moody, en Colombie-Britannique, Lauren Wilkinson, de Burnaby Lake, et Darcy Marquardt, de Richmond, toutes deux aussi de la C.-B., ainsi que les Torontoises Nathalie Mastracci et Ashley Brzozowicz.

Américaines imprenables

Les Canadiennes avaient dans leur mire de mettre fin à la domination des Américaines, qui sont invincibles sur la scène internationale depuis 2006. Ce printemps, elles les avaient chauffées à la Coupe du monde de Lucerne, en Suisse.

Mais jeudi les Américaines étaient trop fortes. Elles ont connu un départ-canon et n'ont jamais regardé derrière. Morin ne pouvait pas identifier ce qui a fait la différence.

«Je ne sais pas ce que les Américaines ont fait dans leur bateau, mais moi je sais ce que j'ai fait dans le mien et je suis très satisfaite», a-t-elle commenté.

«Le plan était de nous concentrer sur notre propre performance. Nous avons fait une très belle course. Avant le départ, on s'est dit: «allez, on y va, pas de regret, on se défonce'. C'est ce que nous avons fait, et nous sommes très contentes.

«Après 1000 mètres, Lesley (la barreuse) nous a dit croyez en vous-mêmes, croyez que vous êtes capables. Nous avons augmenté le rythme aussitôt et nous avons décollé. Nous n'avons pas eu un moment de doute.

«Moi, j'ai cru jusqu'au dernier coup de rame que nous pouvions les devancer», a-t-elle affirmé.

Le dernier équipage féminin médaillé olympique avait été celui des Jeux de Sydney en 2000 (bronze).

La retraite

L'exploit de jeudi a marqué pour Morin, qui va célébrer son 31e anniversaire de naissance pendant les JO, l'aboutissement d'une carrière de 12 années en aviron au sein de l'équipe nationale.

Entourée de ses parents, Anne et Georges, ainsi que de son frère Charles-Édouard et d'amis d'enfance, elle a confirmé qu'elle venait de livrer sa toute dernière course.

«C'est terminé pour moi, a-t-elle dit. Quand je suis revenue en 2010, j'estimais que c'était la bonne chose à faire parce que j'y croyais. À compter de maintenant, je m'adonnerai à la course à pied et je ferai du sport quand je vais en avoir le goût.»

Elle va se consacrer entièrement à ses études à l'Université de Montréal, où elle entreprendra sa troisième année en Droit dans quelques semaines.

«Je peux changer de passion rapidement», a-t-elle conclu, en disant souhaiter que la médaille olympique qu'elle a gagnée contribue au rayonnement de l'aviron au Québec.

Jennerich et Obee ratent la finale en deux de couple poids léger

Les Canadiennes Lindsay Jennerich et Patricia Obee, médaillées d'argent aux mondiaux l'an dernier, ne sont pas parvenues à se qualifier pour la finale du deux de couple poids légers aux Jeux olympiques de Londres.

Les trois premières de chaque vague demi-finale accèdent à la finale et les Canadiennes se sont contentées du quatrième rang. Elles ont bien entrepris leur course mais elles ont faibli rapidement et se sont retrouvées cinquièmes au passage des 500, 1000 et 1500 mètres. Elles ont réalisé le dernier 500 mètres le plus rapide mais c'était trop tard pour redresser la situation.

La Chine l'a emporté grâce à un chrono de sept minutes 10,39 secondes, devant le Danemark et l'Australie. Les Canadiennes ont inscrit un chrono de 7:14,83.

Jennerich et Obee ont connu un mauvais début aux jeux, terminant cinquième de leur vague en ronde préliminaire. Mais le duo a rebondi pour se classer deuxième derrière les Américaines au repêchage, mardi. Elles ont connu une nouvelle déception en demi-finale, privant le Canada d'une possibilité de médaille.

Le quatre de pointe messieurs, composé du Montréalais Derek O'Farrell et ses coéquipiers Michael Wilkinson, Anthony Jacob et Dean Will, s'est classé cinquième de la demi-finale et il est privé d'une présence en finale.

Le Britanno-Colombien Michael Braithwaite et le Manitobain Kevin Kowalyk ont pour leur part pris le sixième et dernier rang de la finale B très relevée dans le deux de pointe. Les Canadiens ont terminé la compétition au 12e rang.

PHOTO MARK BLINCH, REUTERS

Lindsay Jennerich et Patricia Obee