Le Congrès ukrainien canadien joint sa voix à celle de la ministre fédérale des Sports, Pascale St-Onge, pour dénoncer la possibilité de voir des athlètes russes et biélorusses prendre part aux Jeux olympiques (JO) de 2024 à Paris.

Dans une lettre acheminée à la présidente du Comité olympique canadien (COC), Tricia Smith, vendredi dernier, la présidente nationale du Congrès, Alexandra Chyczij, est claire : en laissant les athlètes russes et biélorusses participer aux prochains JO, le Comité international olympique se ferait le promoteur de « la guerre, du meurtre et de la destruction ».

Elle rejoint ainsi la position de la ministre fédérale des Sports, Pascale St-Onge, qui a donné tort au Comité olympique canadien (COC) la semaine dernière1. Le chef de la direction et secrétaire général du COC, David Shoemaker, avait alors signifié quelques heures auparavant que l’organisation n’était pas fermée à l’idée que ces athlètes participent aux compétitions sous leur bannière, se ralliant ainsi à la position du Comité international olympique (CIO).

« Les athlètes russes et biélorusses ne devraient pas être autorisés à participer à des compétitions sportives internationales », avait tranché Pascal St-Onge, dans une déclaration acheminée à La Presse. « Nous continuons de manifester notre solidarité à l’Ukraine, et j’encourage la communauté sportive internationale à faire de même », a-t-elle ajouté.

Leçons d’histoire

Dans sa lettre, la présidente nationale du Congrès, Alexandra Chyczij, cite ensuite le cas de l’Allemagne nazi où se sont tenus les Jeux olympiques de 1936. « [Le Congrès] espère que le CIO va réfléchir aux leçons de l’histoire et à l’ignominie qui a plané sur sa décision de permettre à l’Allemagne d’Adolf Hitler d’organiser les Jeux olympiques de 1936 ».

Elle enjoint ensuite le COC à boycotter les prochains JO si les athlètes russes et biélorusses devaient y être, « un évènement qui ne refléterait ni les valeurs canadiennes ni l’esprit auquel on devrait s’attendre de ces compétitions athlétiques internationales ».

Cette nouvelle survient alors que dimanche, un jeune champion ukrainien de décathlon, Volodymyr Androschuk, serait mort dans une bataille non loin de la ville assiégée de Bakhmut, dans l’est de l’Ukraine, selon le compte Twitter du ministère de la défense ukrainien.

« Ce jeune athlète et véritable héros aurait pu participer aux Jeux olympiques de Paris, si la Russie n’avait pas envahi l’Ukraine. Pourquoi les athlètes russes auraient-ils ce privilège », peut-on lire sous la photo du défunt.

Hypocrisie

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dénoncé la semaine dernière l’« hypocrisie » du CIO et attaqué son patron, Thomas Bach, brandissant du même coup la menace d’un boycottage des Jeux olympiques d’été de 2024.

« J’invite M. Bach à Bakhmout [ville assiégée de l’est de l’Ukraine] pour qu’il voie de ses propres yeux que la neutralité n’existe pas. Il est évident que tout drapeau neutre des sportifs russes est taché de sang », a ajouté le dirigeant, qui aurait plaidé sa cause auprès du président français, Emmanuel Macron.

Les sportifs russes et biélorusses sont bannis de la plupart des compétitions internationales depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022, les fédérations internationales ayant suivi la « recommandation » en ce sens du CIO.

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Avec Mélanie Marquis, La Presse