(Zhangjiakou) Pékin est la première ville à accueillir les Jeux olympiques d’été et d’hiver. Jaqueline Mourao est probablement la seule athlète à avoir disputé les deux compétitions.

La Brésilienne de 46 ans a pris le 88rang, à près d’une minute de la meneuse, lors des qualifications du sprint individuel en ski de fond, mardi.

Un résultat anonyme, certes, mais l’athlète a attiré l’attention de plusieurs journalistes de son pays natal dans la zone mixte.

Porte-drapeau à la cérémonie d’ouverture, Mourao dispute ses huitièmes Jeux, un record au Brésil. Sa carrière a commencé à Athènes en 2004, où elle a fini 18e en vélo de montagne. En 2006, elle a pris part au 10 km en ski de fond aux Jeux de Turin…

Elle avait découvert la neige quatre ans plus tôt grâce à son mari Guido Visser, fondeur québécois de Saint-Ferréol-les-Neiges qui avait marqué l’imaginaire par son attitude malgré sa dernière place aux Jeux de Nagano.

Aujourd’hui entraîneur de sa femme, il était en bordure de la piste pour l’encourager avec son enthousiasme légendaire dans la principale montée du parcours. C’est la mère de Jaqueline, débarquée du Brésil, qui garde les enfants, Jade, 7 ans, et Ian, 11 ans, à Saint-Ferréol.

« Je pense qu’ils font dodo ! », a rigolé Mourao en s’arrêtant volontiers devant les trois journalistes québécois.

Sa performance ? « Ç’a été correct, a-t-elle évalué. J’ai 46 ans et faire des courses avec des filles plus jeunes que moi, dans une épreuve trop courte, ce n’est pas évident. J’ai la chance de faire trois courses aux Jeux olympiques. Avant, c’était juste une. Cette course-là, c’était bon pour ouvrir le carburateur, vérifier la routine. Mais le parcours est très, très exigeant avec l’altitude. On va voir ce que ça va donner. »

Mourao vise davantage le 10 km classique de jeudi.

Malgré ses origines, la native de Belo Horizonte s’accommode très bien du froid polaire dans les hauteurs de Zhangjiakou. « Je me suis entraînée à -25 souvent avant de venir ici », a expliqué celle qui passe son temps dans les pistes du mont Sainte-Anne. « Je me suis dit : “Ah, je suis prête pour venir ici !” »

En plus du vélo de montagne et du ski de fond, elle a concouru en biathlon aux Jeux de Sotchi en 2014.

Je fais l’histoire. J’ai vu la neige pour la première fois à 27 ans et j’ai eu mon meilleur résultat en classique au mois de janvier. C’est juste de se dépasser, d’encore aimer ce mouvement olympique, faire du sport et inspirer les autres aussi.

Jaqueline Mourao

À Pékin, elle se réjouit de pouvoir compter sur une coéquipière de 17 ans qui l’accompagne pour la première fois aux JO. Celle-ci s’entraîne en ski à roulettes durant l’été au Brésil avant de retomber sur la neige pendant la saison hivernale en Europe.

À sa dernière présence dans la capitale chinoise, Mourao s’était classée 19e à l’épreuve de cross-country en vélo de montagne.

« C’était magnifique, bien organisé et le Village olympique était fantastique », s’est-elle souvenue dans un article qui lui est consacré dans le système d’information des Jeux. « À l’époque, tout le monde disait à quel point c’était pollué. Avant chaque Jeux olympiques, il y a toujours une histoire et quand tu arrives, c’est magnifique. »

« J’ai adoré les gens là-bas, tout le monde était si aidant. J’ai pédalé autour de Pékin, pour l’entraînement, faire les courses, apprendre à connaître la ville dans son entièreté. »

Deux fois deuxième d’un 5 km classique d’une Coupe des Balkans, le mois dernier en Serbie, Mourao sent qu’elle continue à s’améliorer.

« Tout va en direction inverse dans ma vie, s’étonne-t-elle dans le même article. J’ai 46 ans et j’obtiens mes meilleurs résultats. »

« En 2008, je n’étais pas une athlète très mature sur le plan psychologique. Par exemple, je ne pouvais donner une interview avant une compétition et j’étais très stressée. Aujourd’hui – peut-être parce que je suis devenue mère deux fois et que j’ai eu toutes ces autres expériences – je suis plus concentrée sur moi et ma performance et je peux mieux canaliser mon énergie sur ce que je fais. »

La « flamme brûle toujours » et le sport s’est mué en « un mode de vie » avec lequel elle est « tombée en amour ». Éprouvée par une blessure à une épaule avant sa participation aux Jeux de Tokyo, l’été dernier, elle a fait une croix sur sa carrière en cyclisme.

Cortina 2026 en ski de fond ? « On va voir », nous a-t-elle répondu avant de repartir avec le sourire.