Dans le cadre de leur préparation en vue des Jeux olympiques de Pékin, les membres de l’équipe canadienne de hockey féminin ont été sorties de leur zone de confort. Les joueuses n’ont pas toujours apprécié.

Des matchs contre des équipes masculines de niveau AAA étaient devenues la norme depuis 2006.

Patiner, passer la rondelle et prendre des décisions rapidement était un moyen efficace de peaufiner la préparation des Canadiennes en vue d’affrontements éventuels contre les États-Unis pendant le tournoi olympique.

En prévision des Jeux de 2006, de 2010, de 2014 et de 2018, l’équipe féminine de hockey du Canada a affiché un dossier cumulatif de 58-46-5 contre des équipes AAA.

Toutefois, Hockey Canada a décidé de relever la barre en vue de 2022. Ainsi, les hockeyeuses canadiennes ont joué cinq matchs contre des formations de calibre junior A de l’Alberta et de la Colombie-Britannique.

Les Canadiennes ont été balayées et dominées 30-2 au chapitre des buts marqués, ce qui a secoué.

« S’il y a un élément qui ressort des membres de ce groupe, c’est que vous n’avez pas besoin d’interpréter leur physionomie, parce qu’elles vont vous parler, a déclaré l’entraîneur-chef Troy Ryan.

« Elles m’ont dit sans détour’c’est difficile’et’nous n’en voyons pas l’utilité en ce moment’ », a-t-il raconté.

Les hommes ont limité les mises en échec, qui sont pénalisées au hockey international féminin, mais il y avait quand même des contacts corporels. La taille, le poids, la vitesse et la portée des hommes, un cran au-dessus du niveau AAA, ont donné du fil à retordre aux femmes.

« Vous perdez des matchs par de gros scores et vous vous demandez si nous faisons les bonnes choses. Mais après avoir pris du recul, vous participez à quelques réunions et vous voyez ce que vous faites de bien », a expliqué Marie-Philip Poulin, la capitaine de l’équipe canadienne.

« La façon de couper les espaces sur la patinoire, le travail avec nos bâtons que nous devons faire contre ces hommes pour être capables de rivaliser avec eux, ce sont des aspects que nous avons ajoutés à notre jeu. C’est difficile de voir le portrait global quand vous perdez par sept ou huit buts. »

Dans le match le plus serré des cinq qu’elles ont joués, les Canadiennes ont perdu 2-0 contre les Kodiaks de Cameron, le 3 novembre.

« Les femmes ont tiré de ce match un très bon niveau de compétition. C’est difficile parce que la seule autre équipe qu’elles peuvent affronter qui est à leur niveau est celle des États-Unis, a analysé Clayton Jardine, l’entraîneur-chef des Kodiaks.

« De notre côté, ç’a nous a ouvert les yeux et fait réaliser à quel point elles sont habiles. Leur façon de défendre avec leurs bâtons et leurs patins est un aspect que nous essayons d’enseigner parce que les mises en échec du côté masculin disparaissent, et que c’est devenu un jeu axé sur l’habileté. »

Gina Kingsbury, directrice des équipes nationales de hockey féminin à Hockey Canada, a gagné des médailles d’or olympique en 2006 et en 2010. Elle est donc bien placée pour parler de l’importance des matchs contre les clubs de niveau AAA.

À ses yeux, affronter des équipes de calibre Junior A était une progression naturelle, et le test que ces matchs ont fourni a été l’un des critères qui a servi à composer la formation de 23 joueuses en vue de Pékin.

« Beaucoup de gens peuvent regarder le score et dire’c’était inutile. Ça ne servait à rien’. De notre côté, le score n’a pas d’importance. Ce qui compte, ce sont les détails que nous soutirons de ces matchs.

« Nous avons une tout autre allure en zone défensive, même par rapport à il y a un an. Nous savons comment réussir. Si nous sommes capables de réussir contre ces gars-là, il n’y a aucun doute que nous pouvons réussir contre les Américaines. »