Qui aurait cru qu'après plus de 60 matchs en saison régulière, Max Pacioretty aurait plus de buts et plus de points qu'Alexander Ovechkin?

Saluons au passage la belle saison de l'ailier du Canadien, qui a récolté 25 buts et 46 points à ses 58 premiers matchs. Mais ce sont surtout les statistiques du capitaine des Capitals de Washington - 24 buts et 45 points en 56 matchs - qui sont alarmantes.

Ovechkin est l'un des quatre joueurs dans l'histoire à avoir marqué 50 buts ou plus dans quatre de ses cinq premières saisons (les autres étant Mike Bossy, Wayne Gretzky et Mario Lemieux).

Et l'année où il n'y est pas parvenu, il en a quand même réussi 46.

Or, Ovechkin a régressé à 32 buts l'an dernier, un total qui sera sensiblement le même cette saison s'il garde la santé et le même rythme. De plus, l'ailier de 26 ans n'amasse même pas un point par match, ce qu'il a pourtant fait chaque année depuis son entrée dans la LNH.

Surplus de poids? Mauvaises habitudes hors glace? Manque d'intérêt?

Ovechkin est peu loquace en ce qui a trait à son autoévaluation, se limitant à dire que rien n'avait changé et qu'il ne connaissait pas une si mauvaise saison.

Mais le regard des autres est plus révélateur.

«On dirait que les équipes l'ont cerné et ont trouvé une façon de le contenir, explique son coéquipier Mathieu Perreault. Il va devoir s'ajuster dans différents aspects du jeu et varier ce qu'il fait.

«On ne peut pas toujours faire la même chose.»

Un statut de vedette rock

En l'absence du centre Nicklas Backstrom, au rancart en raison d'une commotion cérébrale, Ovechkin n'a plus le pourvoyeur de rondelles sur lequel il comptait. Résultat: il tente parfois de tout faire par lui-même, ce qui peut mener à des résultats embarrassants.

Lundi, en Caroline, le capitaine des Capitals a carrément arraché la rondelle à son coéquipier Troy Brouwer en zone offensive, mais cela a provoqué un revirement sur lequel les Hurricanes ont capitalisé.

«Nous nous fions à lui pour marquer des buts et créer de l'offensive, mais c'est beaucoup de pression pour un seul joueur, soutient Jeff Halpern. Il a besoin d'un coup de main, entre autres en avantage numérique.»

C'est peut-être l'entraîneur des gardiens de but Olaf Kolzig qui a le mieux cerné les problèmes de la vedette russe, la semaine dernière, dans le Washington Post.

«Il y a beaucoup de frustration chez lui, a indiqué l'ancien gardien des Capitals. Il ne marque évidemment pas au rythme auquel il est habitué. Ça s'explique en partie par l'absence de Backstrom. Mais Alex - et je le vois un peu plus depuis que Dale (Hunter) est derrière le banc - s'est éloigné du style de jeu intense, honnête et exubérant qu'il démontrait à ses trois premières saisons dans la ligue.»

C'est cette exubérance, soupçonne Kolzig, qui avait séduit tout le monde. Mais depuis que le vernis s'est écaillé, «le fait qu'il ne soit plus autant aimé qu'à ses débuts se répercute parfois sur lui».

«Dans le cas d'Alex, c'est une question d'ardeur au travail, a ajouté Kolzig. Il doit redevenir celui qu'il était plus jeune et ne pas se laisser envelopper par le statut de vedette rock qui vient avec le fait d'être Alex Ovechkin.»

Plus le même en avantage numérique

En 2010-2011, Ovechkin a connu une mauvaise saison sur l'attaque à cinq, passant plus de 100 supériorités numériques sans marquer un seul but. Avec 11 buts et 19 points dans ce rayon depuis le début de l'année, on croirait que les choses se sont replacées. Mais les Capitals n'ont quand même marqué que 9 buts en 62 occasions (14,5%) depuis que Backstrom, le général en avantage numérique, est blessé.

Ovechkin a marqué à son retour au jeu face au Canadien, hier soir, après avoir raté le match de mercredi face aux Sénateurs, à Ottawa. Avant cette rencontre, il ne revendiquait que quatre buts deux passes à ses neuf derniers matchs, soit depuis le retour d'une suspension de trois rencontres.

Nul doute qu'à 26 ans, Alex Ovechkin a encore beaucoup de bon hockey à donner. Mais il doit maintenant convaincre son entourage et ses partisans qu'il n'a pas plafonné.