Les Ducks d’Anaheim débarquent à Montréal mardi soir, mais le dossier le plus important à surveiller ne sera pas sur la patinoire du Centre Bell.

C’est plutôt Trevor Zegras, attaquant ultra talentueux qui, à 22 ans, se retrouve au cœur des rumeurs de transaction.

Zegras ne jouera pas mardi, lui qui s’est fracturé la cheville gauche le mois dernier et qui doit encore patienter quelques semaines avant de revenir au jeu. De leur côté, les Ducks sont à 20 points de la dernière place donnant accès aux séries ; aussi bien dire que c’est fini.

C’est donc le genre d’équipe susceptible de liquider quelques actifs d’ici la date limite des transactions, une réalité que l’entraîneur-chef de l’équipe, Greg Cronin, ne nie pas.

« Pensez-y : que faisiez-vous à 20, 21 ans ? On a tellement de jeunes. Leo Carlsson a 19 ans. Les jeunes arrivent à l’aréna avec des arcs-en-ciel et des suçons, a imagé Cronin, au terme de l’entraînement matinal des Ducks. Ils veulent juste jouer au hockey. La date limite des transactions ne va pas les affecter. Mais tu as ensuite [Adam] Henrique, [Jakob] Silfverberg, et le nom de [Ilya] Lyubushkin commence à circuler. Mais ce sont des pros, ils sont incroyables, et ils sont assez matures pour savoir qu’ils n’ont pas de contrôle là-dessus. »

Henrique et Silfverberg sont des trentenaires ; Lyubushkin se joindra à leur club en avril. Normal que leurs noms circulent. C’est un peu moins normal pour Zegras. À 22 ans, après des saisons de 61 et 65 points, avec des habiletés individuelles hors du commun, il devrait faire partie de l’avenir des palmipèdes. Mais on aurait cru la même chose pour Kirby Dach à Chicago, avec le résultat que l’on connaît.

Zegras a amorcé sa saison avec une dispute contractuelle avec les Ducks, avant de signer une entente de trois ans le 2 octobre, 12 jours avant le début de la saison. Mais les blessures l’ont empêché de prendre son envol, il a été peu productif quand il a joué (7 points en 20 matchs) et a même été cloué au banc pendant un match à Columbus en octobre. Des éléments qui ont alimenté les murmures et qui font en sorte que son nom apparaît dans les palmarès de joueurs « sur le marché » de TSN et de The Athletic, entre autres.

Cronin a profité de sa tribune devant les médias montréalais pour livrer un plaidoyer pour Zegras.

« Albie O’Connell l’a recruté et l’a coaché [à Boston University]. Il m’a dit : c’est un grand incompris. C’est un aimant pour les médias, en raison des jeux acrobatiques qu’il fait. Peu de joueurs font ça, et c’est controversé. [John] Tortorella dit que tu ne peux pas faire ça.

« Mais ensuite, comme personne, il est très dévoué, il a tout un QI de hockey et il est très facile à diriger. Quand tu lui dis de faire A, B et C, il le fait. Il a besoin de directives et il va les suivre. C’est aussi un coéquipier incroyable. Je sais que je l’ai cloué au banc à Columbus parce qu’il commettait des revirements. Mais il était le premier à attendre ses coéquipiers sur la glace pour les féliciter à la fin de la prolongation. Ça en dit long sur son caractère. C’est un gars qui pense à l’équipe en premier. »

Carlsson fait rêver

Zegras n’y sera pas, mais Leo Carlsson, lui, y sera. Le deuxième choix au dernier repêchage, après Connor Bedard, prend tranquillement son erre d’aller.

PHOTO GARY A. VASQUEZ, ARCHIVES USA TODAY SPORTS VIA REUTERS CON

Leo Carlsson

Rappelons qu’en début de saison, il ne disputait pas tous les matchs, puisque les Ducks souhaitaient gérer son énergie. Le grand Suédois venait de vivre le cycle mouvementé d’une année de repêchage et l’équipe voulait lui permettre de se rattraper.

« J’ai eu le Championnat du monde, le camp d’évaluation à Buffalo, puis le repêchage. J’ai peut-être eu quatre semaines pour m’entraîner l’été dernier. Ils voulaient donc que je puisse m’entraîner plus au gymnase », a raconté Carlsson, dans le vestiaire des visiteurs.

Sept fois, il a donc été laissé de côté, puis s’est blessé le 21 décembre et a raté quatre semaines. L’équipe a toutefois fait savoir que ce régime était fini et qu’il jouerait désormais tous les matchs. Non seulement le fait-il, mais depuis son retour, son temps de jeu s’élève à 19 min 17 s par match.

« Je ne mesurais rien, c’était nos gens de science du sport qui le faisaient. Ils ont fait un très bon travail avec lui, estime Cronin. Certains joueurs se plaindraient et voudraient jouer davantage. Mais lui et son agent ont accepté le plan.

« Il va probablement mesurer 6 pi 4, peser 215 lb dans un an et demi. Il grandit encore. Mais il est déjà fort sur la rondelle, il arrête la progression de ses adversaires. Il pèse peut-être 195 lb, mais il est très fort sur son bâton. Quand il aura fini de se développer, il sera une vedette dans cette ligue. »

Une première pour Groulx

Restons dans la jeunesse. À 24 ans, l’attaquant Benoît-Olivier Groulx jouera au Centre Bell pour la première fois. L’ancien choix de 2e tour, fils de l’entraîneur Benoît Groulx, est toujours à la recherche d’un premier but cette saison, après 30 matchs.

L’occasion serait évidemment belle de briser la glace au Centre Bell, mais il vivra une soirée encore plus spéciale jeudi quand les Ducks seront à Ottawa. Comme son père a longtemps dirigé les Olympiques de Gatineau, le jeune homme s’identifie davantage au 819 et au 613, qu’au 514 et à l’infâme 438.

« Je regardais toujours le Canadien, j’ai toujours voulu jouer au Centre Bell, a reconnu Groulx. Mais Ottawa était à 25 minutes de chez moi, c’était plus facile d’y accéder. Donc j’étais plus un gars des Sens que de Montréal quand j’étais petit. »