Travis Dermott a décidé de faire fi de la décision de la LNH de bannir le ruban arc-en-ciel dans les échauffements et les matchs cette saison. Le défenseur des Coyotes de l’Arizona en a utilisé sur le manche de son bâton, samedi, lors d’un match contre les Ducks d’Anaheim.

Dermott est le premier joueur à ainsi défier la décision de la LNH.

Ladite décision, révélée il y a quelques semaines par le blogue Outsports, interdit formellement aux joueurs de mettre du ruban adhésif aux couleurs de l’arc-en-ciel sur leur bâton. Cette décision fait suite à celle prise à la fin de la saison 2022-2023 ; le commissaire, Gary Bettman, avait annoncé aux équipes qu’elles ne porteraient plus de chandails thématiques du tout, peu importe la cause soutenue.

« Il n’est pas souhaitable d’aller à l’encontre des règles mises en place par son employeur, mais certaines personnes en ont tiré des enseignements positifs, a justifié Dermott à Craig Morgan de GoPhnx.com. C’est en quelque sorte l’impact que je cherche à avoir.

« Vous voulez que tout le monde se sente inclus et c’est quelque chose qui me passionne depuis longtemps. Ce n’est pas comme si je venais de sauter dans le train. C’est quelque chose qui, selon moi, fait défaut à la communauté du hockey depuis un certain temps. J’ai l’impression que nous avons besoin d’alliés d’un mouvement comme celui-ci, pour que tout le monde se sente inclus et pour vraiment faire progresser l’idée que le hockey est pour tout le monde. »

Interrogée par The Athletic concernant une possible mesure disciplinaire contre Dermott, la Ligue a répondu qu’elle « examinera la question en temps voulu ». Depuis samedi, c’est silence radio.

PHOTO TIRÉE DU COMPTE X DE TRENT LEITH

Le bâton arc-en-ciel de Travis Dermott

Dans une entrevue avec The Athletic, le cofondateur du ruban arc-en-ciel Jeff McLean a indiqué que Dermott prévoyait utiliser le ruban de façon régulière tout au long de la saison actuelle. Selon lui, cette prise de position envoie « un puissant message ».

La décision de Dermott a aussi beaucoup fait jaser sur les réseaux sociaux tout au long du week-end. L’ex-hockeyeur ouvertement homosexuel Brock McGillis a notamment pris la parole sur la plateforme X. Précisant être « indifférent au sujet des chandails thématiques ou du ruban », il a dit « se soucier de la liberté de choisir ».

« Je crois que Travis mérite le droit de choisir d’utiliser du ruban pour démontrer son soutien aux communautés marginalisées, et je crois aussi que les joueurs devraient avoir le choix de ne pas l’utiliser », a-t-il précisé.

Brian Burke, ancien directeur général de plusieurs équipes de la LNH, directeur exécutif de la nouvelle Ligue professionnelle de hockey féminin et grand défenseur de la cause, s’est aussi prononcé.

« Travis continue d’être un leader courageux pour la communauté LGBTQ+, a-t-il écrit sur X. J’espère que d’autres joueurs suivront son exemple. »

Dermott a souvent démontré son soutien à la communauté LGBTQ+au cours des dernières années. Dans une entrevue avec ESPN en 2021, il avait mentionné que des membres de sa famille faisaient partie de la communauté.

« Je ne mentirai pas, a ajouté Dermott à GoPhnx.com, au sujet de son contrat modeste d’un an à deux volets. De l’extérieur, il est facile de penser que je mets ma carrière en jeu. Je suis passé par des hauts et des bas émotionnels ce soir-là, et je ne regrette rien, mais j’aurais aimé m’assurer un peu mieux que tout le monde était au courant de ce qui se passait avant que je ne le fasse.

« C’est quelque chose que j’ai fait tout seul et j’étais prêt à faire face aux conséquences que la ligue déciderait de mettre en place. Je ne vais pas faire marche arrière et dire que cette bataille est gagnée, mais nous allons trouver de meilleures façons de faire les choses. »

« En tant qu’organisation, nous respectons et soutenons d’abord et avant tout le droit de nos joueurs à s’exprimer en tant qu’individus, a répondu Xavier Gutierrez, président des Coyotes. Ensuite, je tiens à préciser qu’en tant qu’organisation, nous restons fidèles à notre soutien à la communauté LGBTQ+. »

Puisque tout est dans tout ; le 27 octobre, les Coyotes organiseront la première Soirée de la fierté de la saison lors de leur match face aux Kings de Los Angeles.

La saison dernière, les Soirées de la fierté ont fait les manchettes après que des joueurs eurent refusé de porter des chandails multicolores pendant la séance d’échauffement de leur équipe respective, citant entre autres des enjeux de sécurité en Russie ou des croyances religieuses.

« Étant donné le nombre de regards qui se tournent vers nous, en particulier les jeunes, vous voulez leur transmettre autant d’amour positif que vous le pouvez, a ajouté Dermott. Vous ne voulez pas que ça provienne seulement de l’école ou de la maison, mais également de ceux qui sont dans l’œil du public. »

Avec Simon-Olivier Lorange, La Presse