Tout le monde aime Jake Allen. Certes, aucune firme de sondage n’a mesuré sa cote d’amour dans la société en général. Mais dès que l’on entre dans l’environnement du Canadien, le gardien de 33 ans est unanimement adoré et admiré.

Le « bon coéquipier » dont parlent les joueurs, c’est lui. Celui qui, blessé, envoyait des messages textes pour encourager Samuel Montembeault lorsque l’équipe était au plus mal. Celui qui garde son calme au sein des pires tempêtes. Celui qui converse longuement avec les membres des médias, beau temps, mauvais temps.

Allen est aussi parmi les interlocuteurs les plus généreux du CH lorsque vient le temps de complimenter un coéquipier. Toute la saison dernière, il n’a eu que de bons mots pour Montembeault. Jeudi, au commencement du camp d’entraînement, il a répété que le Québécois avait « prouvé qu’il est un très bon gardien ».

Au sujet de Cayden Primeau, il n’a pas ménagé ses éloges : « Je l’aime beaucoup, j’ai appris à bien le connaître depuis que je suis dans l’organisation. Il a tout le talent et les outils du monde. J’aimerais en avoir autant. »

PHOTO DOMINICK GRAVEL, ARCHIVES LA PRESSE

Jake Allen

Primeau, on l’a déjà écrit, souvent en plus, peine à s’établir chez les professionnels. Dans la Ligue américaine, il est sans l’ombre d’un doute à la hauteur. Mais c’est aussi un gardien qui, depuis deux ans, accorde trois buts par match. Dans la LNH, il y a peu d’éléments positifs à relever. Il a remporté seulement 3 de ses 17 départs en carrière et n’est encore jamais apparu comme un portier prêt à jouer à temps plein dans la meilleure ligue du monde.

« La patience est importante, et le passé est passé, a souligné Allen au sujet de l’Américain de 24 ans. Il lui faut saisir les occasions. Je connais beaucoup de gars qui étaient sans doute assez bons pour jouer dans la LNH, mais ils n’en ont pas eu l’occasion. Et d’autres qui ont eu leur chance, mais qui ne l’ont pas saisie. Dès qu’une occasion se présente, il faut en tirer le maximum. »

Voilà pour les bons souhaits. Personne ne remettra en doute la sincérité de Jake Allen. Il y a toutefois une inévitable contradiction entre ses vœux pour ses coéquipiers et ses propres ambitions.

Rebondir

À 33 ans, disions-nous, et après 400 matchs dans la LNH, Jake Allen ne joue pas au hockey pour passer le temps.

Après une saison très pénible, marquée par les blessures et qui s’est soldée par des statistiques pitoyables, il veut rebondir.

Même s’il a toujours refusé de quantifier ses objectifs personnels, il a un peu quantifié ses objectifs personnels, jeudi : « Je veux jouer plus de matchs que l’an passé. » Davantage, donc, que les 42 rencontres, dont 41 départs, de 2022-2023.

Je veux revenir, bien jouer, me sentir à l’aise au camp et connaître un bon début de saison. Je veux jouer le plus possible, aider le groupe. Sam et moi allons avoir une bonne saison ensemble.

Jake Allen

Cette remarque, aussi louable soit-elle, trahit le dilemme cornélien au cœur duquel Allen est plongé. Et qu’il, heureusement (ou non) pour lui, n’aura pas l’odieux de devoir dénouer.

Si le duo de gardiens qui survit au camp est effectivement composé de Montembeault et d’Allen, c’est que Primeau aura échoué à saisir sa chance. A contrario, si une chance se présente à Primeau et qu’il la saisit, ce sera très vraisemblablement au détriment d’Allen. Et si Allen voit se concrétiser sa volonté de disputer plus de matchs l’an dernier, cela signifiera qu’on lui aura donné le statut de numéro 1, au détriment de Montembeault, qui a montré une évidente progression la saison dernière.

Un autre scénario, peu usité dans la LNH, serait de garder les trois gardiens à Montréal au terme du camp. Sans égard aux chances de réalisation de ce projet, que la direction n’exclut pas, au demeurant, on pourrait difficilement voir Allen comme le gagnant de l’exercice.

Nous lui avons donc demandé s’il serait prêt à disputer moins de matchs que la saison dernière. Fait rare, le numéro 34 a semblé décontenancé pendant un instant.

« Oui, évidemment, a-t-il soufflé. Tous les gardiens diront qu’ils veulent jouer tous les matchs. Je suis là pour le groupe. »

Et de répéter : « Je veux bien jouer. Mais je suis d’abord là pour le groupe. »

C’est probablement pour ça que tout le monde aime Jake Allen.

Absence de durée « indéterminée » pour Chris Wideman

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Chris Wideman

Les partisans du Canadien ne seront pas désorientés : l’organisation a déjà annoncé jeudi qu’un joueur devrait s’absenter pour une durée « indéterminée ». Blessé au dos, Chris Wideman ratera ainsi le début du camp d’entraînement, au minimum. Aucune information additionnelle n’a été fournie par l’équipe à son sujet. Wideman, 33 ans, amorce la dernière saison d’un contrat de deux ans le liant au CH. Il a été limité à 46 matchs en 2022-2023, passant parfois de longues semaines dans les gradins sans jouer. Au présent camp, il apparaissait d’emblée comme le huitième, voire le neuvième défenseur du club.