Un peu moins de huit ans après la fin de sa carrière sur la glace, Daniel Brière a décroché le poste le plus prestigieux de sa jeune carrière d’administrateur. Le Québécois est devenu, vendredi, le directeur général par intérim des Flyers de Philadelphie.

L’organisation a montré la porte au DG sortant, Chuck Fletcher, après presque cinq saisons en poste. Fletcher était également président aux opérations hockey, fonction que remplira Brière à court terme. Les deux postes seront attribués à des personnes différentes, ont déjà prévenu les propriétaires du club.

Natif de Gatineau, Daniel Brière a récolté 696 points en 973 matchs dans la LNH. Il a passé six saisons chez les Flyers en tant que joueur et, même s’il n’a pas pris sa retraite dans l’uniforme orange et noir, il est toujours resté proche de l’organisation.

Immédiatement après avoir accroché ses patins, en 2015, il a été nommé « assistant spécial au directeur général ». Deux ans plus tard, il a pris la tête des Mariners du Maine, dans l’ECHL, apprenant tous les rouages d’une franchise sportive. Parallèlement, il a suivi une formation en administration des affaires à l’Université de Pennsylvanie. Les Flyers l’ont rapatrié en 2020 à titre de consultant au développement des joueurs.

Au début de l’année 2022, il avait été pressenti pour devenir directeur général du Canadien, et s’était retrouvé dans la courte liste des trois derniers candidats. On lui a finalement préféré Kent Hughes. Peu de temps après, les Flyers le nommaient de nouveau assistant au directeur général. Un an plus tard, le voilà DG par intérim.

Daniel Brière devient, après Kent Hughes et Julien BriseBois, du Lightning de Tampa Bay, le troisième directeur général québécois actuel dans la LNH, et le quatrième francophone, avec Pierre Dorion, des Sénateurs d’Ottawa.

Éloges

Le nom de Ben Guité n’est pas souvent évoqué dans l’espace public. Le Montréalais d’origine a connu une belle carrière professionnelle dans les années 2000 et au début de la décennie 2010, passant notamment trois saisons avec l’Avalanche du Colorado.

Aujourd’hui entraîneur-chef pour le collège Bowdoin, au Maine, Guité a eu Brière comme patron chez les Mariners la saison dernière. Il a trouvé en son compatriote un « DG idéal », dit-il.

« Il était au courant de tout ce qui se passait et donnait son opinion, mais il me donnait la liberté de mettre en place mon plan comme entraîneur-chef », souligne Guité au bout du fil.

À l’intérieur des « limites budgétaires d’une équipe de l’ECHL », Brière a tout mis en œuvre pour que Portland, ville où est établie la franchise, « soit une place où les joueurs voulaient venir ».

Il s’assurait qu’on ait tout ce dont on avait besoin au quotidien et qu’on garde la réputation d’une équipe qui traite bien ses joueurs.

Ben Guité, à propos de son ancien directeur général, Daniel Brière

« Tu ne te rends pas compte à quel point il travaille, poursuit le pilote de 44 ans. Je n’ai jamais senti que je l’appelais trop tôt ou trop tard dans la journée. C’est une super tête de hockey. Je ne pense pas qu’il y ait un joueur qu’il ne connaisse pas. Il passe tout son temps à faire des recherches, à comprendre le style de joueur qu’il veut. »

Samuel Morin ne se fait pas prier lui non plus pour parler en bien du nouveau DG. Cet ex-défenseur, nouvellement retraité à 27 ans, faisait ses débuts professionnels lorsqu’il a vu Brière entrer « dans les bureaux » des Flyers. Les Québécois n’étant pas nombreux dans l’organisation, les deux ont tissé des liens, encore davantage lorsque Brière a accepté des responsabilités liées au développement des joueurs. Morin a ainsi pu découvrir « une bonne personne », « simple » et « sensée ». « Il est très facile d’approche, terre à terre, pas du tout impulsif… Il impose le respect », énumère le colosse en entrevue avec La Presse.

« Il va nous aider à bâtir de quoi », s’emballe-t-il.

Si Morin parle au « nous », c’est parce qu’il est lui aussi employé par le club depuis quelques mois. Le DG sortant, Chuck Fletcher, l’a intégré au personnel de développement, le printemps dernier, après que des blessures persistantes l’eurent forcé à la retraite. Il a d’ailleurs eu de bons mots pour Fletcher, notamment pour la chance qu’il lui a donnée d’amorcer une deuxième carrière.

Il voit néanmoins avec optimisme Brière devenir son « nouveau boss », encore qu’il ne prenne pas ce changement de direction à la légère. De nouveaux dirigeants impliquent systématiquement une réévaluation du personnel, et il s’attend à « devoir répondre » aux questions qui lui seront posées sur les performances des jeunes espoirs du club dont il suit l’évolution.

« Défis »

Le « nouveau boss », de fait, n’hérite pas d’une formation en pleine santé. Dave Scott, président du conseil d’administration de Comcast Spectacor, entreprise propriétaire des Flyers, n’a pas été tendre à l’endroit du bilan de Chuck Fletcher.

L’équipe est sur le point de rater les séries éliminatoires pour la quatrième fois en cinq saisons sous sa gouverne.

« L’organisation a toujours été définie par sa hargne, la détermination et un standard d’excellence. Au cours des dernières saisons, notre équipe n’a tout simplement pas été à la hauteur », a-t-il écrit dans une déclaration. Scott estime que Brière « assurera une transition en douceur [avec] l’entraîneur-chef John Tortorella jusqu’à la fin de la saison et pendant la saison morte ».

Un processus de sélection déterminera, au cours des prochains mois, si le Québécois se verra offrir d’occuper le poste de façon permanente.

Fletcher laisse à son successeur le triste legs de contrats-boulets, notamment ceux de Kevin Hayes et de Rasmus Ristolainen, liés à l’organisation jusqu’en 2026 et 2027, respectivement. C’est également lui qui a acquis Ryan Ellis, défenseur miné par les blessures, qui n’a joué que quatre matchs en deux ans à Philadelphie et dont l’entente échoit aussi en 2027. L’été dernier, il a échangé en outre trois choix au repêchage pour mettre la main sur Tony DeAngelo et lui offrir un contrat de deux ans. Cette saison, DeAngelo affiche l’un des pires rendements défensifs de toute la LNH.

Fletcher a par ailleurs échoué, au cours des derniers jours, à liquider le contrat de l’attaquant James van Riemsdyk, qui s’apprête à devenir joueur autonome sans compensation. Livide, le DG a avoué aux journalistes locaux son impuissance à réaliser une transaction, même à bas prix. Les partisans des Flyers, reconnus pour leur intensité, l’ont fustigé sur les réseaux sociaux.

Ce n’est certainement pas l’erreur qui a défini son passage à la direction de l’équipe. Ç’aura toutefois été celle de trop.