La mort du hockeyeur Gino Odjick a plongé le monde du hockey dans le deuil. Les partisans du Québec et ceux de la Colombie-Britannique, où le dur à cuire a passé la majorité de sa carrière, se rappellent un guerrier prêt à tout pour protéger ses coéquipiers. Or, dans la petite communauté algonquine Anishinabeg Kitigan Zibi, tout près de Maniwaki, c’est une véritable « légende » qu’on vient de perdre.

Au bout du fil, le chef Dylan Whiteduck dit les choses comme elles le sont : sur le plan personnel, il ne connaissait qu’« un peu » l’ex-homme fort. Il n’a toutefois pas à se faire prier pour parler de celui qui est mort dimanche, à l’âge de 52 ans, à la suite d’une crise cardiaque.

« C’est une perte énorme pour Kitigan Zibi et pour la nation algonquine, explique M. Whiteduck. Il était très fier de sa communauté et n’hésitait jamais à l’exprimer. »

À ses yeux, Odjick a « mis sur la carte » cette réserve de quelque 3000 habitants, sise tout juste à côté de Maniwaki, en Outaouais.

« Personne ne savait qui nous étions avant que Gino n’atteigne la LNH et devienne l’un des bagarreurs les plus redoutés de la ligue », poursuit-il.

Pendant des années, Odjick a « aidé des jeunes à poursuivre leur rêve de jouer au hockey », notamment en fournissant de l’équipement gratuit aux familles qui n’avaient pas les moyens d’en acheter. « Chaque été, il revenait nous visiter, dit encore M. Whiteduck. Il venait chaque fois qu’il pouvait. Encore aujourd’hui, il inspire beaucoup les jeunes d’ici. C’est une légende pour nous. » Il n’exagère donc pas lorsqu’il note que « toute la communauté est en deuil ».

PHOTO TIRÉE DE L’INTERNET

Dylan Whiteduck, chef de la communauté Anishinabeg Kitigan Zibi

À l’école du coin, des photos de celui qui a disputé plus de 600 matchs dans la LNH sont affichées. Odjick, assure le chef Whiteduck, a été une voix forte pour promouvoir l’éducation chez les jeunes des Premières Nations. L’aréna de Maniwaki porte son nom.

En juillet dernier, à l’occasion de l’assemblée générale de l’Assemblée des Premières Nations, à Vancouver, Dylan Whiteduck a pu étreindre Gino Odjick, sans savoir que ce serait la dernière fois. Il a tenté d’en savoir davantage sur sa santé, qu’il savait atteinte. L’ex-hockeyeur, toutefois, refusait de parler de lui-même. « Il demandait comment allait le golf de son fils, et il prenait des nouvelles de la communauté. Il voulait savoir comment tout son monde allait. Ça démontre à quel point il avait un grand cœur. »

Maintenant qu’Odjick est allé rejoindre « le monde des esprits », Kitigan Zibi accuse le choc des enfants et des proches du défunt qui résident encore dans la communauté et se prépare à honorer celui qui lui a procuré tant de fierté.

« On va traverser ça ensemble », résume le chef Whiteduck.