Josh Anderson, Mike Hoffman, Rem Pitlick, Sean Monahan ont eu leur chance. Dans une moindre mesure, Joel Armia, Artturi Lehkonen et Jonathan Drouin aussi. Sans grand succès.

A priori, compléter le duo de Nick Suzuki et de Cole Caufield ne semble pas complexe. Les deux semblent se trouver partout sur la patinoire, alors en quoi le choix du troisième élément du trio peut-il être une énigme ?

Consultez le sommaire du match Relisez notre couverture en direct

Pourtant, depuis que Tyler Toffoli a été échangé en février dernier, la recherche de la perle rare a été constante. Dans une victoire de 5-4 en prolongation contre les Penguins de Pittsburgh, samedi soir, le constat, déjà confirmé depuis quelques jours, a été renforcé : Kirby Dach est celui qui manquait à Suzuki et Caufield.

Depuis que Martin St-Louis a adjoint le numéro 77 au 14 et au 22 il y a deux semaines, le résultat (non, pas 113) est rien de moins que spectaculaire. À cinq contre cinq seulement, l’unité a produit 10 buts et les trois attaquants ont récolté 20 points.

Toutes phases de jeu confondues (donc en incluant l’avantage numérique), dans cette fenêtre de 7 matchs, Suzuki a obtenu 12 points ; Dach, 11 ; Caufield, 9.

On pourrait s’arrêter là et, déjà, la démonstration serait éloquente. Or, c’est quand on s’attarde aux détails que ça devient encore plus intéressant.

Samedi, contre les Penguins, Dach a été de tous les combats. Tôt en première période, son repli dynamique et sa mise en échec contre Bryan Rust ont directement annihilé une attaque des visiteurs. Sur le but de Caufield, tôt en troisième, il a utilisé son gabarit imposant pour bloquer la vue du gardien malgré les efforts de Marcus Pettersson pour le déplacer. Sur le but de Suzuki, quelques instants plus tard, il était une option de passe évidente qui a chambardé la couverture défensive des Penguins. Et sur le but gagnant, il a pratiquement fait tout le boulot en accélérant sur le flanc droit avant de remettre le disque à Mike Hoffman.

On aurait volontiers interrogé Dach sur cette performance inspirée, mais il n’a pas été rendu disponible aux membres des médias après la rencontre. D’autres que lui, toutefois, en avaient long à dire à son sujet – en bien, s’entend.

« C’est un joueur et une personne incroyable, a noté Nick Suzuki. On s’entend bien hors de la glace, on passe beaucoup de temps ensemble. [Avec Caufield], on parle constamment sur le banc et dans le vestiaire de ce qu’on pourrait faire de plus. »

Suzuki surveillait Dach depuis longtemps, bien avant qu’il ne soit échangé au Tricolore l’été dernier. Son frère Ryan l’avait côtoyé au sein du programme national U17 et U20, notamment. « Je savais que c’était un joueur intelligent, même s’il a eu des difficultés à Chicago, a repris le capitaine du Canadien. Il semble sortir de sa coquille ici. »

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Nick Suzuki a amassé un but et une aide, tandis que Josh Anderson, Cole Caufield et Sean Monahan ont aussi touché la cible pour le Canadien (8-6-1), qui a gagné un troisième match de suite.

« Liberté »

Il est en effet important de se rappeler combien Dach est arrivé de l’organisation des Blackhawks avec un bagage lourd, particulièrement pour son jeune âge. Ex-gloire du hockey junior canadien, il n’a jamais véritablement trouvé son erre d’aller à Chicago, et ce, malgré plus de 150 matchs disputés là-bas. Le talent était évident. Le succès est venu par bouffées, mais jamais de manière durable. Les plus cyniques diront que son séjour à la droite de Suzuki ne remonte qu’à sept matchs, mais il traverse la séquence la plus prolifique, et de loin, de sa carrière.

En fin de soirée, samedi, Martin St-Louis a relevé deux facteurs de succès qui sourient à Dach. Le plus évident : le fait de jouer à l’aile et non au centre. Soulagé de la responsabilité de gagner des mises en jeu, un rayon où il a peiné depuis son entrée dans la LNH, il « joue avec liberté », a remarqué l’entraîneur. Le CH croyait certes avoir acquis un joueur de centre, mais s’il se retrouve avec un ailier de premier trio, est-il plus mal pris ?

En outre, Dach incarne parfaitement le credo de St-Louis : privilégier le jeu collectif plutôt que les objectifs individuels. Dans ses propres mots : « Il ne joue pas sa game, il joue la game. » Son implication sur les buts de Caufield et Suzuki en est l’illustration : une contribution évidente sans que son nom soit apparu sur la feuille de pointage.

La question demeure toutefois fondamentale : pourquoi, au terme d’une recherche aussi soutenue, Dach réussit-il là où tant d’autres ont peiné ? Sur papier, par exemple, un gros ailier comme Josh Anderson semble un complément naturel. Sur la glace, ce n’est pas le cas.

« Je pense que son cerveau est dans le même moule » que ceux de Suzuki et Caufield, a analysé Jonathan Drouin. « Je le compare à un genre de Ryan Getzlaf, un grand passeur capable de protéger la rondelle et qui voit bien le jeu. Il a vraiment le cerveau pour travailler avec ces deux-là. »

Son entraîneur a vu la même chose : « Il y a beaucoup de jeux à faire sur la glace, et Kirby est capable de trouver le meilleur grâce à son intelligence et à ses habiletés. Il a un bon gabarit, et quand il voit les deux autres dans l’espace, il fait sa job, il joue la game et fonce au filet. »

Et St-Louis de répéter : « Il est un bon complément parce qu’il joue la game, pas juste sa game. »

La game n’en sort que gagnante. Le Canadien aussi, au fond.

En hausse

Brendan Gallagher

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Brendan Gallagher

On peine à croire que ça ne finira pas par débloquer pour lui. Cinq tirs au total, et trois chances de marquer individuelles de qualité à cinq contre cinq, selon le site Natural Stat Trick. Tout ceci alors que son trio affrontait celui d’Evgeni Malkin.

En baisse

Jake Allen

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Jake Allen

Non pas que le gardien du Tricolore a été mauvais, mais il n’a pas paru aussi solide que mardi dernier à Detroit, et ce, en dépit d’une charge de travail bien moindre.

Le chiffre du match

15

PHOTO GENE J. PUSKAR, ASSOCIATED PRESS

Mike Sullivan, entraîneur-chef des Penguins de Pittsburgh

Avant de perdre sa contestation sur le but de Cole Caufield, en début de troisième période, les Penguins surfaient sur une séquence de 15 gains consécutifs. La dernière fois que l’entraîneur-chef Mike Sullivan n’a pas eu gain de cause, c’était justement contre le CH, en août 2020, en séries éliminatoires dans la « bulle » de Toronto.

Ils ont dit

Ce que je retiens, c’est que cette équipe n’abandonne jamais. On se garde dans les matchs. On a disputé un bon match et on méritait cette victoire.

Jake Allen

On avait un plan de match et on l’a respecté. J’aime jouer [à la pointe] en avantage numérique, c’est quelque chose que j’avais fait aussi en compagnie de Shea Weber pendant trois saisons.

Jonathan Drouin

On a un très bon vestiaire ici. C’est sûr que les victoires vont aider à l’ambiance, mais on sent que tous les gars du club poussent dans la même direction.

Josh Anderson

Ça commence à être un pattern pour nous… Ça n’est pas de temps en temps qu’on ne lâche pas. C’est tout le temps qu’on ne lâche pas. C’est notre manière de jouer qui nous apporte les résultats désirés.

Martin St-Louis

L’enthousiasme est contagieux. Quand l’environnement est emballant, si tu n’es pas une personne enthousiaste, tu vas détonner.

Martin St-Louis

J’adore notre niveau de compétition. Les gars arrivent préparés et concentrés avant chaque match. Les habitudes à l’entraînement sont exemplaires, il faut garder ça toute la saison.

Nick Suzuki

Dans le détail

Retour en force pour Anderson

Josh Anderson était de retour dans la formation du Canadien samedi soir, après avoir servi sa suspension de deux matchs, à la suite de son coup sur Alex Pietrangelo, des Golden Knights de Vegas, le samedi précédent. Il n’a pas mis de temps à se faire remarquer ; après seulement 1 min 48 s de temps de jeu en début de soirée, son tir de loin a surpris le gardien des Penguins, Tristan Jarry. C’était son quatrième but de la saison et c’était aussi une excellente façon de saluer son retour, lui qui n’avait pas marqué depuis le match du 27 octobre à Buffalo contre les Sabres. « C’est juste une question d’être à la bonne place au bon moment, a-t-il fait valoir au terme de la victoire. J’ai eu des occasions de grande qualité, et aussi, j’ai pu obtenir des chances de marquer parce que j’étais souvent à la bonne place sur la glace. »

Et ça continue pour Mike Hoffman

Mike Hoffman a parfois la réputation d’un joueur qui a tendance à disparaître, mais lorsqu’il est en feu, il est vraiment en feu. Ainsi, l’attaquant du Canadien a marqué dans un troisième match de suite samedi soir lors de la visite des Penguins, lui qui a réussi le but de la victoire, en prolongation, à la suite d’une très belle passe de Kirby Dach. Pour Hoffman, il s’agit de son cinquième but de la saison, son quatrième à ses trois derniers matchs. De toute évidence, le trio qu’il forme en compagnie de Christian Dvorak et Brendan Gallagher lui va à merveille. « En premier, je dirais que tous les gars du trio ont du plaisir, a-t-il répondu samedi soir. C’est aussi simple que ça. Il y a cette cohésion entre nous, et ça semble fonctionner très bien. »

Petry hué

Le premier retour de Jeff Petry au Centre Bell ne s’était pas très bien passé – il avait écopé de trois punitions mineures dans une défaite de 3-2 de son club –, mais celui-ci est allé… un peu mieux. Un peu, oui, parce que le défenseur a marqué un but, son troisième de la saison, en plus d’ajouter une aide pour une soirée de deux points. Mais plus la soirée a avancé, et plus l’ancien du Canadien a été la cible de huées de la part des partisans montréalais, surtout à la moindre occasion lors de la troisième période. Au moins, Petry a provoqué des réactions, contrairement à la deuxième mascotte du Canadien, Métal, qui a été vue lors du match et qui devrait apparaître lors des soirs où le CH sera vêtu en bleu poudre. L’arrivée de cette nouvelle mascotte a été accueillie par un mélange de silence et de confusion, probablement parce que son existence n’est pas nécessaire.

Richard Labbé, La Presse