L’un des gardiens les plus prolifiques de l’histoire de la LNH fera son entrée au Temple de la renommée du hockey lundi. Retour sur une carrière professionnelle hors du commun.

Le repêchage

Les Islanders de New York réalisent un coup d’éclat en sélectionnant Roberto Luongo au quatrième rang du repêchage de 1997. Le gardien montréalais, qui défendait jusqu’alors le filet des Foreurs de Val-d’Or, devient ainsi le premier homme masqué à entendre son nom à un rang aussi enviable depuis l’instauration des règles qui encadrent le repêchage d’entrée de la LNH, en 1979.

Les débuts

Le gardien amorce sa carrière professionnelle à l’automne 1999. Au sein d’une équipe médiocre, il montre de beaux flashs, mais ne signe que 7 victoires en 24 apparitions devant la cage insulaire. Le directeur général Mike Milbury échange tout de même son gardien numéro 1, Félix Potvin, aux Canucks de Vancouver. La porte s’ouvre pour Luongo.

La transaction

Milbury s’assure que la date du 24 juin 2000 soit gravée à jamais dans les annales du hockey. Le dirigeant des Islanders fait de Rick DiPietro le premier gardien de l’histoire moderne choisi au tout premier rang du repêchage d’entrée de la LNH. Le même jour, il envoie Roberto Luongo et le joueur de centre Olli Jokinen aux Panthers de la Floride en retour des attaquants Oleg Kvasha et Mark Parrish. Cette transaction fait école et est considérée comme l’une des pires de l’histoire. Alors que le passage de Kvasha et de Parrish sera anecdotique à Long Island, Luongo et Jokinen inscriront leur nom sur la courte liste des joueurs les plus importants de l’histoire des Panthers.

L’éclosion

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

Roberto Luongo avec les Panthers de la Floride en 2005

Luongo fait sa place sous le soleil de la Floride. De 2000 à 2006, il se révèle comme un véritable bourreau de travail et un exemple de fiabilité. Au cours de cette période, il est parmi les gardiens les plus utilisés du circuit. Il est en outre celui qui reçoit le plus de rondelles – presque 10 000 en cinq saisons –, mais il se classe surtout au tout premier rang pour son taux d’efficacité de ,920. Il n’y a que sur le plan des victoires qu’il peine à se démarquer. À sa décharge, les joueurs devant lui ne l’aident pas beaucoup : les Panthers concluent la fourchette 2000-2006 au 28rang (sur 30) pour les buts marqués.

Les jours fastes

PHOTO JONATHAN HAYWARD, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Roberto Luongo félicite son vis-à-vis de Boston, Tim Thomas, à l’issue du septième match de la finale de la Coupe Stanley, une victoire de 4-0 des Bruins obtenue sur la glace du Rogers Arena de Vancouver, le 15 juin 2011.

À sa grande surprise, Luongo est échangé aux Canucks de Vancouver. Le portier est déçu de quitter la Floride, mais se met rapidement à l’heure de la côte Ouest. De 2006 à 2014, il continue d’empiler les départs. Cette fois, les victoires sont au rendez-vous, reflet de la qualité de l’équipe devant lui. Les Canucks d’Alain Vigneault sont alors une puissance de la LNH, et ils passent à un cheveu de remporter la Coupe Stanley. Ils laissent finalement échapper le titre aux mains des Bruins de Boston au septième match de la finale de 2011. En 2007, Luongo est candidat au trophée Hart, remis au joueur le plus utile à son équipe, exploit réalisé par à peine une poignée de gardiens dans l’histoire de la LNH.

Le « C »

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Roberto Luongo avec les Canucks de Vancouver en 2011

Au début de la saison 2008-2009, les Canucks désignent Roberto Luongo comme capitaine de l’équipe, un fait rarissime pour un gardien. Il fallait reculer de quelque 60 ans pour retrouver le dernier – Bill Durnan, chez le Canadien. Plutôt que de porter le « C » sur son chandail, Luongo en fait peindre un sur son masque. Déjà manifeste, son leadership est consacré aux yeux de toute la ligue.

Le retour au bercail

Les dernières saisons à Vancouver ne sont pas de tout repos. La cohabitation entre Luongo et le jeune gardien Cory Schneider n’est pas facile, pas plus que sa relation avec son nouvel entraîneur John Tortorella. Luongo demande une transaction, mais son onéreux contrat est difficile à refiler à une autre équipe. Il est finalement échangé aux Panthers. « Je rentre à la maison », écrit alors Luongo sur Twitter, plateforme où son humour fait par ailleurs sa renommée. En Floride, il renoue avec des saisons de plus de 60 départs et aide son équipe à atteindre les séries éliminatoires en 2016.

La retraite

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Roberto Luongo sur la glace du Centre Bell, en septembre 2018

Les blessures obligent Luongo à réduire sa charge de travail. À la fin de la saison 2018-2019, le gardien annonce sa retraite. Dans une lettre adressée aux partisans des Panthers, il explique que l’intervention à la hanche qu’il a subie deux ans auparavant a laissé des séquelles et qu’il ne se sent plus capable d’offrir des performances à la hauteur de ses attentes. Il réitère toutefois son amour pour la formation et la communauté qui l’ont adopté, et celles-ci le lui rendent bien. Le voilà aujourd’hui conseiller spécial au directeur général de l’équipe dont il détient presque tous les records pour les gardiens de but. En mars 2020, les Panthers ont retiré son dossard n1, le premier hissé au plafond de l’aréna à Sunrise. Voilà aujourd’hui qu’il entre au Temple de la renommée du hockey, ce qui consacre son statut d’indéniable immortel.