Josh Anderson a-t-il une mauvaise saison ? On serait un peu sévère de s’exprimer ainsi. Mais a-t-il pour autant une bonne saison ? Pas vraiment.

Son temps de glace par rencontre a fondu de deux minutes et demie par rapport à sa moyenne des deux dernières saisons. Il n’est plus employé que sporadiquement en avantage numérique. À cinq contre cinq, il a été testé sur trois trios différents, sans vraiment qu’une chimie claire se manifeste.

Sa production offensive, malgré un échantillon de seulement 12 matchs, est à peu près en phase avec celle de ses deux premières campagnes à Montréal – une projection d’une vingtaine de buts et d’un peu moins de 35 points sur 82 matchs.

Pourtant, on sent que la magie n’y est pas. S’il réussit à créer une quantité d’attaque raisonnable, Anderson semble complètement déboussolé dans sa zone. Lorsqu’il est sur la glace à cinq contre cinq, le site Natural Stat Trick calcule que le Canadien accorde deux fois plus de chances de marquer de qualité qu’il n’en obtient. Cela le place au 12e rang parmi les 14 attaquants du club ayant joué au moins 6 matchs cette saison. Il glisse d’un échelon en matière de buts attendus, et se classe bon dernier pour les tirs accordés.

Sa valeur offensive, en somme, coûte cher défensivement.

Il a fallu travailler Martin St-Louis au corps pour réussir à lui extirper une analyse sur son gros ailier. Volubile à propos de ses élèves les plus méritants, l’entraîneur-chef du Tricolore se fait au contraire très succinct dans ses remarques sur ses joueurs en difficulté.

Après l’entraînement de son club vendredi matin, St-Louis a évoqué la « belle progression » d’Anderson, un attaquant doté de « beaux atouts » qui démontre une « très bonne attitude ». Déjà, la saison dernière, le pilote avait évoqué son désir de le voir diversifier son jeu, afin d’être davantage que celui qui, tel un train, fonce sur le flanc droit avec la rondelle dans le but de converger vers le filet. Une routine spectaculaire, mais au taux de succès limité.

« Comme tout le monde, tu ne peux pas juste jouer TA game, il faut que tu joues LA game », a poursuivi St-Louis, reprenant en souriant l’une de ses citations les plus susceptibles d’être imprimées sur un gaminet.

On essaie d’aider chaque joueur à être plus complet.

Martin St-Louis, entraîneur-chef du Canadien

Vitesse à apprivoiser

La vitesse est probablement l’élément qui a été la meilleure carte de visite de Josh Anderson en route vers la LNH. Or, Martin St-Louis estime que le vétéran de 28 ans aurait avantage à mieux contrôler cette facette de son jeu.

« Tu ne peux pas passer toute une présence à 100 milles à l’heure, car tu vas peut-être passer tout droit, a-t-il illustré. Tu vas manquer [l’endroit] où tu dois tourner.

Jouer avec vitesse, c’est savoir accélérer, ralentir, lire le jeu. Pas juste aller où il veut aller, mais aller à la bonne place.

Martin St-Louis, entraîneur-chef du Canadien

« Martin répète souvent l’importance d’être au bon endroit au bon moment, a confirmé Nick Suzuki. Ni trop tôt ni trop tard. Quand Josh voit qu’il a une chance, il y va, mais peut-être qu’il est en avance. C’est une leçon qu’on est nombreux à apprendre. »

Le principal concerné n’a pas cherché à se défiler. Il ne semble pas emballé par son premier mois de la saison.

J’essaie de travailler différentes choses. Pendant tellement longtemps, j’ai joué à ma manière ; aujourd’hui, je tente d’apprendre de nouveaux aspects. La ligne est mince, car je ne veux pas perdre mon style, surtout centré sur une présence physique.

Josh Anderson

L’un des défauts d’Anderson, depuis son entrée dans la LNH, est son manque de constance. Les grands soirs, rien ne semble à son épreuve, mais il peut aussi connaître de longs passages à vide. Vu le surplus d’attaquants avec lequel compose le Canadien, « tu dois apporter quelque chose chaque soir, sinon tu vas te retrouver dans les gradins », a-t-il prévenu.

Sur le plan individuel, il aimerait générer davantage de tirs – il est en effet en retard sur son rythme des dernières années – et créer plus d’espace autour de lui. Cela, afin de devenir une option de passe pour ses coéquipiers.

« On doit mériter son temps de glace par la manière dont on joue, a-t-il conclu. Si on est au sommet et qu’on produit, on va jouer beaucoup. Ça revient à chacun d’entre nous. Je dois être meilleur. »

En bref

Suspension purgée

Parlant de Josh Anderson, il réintégrera manifestement la formation samedi soir à l’occasion de la visite des Penguins de Pittsburgh. L’attaquant a purgé une suspension de deux matchs qui lui a été imposée après qu’il eut frappé par derrière Alex Pietrangelo, des Golden Knights de Vegas, samedi dernier. Anderson n’a pas tenté de justifier ses actions, mais s’est étonné que l’escarmouche qui a suivi n’ait pas valu plus que des pénalités mineures aux joueurs des Knights qui se sont jetés sur lui. À la reprise, on voit en effet Pietrangelo, à mains nues, rouer Anderson de coups au visage. « J’imagine que c’est correct de me casser deux dents et de s’en sortir », a ironisé le patineur du CH.

Matheson progresse

Surprise à l’entraînement du Canadien : le défenseur Michael Matheson a pris part aux exercices avec ses coéquipiers, vendredi. Il était toutefois vêtu d’un chandail l’excluant de contacts, signe que son retour n’est pas imminent. On peut toutefois se demander si le Québécois n’est pas en avance sur son échéancier de rééducation. À la mi-octobre, l’organisation avait annoncé qu’une blessure abdominale lui ferait rater huit semaines d’activité, ce qui l’aurait mené à la mi-décembre. Brendan Gallagher, par ailleurs, ne s’est pas entraîné, mais devrait être en uniforme contre les Penguins.