Dur à croire, mais Juraj Slafkovsky et Alain Nasreddine ont au moins un point en commun.

Qu’est-ce qu’un attaquant slovaque de 18 ans, 1er choix au total, peut bien avoir en commun avec un ancien défenseur québécois de 47 ans, repêché au 135e rang, aujourd’hui entraîneur adjoint chez les Stars de Dallas ?

Réponse : c’est au Centre Bell que les deux ont marqué leur premier but dans la Ligue nationale. Dans les deux cas, c’est aussi le seul but de leur carrière.

Normal pour Slafkovsky, puisqu’il disputait seulement le cinquième match d’une carrière qui s’annonce longue. À moins d’une catastrophe, il y en aura d’autres.

Pour Nasreddine, par contre, c’est autre chose. « Slafkovsky n’a pas les mêmes problèmes que moi, lui ! Il n’a pas eu à attendre aussi longtemps ! », lance-t-il en blaguant, au bout du fil.

C’est drôle… Je dis souvent au monde : “Mon premier but dans la Ligue nationale.” Mais c’était mon seul !

Alain Nasreddine

Ce premier but n’est pas survenu à l’âge tendre de 18 ans, mais plutôt à 31 ans. C’était le 16 décembre 2006, dans ce qui était son 31e match, après des années à rouler sa bosse aux quatre coins de la Ligue américaine, de Greensboro à Fredericton, en passant par Québec et Wilkes-Barre.

En excluant les gardiens Pekka Rinne et Mike Smith, Nasreddine est un des 14 joueurs à avoir marqué son premier but après son 30e anniversaire, depuis le lock-out de 2004-2005.

« J’ai bûché. J’ai commencé pro à 20 ans. J’ai eu quelques rappels, mais juste d’être dans une équipe régulièrement dans la Ligue nationale, c’était gros pour moi, se souvient-il. On m’a dit de me trouver un appartement. C’était la première fois que je me faisais dire ça. »

Et dire que ce but a bien failli ne jamais être. Les officiels ont en effet dû consulter les reprises pour confirmer que la rondelle avait franchi la ligne rouge à temps, puisqu’il ne restait que deux dixièmes de seconde à la période. Mais Sidney Crosby, comme seul lui sait le faire, l’a repéré, tandis que Nasreddine se ruait dans l’enclave, sachant que la période achevait.

« Je ne m’aventurais jamais, mais là, je savais qu’il ne restait plus de temps. Mes amis disent que ça prouve à quel point Sid est un joueur exceptionnel, parce qu’il m’a fait marquer dans la Ligue nationale !

« C’est Mark Recchi qui a eu l’autre passe. Donc j’ai attendu longtemps pour mon premier but, mais ça a valu la peine ! »

Nasreddine a été blanchi dans ses 43 autres matchs dans le circuit. D’ailleurs, la vidéo qui suit, où on voit son but, comprend également l’entrevue qu’il a accordée pendant l’entracte. « Bravo pour ton premier but. Maintenant, va marquer ton deuxième ! », lui lance l’intervieweur.

« Il ne faut pas trop pousser. On verra ! », rétorque Nasreddine.

Voyez l’entrevue (en anglais)

Futur Norris ?

Ça, c’est pour le passé. Dans l’immédiat, Nasreddine débarque à Montréal en sa qualité d’entraîneur des défenseurs des Stars, adversaires du Canadien ce samedi.

Un séjour qui a été un brin bousculé par une rupture de canalisation dans le secteur du Centre Bell, ce qui a causé l’annulation de l’entraînement de vendredi des Stars.

« Les entraîneurs, on a fait la même préparation. Plusieurs joueurs ont été à l’aréna quand même, pour des traitements, pour préparer les bâtons. Ils n’ont pas tous de la famille ici comme moi ! »

Nasreddine pouvait difficilement espérer mieux comme départ avec sa nouvelle équipe, qui montre une fiche de 3-0-1. Les Stars n’ont accordé que six buts, soit 1,50 par match, la meilleure moyenne de la LNH.

Après huit saisons au New Jersey comme adjoint (et un intermède comme entraîneur-chef par intérim), notre homme se retrouve avec un défi différent au Texas. Habitué à des brigades souvent modestes, il a eu Damon Severson, Andy Greene et Will Butcher comme principaux clients chez les Devils.

PHOTO LM OTERO, ASSOCIATED PRESS

Miro Heiskanen (4)

À Dallas, il hérite de Miro Heiskanen, 23 ans, mais avec déjà 279 matchs d’expérience derrière la cravate, à raison de 24 minutes par match. Ce que les gens de hockey appellent une « licorne » dans le jargon du milieu. Le type de gars qu’on attend dans la course au trophée Norris d’une année à l’autre.

« C’est super excitant. Un gars de cette trempe-là, tu n’as pas souvent la chance d’en avoir. Je le vois déjà dans le top 5 de la ligue. [Il s’agit] de l’amener top 3, top 2. C’est le fun. Et il est tellement facile d’approche, facile à coacher. Un gars de même, qui veut encore apprendre, c’est le fun pour un coach. Il réalise qu’il est bon, mais je lui ai dit : il y a encore place à l’amélioration malgré tout. Ma job est de l’aider. »

Heiskanen est le pilier d’une défense 50 % finlandaise, en compagnie d’Esa Lindell et de Jani Hakanpaa. Le vétéran Ryan Suter et Colin Miller de même que le jeune Nils Lundkvist complètent le portrait.