(Buffalo) Seth Appert n’est pas le nom le plus connu par chez nous, mais une seule rencontre avec cet entraîneur de métier suffit pour être marqué. Une chevelure digne de Kerry Fraser, le charisme d’un animateur de télé… C’est le type de gars qui remplit une pièce par sa simple présence.

Appert est entraîneur-chef des Americans de Rochester, club-école des Sabres de Buffalo. Le voilà dans la salle de presse du centre d’entraînement des Sabres, mercredi, après une séance sur glace des espoirs de l’équipe. Une des premières questions porte sur Matt Savoie, repêché au 9e rang au Centre Bell en juillet. Quelques minutes plus tôt, Savoie donnait ses premiers coups de patin officiels avec les Sabres.

Appert répond du tac au tac. « Il est électrique. » Il se lance ensuite dans une suite d’éloges, vantant son tempo « avec ou sans la rondelle », « son niveau de compétitivité, son intelligence ». N’en jetez plus, la cour est pleine.

Savoie est le point de mire à la veille du match entre les recrues du Canadien et celles des Sabres. Un peu par défaut, parce qu’Owen Power, Jack Quinn et JJ Peterka, considérés par plusieurs comme les meilleurs espoirs de l’équipe, ne participent pas au tournoi des recrues.

Mais Savoie ne démérite pas non plus. Auteur de 90 points en 65 matchs dans la Ligue junior de l’Ouest l’an dernier, cet attaquant possède un beau potentiel, comme tout joueur repêché dans le top 10. Et malgré son physique encore frêle (5 pi 9 po, 170 lb), il vise haut.

« Mon plus grand objectif est de jouer des matchs dans la LNH dès cette saison », affirme le jeune homme.

Mais même s’il s’impose lors du tournoi des recrues, même s’il fait tourner les têtes, lui laissera-t-on la chance de s’accrocher à un poste ?

Un tournant

Si on pose la question, c’est que la nouvelle administration des Sabres semble déterminée à éviter les erreurs d’une équipe exclue des séries éliminatoires depuis 2011.

Le présent directeur général, Kevyn Adams, a été embauché à l’été 2020. Deux mois plus tard, il nommait Appert entraîneur-chef à Rochester. Après une campagne 2020-2021 inhabituelle en raison de la pandémie, la première « vraie » saison du nouveau régime a donné lieu à une expérience intéressante.

PHOTO TIRÉE DU COMPTE TWITTER @USAHOCKEYNTDP

Seth Appert

En effet, les susmentionnés Quinn et Peterka ont été les meilleurs marqueurs des Americans, et ce, même s’ils n’avaient que 19 et 20 ans en début de saison. Or, plutôt que de leur donner une chance à Buffalo, on les a laissés dominer à Rochester. Et Power, lui, est demeuré une année de plus à l’université, même s’il a été le tout premier choix au repêchage de 2021.

C’est là un changement de paradigme pour une équipe qui, dans les années précédentes, avait offert des postes dans la LNH à Jack Eichel, Rasmus Dahlin, Rasmus Ristolainen et Mikhail Grigorenko dès la saison ayant suivi leur repêchage.

Nous voulons adopter une approche à long terme avec nos jeunes. Ça ne veut pas dire que des joueurs ne peuvent pas causer une surprise au camp. Mais on ne veut rien précipiter. On veut travailler de la bonne façon.

Seth Appert, entraîneur-chef des Americans de Rochester

Appert donne l’exemple de Peterka, justement, qui amassait les points à un bon rythme, mais qui ne comptait que quatre buts à Noël. Il en a inscrit 24 après les Fêtes.

« Il a travaillé fort, a rappelé Appert. Parfois, en permettant aux joueurs d’affronter l’adversité dans la Ligue américaine, ils en sortent grandis, et ils ne vivent pas cette adversité dans la Ligue nationale, où c’est plus difficile parce qu’il y a plus de pression. »

USA Hockey

En plus de la patience à l’égard des jeunes, l’embauche d’Appert à Rochester, et de Don Granato à Buffalo, est intrigante.

On a en effet opté pour des entraîneurs qui sont passés par le Programme national de développement des États-Unis, qui encadre les meilleurs espoirs américains. Appert a dirigé Matty Beniers, Jake Sanderson et Thomas Bordeleau ; Granato a vu défiler Auston Matthews, Matthew Tkachuk et Charlie McAvoy. Du développement, ils en ont fait.

De Montréal, il sera intéressant d’observer l’évolution des Sabres, qui ont évidemment amorcé leur reconstruction plus tôt que le Canadien. Au tournoi de golf, lundi, Kent Hughes a été interrogé sur ses plans à l’égard de Juraj Slafkovsky, qui se frottera aux autres espoirs à compter de ce jeudi. « Laval ou Montréal ? » sera la question à 1000 $ du camp.

Les jeunes défenseurs du Canadien seront aussi scrutés à la loupe. Hughes n’a pas exclu qu’ils fassent quelques allers-retours entre Montréal et Laval.

Canadien et Sabres ont en commun d’avoir repêché des espoirs à la tonne depuis deux ans, 20 et 22 joueurs, respectivement. L’équipe qui gérera le mieux cet influx de talent se donnera les meilleures chances de sortir du marasme.

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  • 32-39-11
    Fiche des Sabres de Buffalo la saison dernière
    Source : LNH