Guère besoin de deviner la grande question du prochain camp d’entraînement du Canadien, on la connait déjà : Juraj Slafkovsky commencera-t-il la saison à Montréal.

Plusieurs font déjà des liens avec le passé et craignent voir le premier choix du CH entamer l’année dans la LNH à 18 ans. On peut les comprendre.

Les deux plus récents choix du Canadien dans le top trois avant Slafkovsky, Alex Galchenyuk et Jesperi Kotkaniemi, ont été envoyés dans la gueule du loup dès leur majorité atteinte et ont constitué des déceptions à Montréal.

Galchenyuk, désormais un joueur marginal de 28 ans toujours sans contrat, n’a pas échoué parce qu’il a entamé sa carrière trop tôt, mais parce qu’il a manqué de sérieux et qu’il avait un entourage toxique.

À sa quatrième saison avec le Canadien, il a marqué 30 buts et amassé 56 points en 82 matchs. Lors de son départ pour l’Arizona, échangé pour Max Domi après six saisons à Montréal, il avait accumulé 255 points en 418 matchs, une moyenne de 50 points sur une saison de 82 matchs.

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Alex Galchenyuk

Il figure d’ailleurs toujours parmi les cinq premiers compteurs de sa cuvée derrière Filip Forsberg, Tomas Hertl, Morgan Rielly et Teuvo Teravainen. Son plus proche poursuivant, Tom Wilson, a presque 100 points de retard sur lui.

Il faut user de prudence dans nos parallèles entre Kotkaniemi et Slafkovsky. Kotkaniemi a vu sa valeur monter en flèche à quelques mois du repêchage de 2018 en raison de performances relevées avec la Finlande au Championnat mondial des moins de 18 ans.

Kotkaniemi était encore frêle, du haut de ses 6 pieds et 2 pouces et seulement 182 livres, à son arrivée à Montréal. Il était aussi l’un des plus jeunes joueurs de sa cuvée et venait de fêter ses 18 ans quelques semaines plus tôt.

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Jesperi Kotkaniemi

Malgré tout, il a mérité un poste à Montréal et amassé 17 points à ses 33 premiers matchs, avant de voir son utilisation diminuer après les Fêtes. Rappelons le contexte : le CH n’avait rien à perdre en début de saison, mais était désormais engagé dans une lutte pour une place en séries éliminatoires après quelques mois à la suite d’un succès étonnant en première moitié de saison. On ne tolérait plus les erreurs de recrues.

Malgré tout, il a terminé au deuxième rang des buteurs du Canadien en séries éliminatoires à sa troisième saison avec cinq buts en 19 matchs, avant d’être confiné aux estrades en finale.

Slafkovsky est une bête bien différente. Physiquement, son développement est à des années-lumière de celui de Kotkaniemi. Il mesure déjà 6 pieds 4 pouces et pèse 220 livres, soit presque 40 livres de plus que KK à son arrivée à Montréal.

Slafkovsky ne s’est pas fait remarquer au Championnat des moins de 18 ans, avec des joueurs de 16 à 18 ans, mais aux Jeux olympiques, puis au Championnat du monde contre des hommes, dont plusieurs de la LNH. Il n’a pas seulement été bon, il a dominé.

Il faut mettre un bémol sur ses sept buts en autant de rencontres aux Olympiques puisque les joueurs de la Ligue nationale ne s’y trouvaient pas, mais ses neuf points en huit matchs au Championnat mondial sont dignes de mention. Même lors des rencontres où il a été blanchi, contre la Finlande et le Canada, Slafkovsky a constitué le meilleur joueur slovaque.

Contrairement à Kotkaniemi, Slafkovsky se présente à Montréal dans un contexte de reconstruction annoncée et assumée, et non pas dans une réinitialisation, ou reset on the fly comme le disait du bout des lèvres le DG Marc Bergevin.

Slafkovsky n’aura pas la pression d’éviter à tout prix les erreurs, bénéficiera d’un grand pédagogue derrière le banc et il a déjà des appuis de taille dans le vestiaire. Nick Suzuki a déjà manifesté son désir de le retrouver à sa gauche, avec Cole Caufield à droite, lors d’une entrevue avec Stu Cowan, du quotidien The Gazette, la semaine dernière.

Maintenant il s’agit de voir ce que Slafkovsky a dans les tripes. Le tournoi des recrues commence dans neuf jours, suivi du camp d’entraînement. S’il n’offre pas les performances attendues, la Ligue américaine constituera sa destination logique (les Européens ont le droit d’y jouer avant l’âge de 20 ans, contrairement aux joueurs dans les rangs juniors canadiens).

S’il tire son épingle du jeu lors des matchs préparatoires, pourquoi alors bouder son plaisir ? On évoque souvent Galchenyuk et Kotkaniemi à Montréal, John Tavares, Victor Hedman, Gabriel Landeskog, Nathan MacKinnon, Aleksander Barkov, Seth Jones, Aaron Ekblad, Patrik Laine, Matthew et Brady Tkachuk, Nico Hischier, Rasmus Dahlin et Jack Hughes ont entamé leur carrière à 18 ans et ne s’en tirent pas si mal…

Décision importante à Vancouver

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J. T. Miller (à gauche)

On vient de prendre une décision cruciale à Vancouver en offrant un contrat de sept ans, moyennant 8 millions par saison, à l’attaquant J. T. Miller. Cet attaquant de 29 ans vient de connaitre sa meilleure saison en carrière avec 99 points et aurait eu droit à l’autonomie complète à la fin de la prochaine saison. On le payera grassement pendant les sept premières années de sa trentaine, loin d’être optimal, mais renoncer à lui accorder un tel contrat aurait signifié un échange pour un jeune joueur et, ou, des choix, et ainsi une autre réinitialisation. Avec un noyau de joueurs de 22 à 25 ans, Elias Pettersson, Quinn Hughes et compagnie, le nouveau DG Patrik Allvin a opté pour le succès à court et moyen terme. Avait-il d’autres choix ?

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