Lorsque la direction du Canadien a dressé son bilan de fin de saison, le 30 avril dernier, la liste des tâches à accomplir était longue. Le directeur général Kent Hughes n’a pas chômé : trois mois plus tard, le travail n’est pas terminé, mais la maison est bien plus en ordre qu’elle l’était. Le point en 10 chantiers, réglés ou en cours.

1. Le repêchage : réglé

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Juraj Slafkovsky

Ça semble évident à ce point-ci, mais ce n’était pas une mince affaire il n’y a pas si longtemps. Le Canadien était sous haute pression (c’est peu dire) après avoir décroché le tout premier choix au repêchage. Au terme de longues semaines de suspense, l’équipe a sélectionné le Slovaque Juraj Slafkovsky. Le gros ailier fait rêver les recruteurs, mais laisse dubitatifs les spécialistes des statistiques avancées. Le CH a profité du repêchage pour ajouter 10 autres joueurs à sa banque d’espoirs. Filip Mesar, autre Slovaque choisi au premier tour, est déjà sous contrat. Et Lane Hutson, tout petit défenseur issu du deuxième tour, a fait tourner les têtes au camp de développement.

2. Le personnel d’entraîneurs : réglé

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Martin St Louis, entraîneur-chef du Canadien

Un dossier était pressant et un autre s’est ajouté en cours de route. Les deux sont désormais bouclés. Martin St-Louis, embauché sur une base intérimaire l’hiver dernier, est désormais lié au Canadien pour trois saisons. Il ne semble pas que les négociations pour en arriver à cette entente aient été très complexes, après que St-Louis eut explicitement exprimé son intention de poursuivre le travail amorcé avec l’équipe. À la fin du mois de juin, Luke Richardson, entraîneur adjoint responsable des défenseurs, a été nommé à la tête des Blackhawks de Chicago. Afin de le remplacer, le Tricolore a désigné Stéphane Robidas, vétéran de presque 1000 matchs dans la LNH ayant par la suite travaillé au développement des joueurs chez les Maple Leafs de Toronto. À moins d’une annonce surprise, le personnel d’entraîneurs semble complet pour amorcer la saison 2022-2023.

3. Shea Weber : réglé

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Shea Weber

Ce n’était un secret pour personne que Kent Hughes cherchait à se débarrasser du contrat de Shea Weber. C’est chose faite. Le DG a envoyé le défenseur, qui ne jouera vraisemblablement plus dans la LNH, aux Golden Knights de Vegas en retour de l’ailier Evgenii Dadonov. La manœuvre est impressionnante, considérant que, dans un passé récent, des équipes ont dû payer des extras pour en convaincre d’autres d’accueillir leurs joueurs blessés à long terme. Le CH, lui, a effacé 7,8 millions de sa masse salariale et acquis un attaquant qui peut lui donner un coup de main dès l’automne, et même lui servir de monnaie d’échange à la prochaine date limite des transactions.

4. Jeff Petry : réglé

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Jeff Petry

Ce feuilleton-là, lui aussi, bien documenté. Le défenseur Jeff Petry désirait depuis plusieurs mois changer d’adresse, surtout pour des raisons familiales. Kent Hughes a, à de multiples reprises, répété qu’il se refusait à conclure un échange dans lequel il ne trouverait pas lui-même son compte. Petry a finalement pris le chemin de Pittsburgh en compagnie du joueur de centre Ryan Poehling, dont la place dans la formation l’automne prochain était loin d’être acquise, contre le défenseur montréalais Michael Matheson et un choix de quatrième tour. La transaction, pour le CH, est surtout avantageuse sur le plan financier, puisqu’il se retrouve en déficit d’un défenseur offensif. Cela étant, Matheson vient de connaître la meilleure saison de sa carrière (31 points) et est plus jeune que Petry de six ans.

5. Du renfort au centre : réglé

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Kirby Dach

On pourrait écrire « réglé » entre guillemets, car ce n’est pas comme si le CH constituait une puissance au centre. Or, avec Nick Suzuki, Kirby Dach, Christian Dvorak et Jake Evans, la hiérarchie est claire, contrairement à la saison dernière. Il fait bon se rappeler qu’après les départs successifs de Phillip Danault et de Jesperi Kotkaniemi, au cours de l’été 2021, Evans s’est momentanément retrouvé deuxième centre de l’équipe. Et qu’au camp d’entraînement, la bataille pour le pivot du quatrième trio opposait Poehling et Cédric Paquette. L’amélioration est évidente, encore que Dach n’ait pas encore fait la preuve qu’il pouvait être un joueur offensif efficace et constant dans la LNH.

6. Réduire la masse salariale : en cours

Il y avait tellement de mauvais contrats dans les livres du Canadien que tous les liquider était une mission impossible. Or, mine de rien, Hughes s’est libéré de deux des cinq plus hauts salariés de son équipe en Weber et Petry. Le contrat pharaonique de Carey Price (10,5 millions annuellement jusqu’en 2025-2026) et, dans une moindre mesure, celui de Brendan Gallagher (6,5 millions jusqu’en 2026-2027) seraient bien plus difficiles à refiler à d’autres clubs, si telle était l’intention du CH, évidemment. Dans un monde idéal, le DG se soulagerait d’un autre gros salaire, puisqu’il ne lui reste plus de place sous le plafond salarial. Hughes, au fait, rappelle constamment que Josh Anderson est très demandé. Utiliser la liste des blessés à long terme, avec Price ou Paul Byron, par exemple pourrait constituer une autre solution pour équilibrer le budget avant la mi-octobre.

7. Du renfort en défense : en cours

À la fin du mois d’avril, Kent Hughes avait avoué ne pas être chaud à l’idée d’amorcer la saison 2022-2023 avec trois recrues à la ligne bleue. Il ne faudrait donc pas se surprendre si un vétéran s’ajoutait à la formation d’ici à la rentrée. Le vide est particulièrement abyssal sur le flanc droit depuis le départ de Petry. Comme La Presse le soulignait la semaine dernière, Anton Stralman constituerait une option intéressante et permettrait à Martin St-Louis de donner des soirs de congé à Chris Wideman et Justin Barron. Autrement, Michael Stone, ancien des Flames de Calgary, pourrait s’avérer un filet de sécurité à faible coût.

8. Les joueurs autonomes sans restriction : presque réglé

À part peut-être un défenseur d’expérience, on peut probablement considérer que les emplettes du CH sont terminées du côté des joueurs autonomes sans compensation. Kent Hughes s’est contenté de s’entendre avec le défenseur Madison Bowey ainsi que les attaquants Mitchell Stephens et Anthony Richard, qui se joindront probablement au Rocket de Laval. La direction composait avec un budget serré au possible, et Montréal ne constituait, de toute façon, pas une destination très attrayante dans l’état actuel des choses.

9. Les joueurs autonomes avec restriction : en cours

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Samuel Montembeault

Rem Pitlick (1,1 million), Samuel Montembeault (1 million) et Michael Pezzetta (750 000 $) ayant signé de nouvelles ententes, seul Kirby Dach est encore sans contrat. L’attaquant, ex-choix de premier tour des Blackhawks de Chicago, ne possède pas beaucoup d’arguments pour convaincre le CH de lui garantir une indépendance de fortune jusqu’à la fin de ses jours. Un contrat de transition d’une ou deux saisons, sous la barre des 2 millions en moyenne, aurait beaucoup de sens.

10. Carey Price : en cours

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Carey Price

On garde le cas le plus épineux pour la fin. C’est un dossier infiniment complexe pour Kent Hughes, puisqu’il n’a virtuellement pas le pouvoir de le régler aussi longtemps qu’il ne saura pas si Carey Price peut revenir au jeu pour de bon — pas le temps de quelques matchs, mais « à temps plein dans la LNH », a insisté Hughes à sa dernière apparition médiatique, le 14 juillet. À ce moment, le DG espérait avoir une « meilleure idée » de l’état de santé de son gardien « d’ici le mois d’octobre ». Cela laisse encore beaucoup d’incertitude. Price a reçu, en juin, une injection de plasma riche en plaquettes, une intervention censée faciliter la guérison de son genou. Or, le véritable test viendra lors d’exercices sur la glace. On ne finit plus de le répéter : un portrait net de l’état de santé du numéro 31 permettra enfin à l’état-major du CH de dresser un plan à court, à moyen ou à long terme. Pour l’heure, l’attente se poursuit. Encore.