Du porc épicé et du brocoli.

C’est ce qu’a mangé Louis Domingue entre la première et la deuxième période de prolongation du match entre les Penguins de Pittsburgh et les Rangers de New York, mardi soir.

« Ce n’est pas super », a lancé le Québécois en riant après le match.

Et pourtant. Quelques minutes après ce rassasiement, il devenait le premier gardien de l’histoire de la LNH à entrer dans un match de séries éliminatoires en deuxième période de prolongation.

Récapitulons.

Domingue a évolué avec le club-école des Penguins, à Wilkes-Barre/Scranton, pratiquement toute la saison. Sauf que le gardien numéro un du grand club, Tristan Jarry, s’est blessé à un pied le 14 avril. Il est donc absent pour le début des séries.

Pour le premier match éliminatoire, mardi, c’est le substitut de Jarry, Casey DeSmith, qui gardait la cage de la troupe de Mike Sullivan. Domingue était son second.

Comme l’égalité de 3-3 persistait à la fin du temps réglementaire, il y a eu une première période de prolongation, qui s’est terminée sans issue. En séries, les prolongations s’enchaînent jusqu’à ce qu’il y ait un gagnant. Ce qui ne devait pas arriver arriva : DeSmith a subi une blessure en milieu de deuxième période de prolongation et a été forcé de se retirer.

Domingue est donc venu en relève. Ce même Domingue qui n’a joué que deux matchs dans la LNH cette saison.

« J’ai vu [Casey] s’en venir au banc et je n’étais pas certain pourquoi il y avait un arrêt de jeu, a-t-il raconté. Je connaissais les arbitres qui étaient là, Jonny Murray et Frédérick L’Écuyer, deux francophones. Je pensais qu’ils blaguaient quand ils ont dit que je devais entrer dans le match. Après ça, tu y vas et tu joues. »

C’était fou, mais j’imagine que c’est ma vie. C’est le hockey.

Louis Domingue

Domingue a bloqué les 17 rondelles dirigées vers lui jusqu’à ce que les Penguins mettent fin au débat en troisième période de prolongation.

« C’est une chose pour laquelle tu te prépares comme second, a expliqué le Québécois. Tu dois être prêt à tout moment. Les gars ont super bien joué devant moi le temps où j’étais là.

« Honnêtement, je me suis bien senti dès le début, a-t-il ajouté. Je n’ai ressenti aucune pression. Tu rêves à ça toute ta vie. Tu joues en prolongation en séries. Tu me niaises ? On pourrait penser que je serais nerveux dans une telle situation, mais ce n’était que du plaisir pour moi. »

Six équipes

À 30 ans, Domingue en est actuellement à sa sixième équipe dans le circuit Bettman. Disons qu’il n’a pas vraiment expérimenté la stabilité depuis qu’il a été échangé une première fois par l’équipe qui l’a repêché, les Coyotes de l’Arizona, en novembre 2017.

Le natif de Saint-Hyacinthe a ensuite passé une saison et demie avec le Lightning de Tampa Bay, avant d’être échangé au New Jersey. Il a disputé 16 rencontres avec les Devils avant d’être envoyé aux Canucks de Vancouver, avec lesquels il n’a joué qu’un match. Il s’est ensuite entendu comme joueur autonome avec les Flames de Calgary en octobre 2020, puis avec les Penguins en septembre 2021.

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Louis Domingue avec les Flames de Calgary

Du chemin, il en a parcouru. Et pas qu’un peu.

« Tu ne sais jamais comment les choses vont se passer, mais je voulais revenir dans la LNH cette année et je pense que j’ai mis les efforts pour y arriver, a-t-il dit. Après ça, j’ai eu quelques occasions ici et là. C’est une question d’en profiter.

« Je suis heureux d’être ici, de jouer pour les Penguins de Pittsburgh, a-t-il continué. C’est toute une équipe, et je suis chanceux d’être ici. »

Tout indique que Domingue sera le gardien partant pour le deuxième match de la série face aux Rangers, ce jeudi soir, alors que l’entraîneur-chef Mike Sullivan a fait savoir que Casey DeSmith était évalué au jour le jour. Le jeune Québécois Alex D’Orio a été rappelé de Wilkes-Barre/Scranton afin de seconder Domingue.