Il semble assez évident que Jeff Petry est plus heureux depuis que Martin St-Louis a pris les rênes du Canadien. Ça se voit sur la patinoire et ça s’entend.

Après l’entraînement de lundi, le défenseur du Canadien s’est adressé aux médias pour la première fois depuis le 10 février. C’était donc une première « vraie » occasion d’obtenir ses états d’âme depuis le changement de régime, puisque sa dernière présence devant les micros était immédiatement après le tout premier match de St-Louis derrière le banc du CH.

« Martin a ramené le plaisir de venir à l’aréna », a décrit Petry, quelques minutes avant que l’équipe prenne un vol à destination de Winnipeg. « T’arrives, tu sais que tu vas travailler fort, mais c’est plaisant. Avec lui, on a hâte de venir à l’aréna, tous les jours. C’est rafraîchissant pour moi et pour l’équipe. »

C’est un Petry aux antipodes du joueur en apparence malheureux de la première moitié de saison, qui avait peu subtilement lancé une flèche à Dominique Ducharme, à la mi-décembre, en déplorant que l’équipe n’avait « pas de structure ». Était-ce son constat personnel ou plutôt un message qu’il portait au nom de ses coéquipiers ? « C’était personnel et collectif », a-t-il lancé en riant.

« Regardez ce qu’on fait maintenant, on joue bien mieux défensivement. On a éliminé la zone grise où le défenseur ne pouvait pas aller, une fois passé un certain point. Ce changement, cette demi-seconde, donnait du temps aux autres équipes et permettait à un de leurs joueurs de se retrouver à découvert. Maintenant, dans les trois zones, on est tout le temps sur un adversaire. C’est difficile pour un rival quand il n’a pas le temps de trouver le jeu parfait. On force les équipes adverses à faire un jeu. »

Le jour et la nuit

Le Tricolore vogue sur une séquence de cinq victoires consécutives, après avoir perdu ses trois premiers duels sous St-Louis. Des défaites serrées, sauf peut-être la première, 5-2 contre les Capitals de Washington avec un Cayden Primeau en mal de confiance devant le filet.

Depuis ce duel, Petry compte cinq points (deux buts, trois aides) en sept matchs et montre un différentiel de + 5.

« De façon générale, on passe beaucoup moins de temps dans notre territoire, ça nous donne plus d’énergie pour jouer en zone offensive, a constaté Petry. Quand t’es coincé dans ta zone, tu dégages la rondelle pour aller changer, donc tu leur redonnes essentiellement la rondelle. Défensivement, on tue des jeux, on a la rondelle, et comme Martin le dit, dès qu’on a la rondelle, on joue offensivement. Je suis un gars qui aime avoir la rondelle, la faire circuler, et notre façon de jouer me permet de le faire. »

« Jeff joue du très bon hockey depuis que je suis ici, a ajouté St-Louis. Il est capable de se défendre, il amène de l’attaque, il a un bâton fatigant en zone défensive. Il y a beaucoup de positif depuis que je suis arrivé, et je suis content qu’il se sente mieux parce qu’il joue un gros rôle. »

Il sera intéressant de voir la suite des choses pour Petry, dont l’avenir à Montréal est nébuleux. Sa conjointe, Julie, est en effet repartie vivre au Michigan avec leurs trois enfants pour le reste de la saison, en raison notamment des contraintes liées à la COVID-19.

En entrevue avec La Presse il y a un mois, le directeur général de l’équipe, Kent Hughes, s’était dit « disposé » à échanger le numéro 26.

« On lui a dit : “On est conscients de ce qui se passe dans ta vie. Ce n’est pas le contexte idéal pour jouer. En même temps, tu fais partie de cette équipe. S’il y a une chance que ça fonctionne des deux côtés pour t’échanger, on va t’échanger. Mais jusqu’à ce que cette situation se présente, tu fais partie du Canadien et tu dois faire ton maximum” », avait alors indiqué Hughes.

La donne a donc changé sur la patinoire, tandis qu’à l’extérieur, les restrictions tombent peu à peu. Il reste à voir si ce sera suffisant pour chasser les doutes quant à l’avenir de Petry à Montréal.

Il faut toutefois aussi garder en tête que la nouvelle administration du Canadien s’est lancée dans un processus visant à délester quelques contrats. Tyler Toffoli a été le premier à partir, et en point de presse il y a deux semaines, Hughes n’a pas caché que Ben Chiarot partirait « si la bonne offre se présente ».

À 6,25 millions par saison pour trois autres années, Petry possède toutefois un contrat plus lourd que celui des deux joueurs susmentionnés.

En bref

— Joel Edmundson s’est de nouveau entraîné avec ses coéquipiers, mais cette fois avec un gilet blanc, plutôt que bleu poudre, ce qui laisse croire qu’il a reçu le feu vert pour encaisser des contacts. Il fait le voyage dans l’Ouest canadien, mais l’équipe a indiqué qu’il ne jouera pas mardi. Edmundson n’a toujours pas disputé de match cette saison, en raison d’une blessure au dos.

— Le gardien Jake Allen a également poursuivi sa remise en forme, en solitaire dans son cas, avant ses coéquipiers.

— Christian Dvorak (haut du corps) et Jonathan Drouin (poignet) se sont, quant à eux, exercés sur la glace, à l’écart du groupe, mais après l’entraînement principal. Tout porte à croire qu’ils ne feront pas le voyage de quatre matchs dans l’Ouest, du moins la première portion.

— L’attaquant Cédric Paquette a quitté l’entraînement avant la fin, après s’être blessé au pied droit. St-Louis a toutefois dit qu’il était attendu à bord de l’avion.