Quand le Tricolore a amorcé son camp d’entraînement, en septembre dernier, quatre gardiens se sont présentés avec un contrat de la LNH en poche : Carey Price, Jake Allen, Cayden Primeau et Michael McNiven.

Lorsqu’on a appris que Price s’absenterait pour un long moment, Samuel Montembeault s’est ajouté au groupe.

En temps normal, une équipe peut parfaitement traverser une saison avec quatre ou cinq gardiens. Mais permettons-nous d’insister : en temps normal.

Avec Allen et Primeau qui tombent à leur tour sous le protocole de surveillance de la COVID-19 de la LNH, et vu l’absence de Price qui s’étire, Montembeault et McNiven sont soudain les deux uniques gardiens disponibles au sein de toute l’organisation du Canadien. Ce qui inclut l’escouade de réserve.

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Michael McNiven

Le CH possède des droits sur Joe Vrbetic, 19 ans, qui évolue dans la Ligue junior de l’Ontario, et Frederik Dichow, 20 ans, qui joue en Suède, mais aucun des deux n’est près de la LNH.

Cette saison, Kevin Poulin a joué avec le Rocket de Laval et les Lions de Trois-Rivières, filiales du CH dans la Ligue américaine (LAH) et l’ECHL, mais c’est avec le Rocket qu’il s’est entendu l’été dernier. Pas avec le Canadien. Pour le rapatrier, la direction devrait lui offrir un contrat de la LNH qui le lierait à l’équipe jusqu’à la fin de la présente campagne.

L’entraîneur-chef Dominique Ducharme a confirmé que Montembeault obtiendrait le prochain départ de son équipe ce jeudi à Raleigh. McNiven sera assis au bout du banc. Du reste, « pour le moment, on ne rappellera personne ». Évidemment, « s’il arrive quelque chose, on va s’ajuster ».

Ajustements

Les possibilités d’ajustement ne sont tout de même pas infinies. L’une d’elles, la plus évidente, serait de procéder à une transaction ou d’embaucher sur-le-champ un vétéran des ligues mineures qui pourrait finir la saison dans l’escouade de réserve, à Laval ou à Trois-Rivières. Mais encore faut-il le trouver.

Une autre serait de dénicher, à Raleigh puis à Sunrise, un gardien d’urgence – par exemple de calibre universitaire – qui pourrait être appelé à prendre la relève au pied levé en signant un contrat d’un jour. À la manière de David Ayres, passé du statut de conducteur de Zamboni à celui de sauveur des Hurricanes de la Caroline en février 2020.

Avant de se rendre là, le CH a décidé de rouler les dés et de miser sur le duo Montembeault-McNiven sans filet de sécurité supplémentaire. Inutile de préciser que cette option est loin d’être idéale, et pas seulement en raison du spectre de la COVID-19 qui plane partout dans la ligue.

McNiven, 24 ans, n’a encore jamais disputé un match dans la LNH. Il a partagé ses cinq premières années professionnelles entre la LAH et l’ECHL, disputant un peu plus d’une centaine de matchs. À Laval, cette saison, il a présenté des statistiques ronflantes, au sein d’une équipe privée de ses meilleurs éléments, il est vrai.

En novembre 2020, alors qu’il était l’entraîneur des gardiens du Canadien, Stéphane Waite avait décrit l’Ontarien comme un « compétiteur », un joueur qu’il « ador[ait] », mais qui donnait « une bonne profondeur au club-école ». Autrement dit : pas comme un gardien qui frappait à la porte de la LNH.

Deux jours après avoir été rappelé du Rocket vers l’escouade de réserve du CH, le voilà aujourd’hui propulsé au rôle d’adjoint pour la première fois de sa carrière.

Peut-être était-ce en raison des évènements qui se précipitent pour lui ou encore en raison d’un calme naturel, mais le principal intéressé avait la célébration drôlement sobre, mercredi.

« Je suis juste là pour travailler fort et être meilleur chaque jour. On va voir où ça va me mener », a-t-il dit aux membres des médias pendant une visioconférence.

Sans entraîneur

McNiven n’a pas encore reçu d’indication par rapport à la charge de travail qu’on attend de lui – ou pas. L’une des raisons pouvant expliquer cet état de fait, c’est l’absence d’un entraîneur des gardiens de but pendant ce voyage de six jours.

Éric Raymond, qui occupe ce poste avec le Tricolore, n’a pu accompagner l’équipe, lui qui tombe sous le protocole de COVID-19, et on ne l’a pas remplacé.

Son homologue chez le Rocket de Laval, Marco Marciano, avait assuré l’intérim pendant quelques semaines la saison dernière après le congédiement de Stéphane Waite ; cette fois, on ne l’a pas appelé en renfort. Et Sean Burke, directeur des gardiens de but de l’organisation, n’a pas rejoint l’équipe non plus. Notre demande de précisions à ce sujet auprès du Canadien n’a pas reçu de réponse.

En l’absence de spécialistes, c’est le reste du personnel d’entraîneurs qui prend la relève auprès des gardiens. « On essaie de les aider le plus possible, mais il y a un côté tellement spécifique à cette position qu’on n’entre pas dans de grands détails, a avoué Dominique Ducharme. On parle plus de choses de base afin de s’assurer que notre gardien qui embarque devant le filet arrive avec un plan. »

Ducharme a aussi dit que les communications entre Éric Raymond et ses ouailles pouvaient toujours se faire « à distance » ; McNiven a toutefois indiqué que ça n’avait pas encore été possible.

Dans les circonstances, Montembeault, Primeau et lui se sont « trouvé du travail ». Il faut dire qu’ils se connaissent bien : Primeau et lui jouent ensemble à Laval depuis trois ans, et il a croisé Montembeault à la fin de leur stage junior.

Ensemble, ils se « poussent chaque jour », dit-il. « On doit se rendre meilleurs les uns les autres et être prêts pour le prochain match. »