Chaque fois qu’il foulera la patinoire, et ce, pour le reste de sa carrière, Pierre-Luc Dubois le fera en l’honneur de son défunt ami et coéquipier Matiss Kivlenieks.

Fini, le numéro 13. Pierre-Luc Dubois a décidé qu’il arborerait désormais le 80, numéro que portait Kivlenieks avec les Blue Jackets de Columbus. Mort tragiquement après avoir été frappé par un feu d’artifice le 4 juillet dernier, le gardien de 24 ans a laissé dans le deuil des coéquipiers qui peinent toujours à accepter son départ.

« Ça n’a pas été facile, évoque doucement Dubois. C’est la première fois que quelqu’un proche de moi, d’aussi jeune, qui n’a aucune maladie ou quoi que ce soit, meurt du jour au lendemain. Ç’a été difficile pour tout le monde qui le connaissait. »

C’est par l’entremise de l’entraîneur des gardiens des Blue Jackets que Dubois a entendu parler de Kivlenieks pour la toute première fois, en 2017. Les deux jeunes hommes se sont ensuite côtoyés dans des camps et se sont rapidement liés d’amitié. Ils partageaient souvent des soupers entre coéquipiers.

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Pierre-Luc Dubois, lors d’un match au Centre Bell durant les dernières séries éliminatoires

J’étais proche de lui, mais je pense que ça va au-delà de ça. C’était tellement une bonne personne, c’est ce qui fait que c’est encore plus triste, ce qui est arrivé.

Pierre-Luc Dubois

Dubois, devenu depuis membre des Jets de Winnipeg, tenait à faire « quelque chose » à la mémoire de son ami. Ne serait-ce que pour lui rendre hommage, pour garder son souvenir vivant. Et un peu, aussi, pour que le rêve de Kivlenieks dans la LNH se poursuive, d’une certaine façon.

« C’était le début de sa carrière, ajoute Dubois. Son rêve, c’était de jouer dans la Ligue nationale. J’étais là à son premier match, sa première victoire… C’est triste que sa carrière prenne fin aussi tôt, à un si jeune âge. »

« Il me reste encore beaucoup d’années à jouer, alors pour moi, de prendre le numéro 80, c’est une façon de continuer un peu sa carrière, même si ce n’est pas son nom de famille qui est dans le dos », ajoute-t-il.

De Columbus à Winnipeg

Choix de premier tour, troisième au total, en 2016, Pierre-Luc Dubois a passé les trois premières saisons de sa carrière à Columbus, sous les ordres du bouillant John Tortorella. Au début de la saison 2020-2021, la relation entre le joueur et l’entraîneur paraissait, disons, tumultueuse. C’est ce qui, selon certains, aurait mené à l’échange de Dubois aux Jets en janvier.

Six mois plus tard, le joueur de centre est toutefois très loin d’entretenir une quelconque rancœur à l’endroit de Tortorella.

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John Tortorella a été l’entraîneur-chef de Pierre-Luc Dubois durant les trois premières saisons de sa carrière à Columbus.

« C’est drôle, parce que je n’ai pas vraiment parlé de ça. On ne m’a pas vraiment posé la question. Torts et moi, on s’est parlé il n’y a pas longtemps. On garde une bonne relation. Ç’a été un coach qui était très difficile envers moi, mais qui voulait que je m’améliore comme joueur, comme personne », explique Dubois, qui a rencontré La Presse dans le cadre de la Classique Kevin Raphael au profit de Leucan, le 7 août dernier.

Je pense qu’en tant que joueur, la seule chose que tu peux demander à ton coach, c’est qu’il te pousse au-delà même de ce que toi tu penses être capable de faire, qu’il fasse sortir le meilleur de toi-même. Torts, ç’a été ça pour moi.

Pierre-Luc Dubois

Bien sûr, il y a eu des désaccords, admet-il.

« Quand c’était blanc, c’était blanc, et quand c’était noir, c’était noir, et il te le disait. Mais la qualité première d’un coach, c’est quand il te dit vraiment les choses telles qu’elles sont, qui ne passe pas par quatre chemins, qu’il ne t’envoie pas des messages secrets. Torts, c’était très direct comme messages. »

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Après avoir disputé ses trois premières saisons dans la LNH à Columbus, Pierre-Luc Dubois (13) poursuivra sa carrière à Winnipeg, avec les Jets.

Toujours est-il que Pierre-Luc Dubois évolue maintenant pour les Jets. Une équipe qui a connu des hauts et des bas cette année, éliminée sèchement par le Canadien en finale de la division Nord, mais qui aspirera aux grands honneurs au cours des prochaines saisons.

Je suis content, c’est une bonne organisation. On a une bonne équipe aussi, on va accomplir de bonnes choses.

Pierre-Luc Dubois

« Cette année, on a montré deux équipes différentes : une équipe qui pouvait gagner la Coupe Stanley et une équipe qui, par moments, avait de la misère à jouer les 60 minutes au complet, poursuit-il. Pour nous, ça va être important l’année prochaine de prendre le prochain step, d’être plus constants. »

En 41 matchs avec les Jets cette saison, Dubois a amassé 8 buts et 12 passes pour un total de 20 points. Avec la quarantaine à son arrivée au Canada, les blessures, les ajustements et le peu d’entraînements, « ça n’a pas été facile » au début, admet-il.

« Mais je pense que tout arrive pour une raison dans la vie. Tu peux apprendre de tout ce qui t’arrive, que ce soit facile ou non. Je pense que c’est comme ça que tu grandis dans la vie, que tu deviens plus mature. Pour moi, cette année, ç’a été une autre année d’apprentissage. »

Pas de retrouvailles avec Savard

À sa première saison dans la Ligue nationale, Pierre-Luc Dubois a habité chez le nouveau défenseur du Canadien, David Savard. Encore aujourd’hui, les deux Québécois entretiennent une étroite relation. « Je m’en vais à Québec pour aller les voir dans deux semaines, pour amener un de ses fils aux Galeries de la Capitale », laisse d’ailleurs entendre l’attaquant de 23 ans, sourire aux lèvres. Ce dernier ne le cache pas : il aurait bien aimé que Savard opte pour Winnipeg plutôt que pour Montréal à l’ouverture du marché des joueurs autonomes ! « J’espérais ! Je l’avais texté, j’ai essayé de le faire venir à Winnipeg. Je n’ai parlé à personne de Winnipeg, mais j’ai pris les choses en mains ! lance-t-il en riant. J’ai fait du mieux que je pouvais, mais je suis content pour lui, il est content à Montréal. »