Marc Bergevin cherche depuis des années un ailier costaud qui puisse aider ses deux premiers trios. Mécontent d’être employé à l’aile, Max Domi se considérait comme un joueur de centre. Et les Blue Jackets de Columbus en cherchaient justement un.

Tout ce beau monde semble avoir trouvé son compte lorsque le Canadien a envoyé Domi et un choix de troisième tour au repêchage de 2020 vers l’Ohio. L’ailier droit Josh Anderson a fait le chemin inverse.

Sur papier, Anderson, 26 ans, a tous les atouts pour se faire des amis à Montréal. À 6 pi 3 po et 222 lb, il devient instantanément l’attaquant le plus costaud du Tricolore – Joel Armia le dépasse d’un pouce, mais lui concède une dizaine de livres. Avec 282 mises en échec depuis deux saisons, et ce, même s’il a raté la majorité de la dernière campagne, il surpasse largement le meneur montréalais à ce chapitre en attaque – Armia, justement. Et sa récolte de 27 buts en 2018-2019, sa meilleure en carrière, laisse présager l’arrivée d’un dangereux franc-tireur dans la métropole.

PHOTO ANDRÉ PICHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Josh Anderson

« C’est un gros bonhomme, il a un bon patin, il a une touche pour marquer… il n’y en a pas beaucoup, des joueurs comme ça, dans la LNH », a fait valoir Bergevin, quelques heures après avoir réalisé la transaction. À ses yeux, « il était important de l’acquérir ».

Mais, puisqu’il y a un mais, il faudra qu’Anderson fasse oublier sa dernière saison. En 2019-2020, il n’a inscrit qu’un maigre but et récolté quatre points en 26 rencontres à Columbus. Des blessures aux deux épaules l’ont embêté dès le mois d’octobre et ont mis fin à sa saison à la mi-décembre. Une intervention chirurgicale l’a empêché de revenir au jeu, même en séries éliminatoires au mois d’août.

« Pendant deux mois avant d’être opéré, il jouait malgré beaucoup de douleur. Ça faisait peut-être même plus longtemps, car souvent, les joueurs ne disent pas qu’ils sont blessés », a expliqué son agent, Darren Ferris, pour justifier les insuccès offensifs de son client. Bergevin a également affirmé qu’avant de conclure l’échange, les Blue Jackets ont fourni « tous les documents au sujet de son opération » à l’équipe médicale du Canadien, qui a estimé que le nouveau venu serait de retour en santé avant le début de la prochaine saison.

Tous deux représentés par Ferris, Domi et Anderson sont sans contrat en vue de la saison 2020-2021. Domi sera admissible à l’autonomie complète dans deux ans et Anderson, dès la saison 2021-2022.

Ferris a indiqué que des discussions contractuelles avaient eu lieu entre Anderson et les Blue Jackets, mais que les deux camps n’avaient pas trouvé de compromis. « Les dollars n’étaient pas là », a-t-il résumé. Bergevin, toutefois, s’est dit « confiant » d’en venir à une entente avec lui.

Les deux joueurs s’adresseront aux représentants des médias ce mercredi matin.

En queue de poisson

Cet échange contre un joueur convoité permet à Domi de quitter Montréal sur une note relativement positive. N’empêche, ses derniers coups de patins avec le Canadien ressemblaient drôlement à une finale en queue de poisson.

Le fils du légendaire bagarreur Tie Domi a pourtant fait un tabac à son arrivée à Montréal. Après avoir été acquis des Coyotes de l’Arizona en retour d’Alex Galchenyuk, le petit attaquant a récolté 72 points en 82 matchs, concluant en 2018-2019 la meilleure saison de sa carrière, de loin.

Son départ n’a toutefois rien de surprenant. D’abord considéré comme un joueur de centre, il a peu à peu été muté à l’aile la saison dernière, une régression indubitablement attribuable à l’émergence de Nick Suzuki.

Il a tout de même trouvé le moyen d’obtenir 44 points, dont 17 buts, en 71 matchs, mais son manque d’engagement défensif et une motivation à degré variable l’ont éloigné des bonnes grâces de Claude Julien.

Domi a retrouvé un poste au centre en séries éliminatoires, mais au sein du quatrième trio. Entouré d’ailiers moins talentueux, il a été limité à trois mentions d’aide, toutes obtenues au cours du même match. Il a été blanchi au cours des neuf autres rencontres auxquelles il a pris part. Son temps de glace a lui aussi fondu : de 17 min 6 s en saison, il s’est résumé à 14 min 21 s en séries.

Marc Bergevin n’a pas caché que « Max n’était pas heureux de son utilisation ». « Il a connu des difficultés et Claude [Julien] n’a pas eu le choix de faire jouer ceux qui fonctionnaient mieux. »

« Il a eu une année difficile, il a eu de la misère sur la glace. C’est un bon joueur et je lui souhaite le meilleur à Columbus », a ajouté le DG du Canadien.

Cela étant dit, l’agent de Domi est catégorique : jamais il n’a demandé de transaction à la direction du Canadien. « Il voulait rester à Montréal, ne voulait pas quitter ses coéquipiers, a assuré Darren Ferris. Max a toujours voulu rester, mais il comprend que c’est une business. »

À Columbus, Domi aura la chance de relancer de nouveau sa carrière. Bonne nouvelle pour lui : le directeur général Jarmo Kekalainen a éliminé toute confusion sur ses attentes. Dans un communiqué, il a écrit que l’ajout de Domi répondait à un besoin de « renforcer [sa] ligne de centre », une priorité pour le club. Il voit dans son nouveau joueur « un fabricant de jeu talentueux qui apporte également de la hargne et de la compétitivité » à sa formation.

Max Domi a été sélectionné au premier tour (12e au total) par les Coyotes en 2013. Quant à Anderson, les Blue Jackets en ont fait leur 4e choix (95e au total) en 2012.

– Avec la collaboration de Guillaume Lefrançois et de Richard Labbé