De l’avis collectif, le Canadien a réalisé un des bons coups de l’été dernier dans la LNH en embauchant Ben Chiarot. Or, la plus grande aubaine de la saison morte sera elle aussi sur la glace du Centre Bell ce jeudi soir, mais elle portera plutôt le chandail du Lightning de Tampa Bay.

Moins d’une semaine après que les Rangers eurent racheté les deux dernières années du contrat de Kevin Shattenkirk, au début du mois d’août, le défenseur paraphait une entente d’une saison avec le Lightning moyennant 1,75 million. On se doutait que le directeur général Julien BriseBois avait fait une bonne affaire, mais peut-être pas à ce point-là.

Comme ç’avait été le cas pour bien d’autres vedettes embauchées à fort prix avant lui à New York, les choses n’ont pas très bien fonctionné pour Shattenkirk à Manhattan. Après deux saisons de 56 points à St-Louis et à Washington, le défenseur américain n’a jamais trouvé son rythme chez les Rangers. Il a été limité à 51 points étalés sur 119 matchs, au cours desquels il a en outre cumulé un différentiel misérable de -29.

Coincée sous le plafond salarial, la direction des Blue Shirts a donc racheté son contrat. Et à la lumière de ses 25 points en 38 matchs, assortis d’un différentiel de +10, force est de constater que Shattenkirk s’est rapidement plu sous le soleil de la Floride.

« Je savais que je serais l’un des gars les plus vieux dans le vestiaire, alors j’ai pris mon temps pour me familiariser tout le monde, a dit le défenseur en entrevue avec La Presse. Je voulais être un leader, être entendu, mais je voulais avant tout afficher de la constance sur la glace pour pouvoir donner du poids à mes mots. »

Victor Hedman confirme que l’impact de ce défenseur à caractère offensif a été immédiat.

« On sait à quel point il peut faire du dommage grâce à son lancer, mais c’est aussi tout un passeur », analyse le géant de 6 pi 6 po.

Même s’ils ont peu joué ensemble – Shattenkirk évolue principalement à la droite de Mikhail Sergachev –, Hedman vante les talents de communicateur de son coéquipier sur la glace. « Il rend la vie facile à tout le monde », observe-t-il, appuyé par Sergachev.

« On s’aide l’un l’autre, il lit bien ce que je vais faire, et je lis bien ce qu’il va faire. C’est très plaisant », souligne le jeune défenseur russe

À Tampa, Shattenkirk a trouvé une « mentalité de gagnant », au sein d’une équipe qui a connu du succès et dont le but premier est de remporter la Coupe Stanley. Le début de saison a été ardu, mais le Lightning a maintenant retrouvé ses repères. Sans jeter la pierre aux Rangers, Shattenkirk note à quel point le changement d’air a été bénéfique pour lui.

« À New York, ils sont en reconstruction. Ça se passe une étape à la fois, mais il reste encore beaucoup de chemin à parcourir, souligne-t-il. Comme joueur, tu dois composer avec ça. Tu sais que perdre des matchs fait partie du processus. Ici, ce n’est pas ça du tout. »

Ajouts de taille

L’entraîneur du Lightning n’a rien raté de cette intégration réussie, qui est arrivée à point nommé après que l’équipe eut perdu de nombreux vétérans en Anton Stralman, Dan Girardi, Ryan Callahan et J.T. Miller.

Puisque le noyau offensif du Lightning n’a pas été touché, ces départs peuvent paraître sans conséquence au premier abord. Mais il s’agissait là de « voix fortes » dans le vestiaire, rappelle Jon Cooper.

« C’est pratiquement deux équipes différentes », souligne-t-il en comparant les formations de cette saison et de l’année dernière.

« Évidemment, il n’y a pas de questions à se poser sur notre noyau, mais on a perdu beaucoup de leadership. Quelqu’un devait prendre la relève, remplir ce vide. Des gars comme Alex Killorn se sont levés, mais Shattenkirk et Pat Maroon ont eu immédiatement une influence positive, même si on les a amenés tard. Je ne crois pas qu’on réalisait alors à quel point ils auraient ils auraient une influence positive. »

En effet, ce n’est qu’à la fin du mois d’août que Maroon s’est joint au Lightning. Après avoir remporté la Coupe Stanley avec les Blues de St-Louis, l’équipe de son enfance, il a été incapable de s’entendre sur un nouveau contrat. À contrecoeur, il a dû se chercher du boulot ailleurs. Le voilà donc lui aussi à Tampa où, comme Shattenkirk, il a été accueilli « à bras ouverts ».

« Ces gars jouent ensemble depuis longtemps, mais ils nous ont rendu la vie facile, raconte Maroon. On s’est ajustés à eux et on fait maintenant partie du groupe. »

Contre le Canadien, jeudi soir, le Lightning tentera d’aligner une cinquième de victoire de suite, et une huitième en 11 matchs. Le 1er décembre dernier, l’équipe était toujours écartée du portrait des séries : la voilà maintenant bien installée au troisième rang de la division Atlantique, à la poursuite des Maple Leafs et même des puissants Bruins.