C’est maintenant confirmé : si la LNH termine sa saison 2019-2020, le Canadien participera aux séries éliminatoires.

Après avoir tenu un vote auprès de ses membres, l’Association des joueurs (AJLNH) a accepté la proposition de la ligue d’adopter un format de séries impliquant 24 équipes, soit 12 dans chaque conférence. Les quelque 10 à 12 rencontres que chaque formation devait encore disputer au calendrier régulier ont donc été abandonnées, et les sept dernières formations du classement générales sont d’emblée éliminées.

Dans un communiqué succinct, l’AJLNH a écrit que son comité exécutif avait « autorisé des négociations additionnelles avec la LNH concernant un retour au jeu à 24 équipes pour déterminer le gagnant de la Coupe Stanley 2020 ». Il est toutefois précisé qu’un accord formel doit encore être conclu concernant « tous les enjeux » relatifs à un retour au jeu.

Le Tricolore devient donc la dernière équipe qualifiée dans l’Est, et ce, malgré la piètre fiche de 31-31-9 qu’il présentait au moment où la LNH a suspendu ses activités à la mi-mars. Il affrontera les Penguins de Pittsburgh.

Dix-huit voix étaient nécessaires parmi les 31 équipes du circuit pour que l’entente soit entérinée. Apparemment, l’unanimité était loin d’être atteinte.

« Il n’y a rien de parfait », avait prévenu Ryan Johansen, des Predators de Nashville un peu plus tôt cette semaine. De fait, l’appel-conférence tenu jeudi soir par le comité exécutif de l’AJLNH a été « animé », a écrit vendredi Bob McKenzie, informateur réputé du réseau TSN.

Déjà, au cours des dernières semaines, quelques joueurs, dont Phillip Danault, du Canadien, avaient exprimé leurs réserves à l’idée d’être possiblement isolés de leur famille pendant deux ou trois mois.

Mais l’un des principaux points en litige demeurait l’accession de 24 équipes aux séries, qui fait en sorte que les équipes classées aux rangs 5 à 12 de chaque conférence s’affronteront dans une courte série trois-de-cinq en prélude au format classique à 16 clubs et aux traditionnels quatre-de-sept. Selon Pierre Lebrun, du site Athlétique, la proposition de séries deux-de-trois, d’abord formulée par la LNH, avait été amendée à la demande l’AJLNH afin d’éviter les coups d’éclat d’équipes plus faibles.

La série Canadien-Penguins qui se dessine est un exemple parfait des craintes soulevées. Une rumeur – le New York Post y a même consacré un article en bonne et due forme – voulait que, dans la ville de l’acier, on était plutôt tiède à l’idée d’affronter Carey Price dans une série aussi courte. Malgré des statistiques en baisse depuis quelques années, le gardien du Canadien possède encore un fort pouvoir d’intimidation et, apparemment, la bande de Sidney Crosby n’était pas emballée de devoir battre Price deux fois en seulement trois matchs.

Le représentant des Penguins au sein de l’AJLNH, Kris Letang, a toutefois confié à Elliotte Friedman, de Sportsnet, que son équipe avait voté en faveur de la proposition.

« En bout de ligne, on veut ce qui est le meilleur pour le hockey afin qu’il continue de se développer », a-t-il dit, ajoutant que la sécurité demeurait « primordiale » pour les joueurs.

« Peu importe contre qui on joue, ce sera difficile. [Si ça n’avait pas été Montréal], ç’aurait été Washington ou Philadelphie », a-t-il aussi convenu.

Pas près d’un retour

Cette avancée dans le long processus menant à une reprise des activités de la LNH ne signifie toutefois pas qu’un retour au jeu soit imminent. Au contraire.

Dans une entrevue accordée à la balado La Poche bleue, jeudi soir, l’influent agent Pat Brisson a estimé qu’il prévoyait que les premiers matchs soient disputés à la fin du mois de juillet, et que les séries s’étirent jusqu’en septembre. Ainsi, un gagnant de la Coupe Stanley serait couronné au moment où, normalement, les équipes retournent au boulot pour leur camp d’entraînement.

Toujours selon Brisson, la campagne 2020-2021 pourrait quant à elle se mettre en branle en décembre, peut-être même en janvier 2021. Le Québécois a par contre précisé que ces options n’étaient envisageables que « si tout va bien » et qu’une deuxième vague de pandémie ne prend pas d’assaut l’Amérique du Nord à l’automne.

Peu importe la date où la rondelle tombera sur la patinoire de nouveau, il est déjà acquis que les rencontres seraient disputées dans des arénas vides et qu’elles ne seraient accessibles au public que par le truchement de la télévision. En récupérant les droits de diffusion associés aux séries éliminatoires, la LNH espère retrancher le tiers de ses pertes attribuables à la crise, évaluées à plus d’un milliard.

Par ailleurs, les activités de la ligue seraient concentrées dans quelques marchés ciblés au Canada et aux États-Unis, où les joueurs demeureraient en permanence afin de limiter au maximum les déplacements et les contacts avec l’extérieur. Différents scénarios impliquant de deux à neuf villes ont été avancés.

Las Vegas, notamment, a plusieurs fois été évoqué parmi les destinations potentielles. Le premier ministre de l’Alberta, Jason Kenney, a également vanté Edmonton comme étant un choix « évident » de ville-hôtesse en raison de la faible prévalence de COVID-19 au sein de la population.

Montréal et New York, par contre, seraient d’emblée exclus, vu la situation toujours critique qui y prévaut.

En outre, tout ce scénario demeure tributaire de l’évolution de la pandémie et des directives de santé publique dans les deux pays. Parmi les nombreux obstacles dans le plan de relance de la LNH, on compte évidemment la fermeture de la frontière canado-américaine aux voyages non essentiels au moins jusqu’au 21 juin.

Plus tôt cette semaine, le commissaire adjoint du circuit, Bill Daly, a expliqué au réseau Sportsnet que selon le calendrier envisagé par la ligue, cette date-butoir ne posait pas problème. Il n’est toutefois pas exclu que la LNH demande une dérogation si cette fermeture était prolongée.

L’entente conclue entre l’AJLNH et la ligue pour la reprise des activités ouvre toutefois la porte à la « phase 2 » du plan de relance prévu par la LNH. Après que les joueurs se furent isolés chacun de leur côté, le protocole prévoit qu’ils convergent peu à peu vers les installations des équipes pour s’y entraîner en petits groupes. La phase 3 serait constituée de camps d’entraînement en bonne et due forme, impératifs pour des athlètes dont la majorité n’a pas enfilé les patins depuis la mi-mars.