(Calgary) Partout où il est allé, Andrew Mangiapane a toujours été trop petit. Il était trop petit au hockey mineur, quand, enfant, il devait patiner face à des garçons déjà plus gros que lui. Il était trop petit pour le hockey junior ontarien, où personne ne voulait de lui. Et il était bien sûr trop petit pour la Ligue nationale de hockey.

Mais alors, comment expliquer que Mangiapane, 23 ans et surtout 5’10, selon les chiffres officiels de la ligue, soit devenu un membre en règle des Flames de Calgary ? « J’imagine que c’est une bonne histoire ! », dit le principal intéressé en souriant, dans le vestiaire des Flames.

Une bonne histoire ? On pourrait dire ça, oui.

« Tout a commencé avec un ami du secondaire, dont le père connaissait un assistant chez les Colts de Barrie, dans la Ligue junior de l’Ontario, raconte-t-il. Je jouais au hockey dans le Midget AAA, mais personne n’avait voulu me repêcher au hockey junior, alors je me suis présenté un été à un genre de pré-camp, qui était mené par les assistants du club. Ça s’est bien passé, et ils m’ont dit de venir faire un tour au vrai camp plus tard, juste pour voir. Je me demandais si j’étais de calibre, capable de suivre. J’y suis allé à 17 ans, j’étais le deuxième plus jeune du groupe… »

Pendant ce temps, le jeune Mangiapane se faisait dire de penser à autre chose par les gens de son entourage, mais voilà qu’au camp des Colts, il se mettait à prendre du galon : sur le quatrième trio, puis sur le troisième, le deuxième… « et à un moment donné, je me suis mis à jouer avec les meilleurs attaquants du club, des gars mieux cotés que moi. Après ça, les dirigeants des Colts m’ont fait venir dans leur bureau pour me dire de rester. Mes parents ne pouvaient pas y croire ; j’étais censé aller jouer dans le junior A. »

Ça, c’était déjà pas pire pour un petit joueur qui avait appris à patiner à l’arrière de la maison familiale dans la région de Toronto, en qui les attentes avaient toujours été modestes. Seulement voilà, à Barrie, le petit joueur s’est mis à jouer : saison de 104 points en 2014-15, saison de 106 points en 2015-16. Peu à peu, son agent a commencé à lui parler de la LNH, à lui conseiller de se présenter au repêchage, parce qu’on ne sait jamais. Quelques équipes avaient signifié de l’intérêt…

« Alors toute la famille, on a pris la voiture pour aller au repêchage à Philadelphie en 2014. On est restés là toute la journée, mais personne n’a dit mon nom. Ce fut un peu décevant pour tout le monde qui était là avec moi, et j’étais déçu moi-même, bien sûr. Mais peut-être que les équipes de la LNH voulaient m’étudier une autre année ? On a refait ça l’année suivante, et nous sommes retournés au repêchage qui avait lieu cette fois-là en Floride, et c’était encore la même affaire : on a attendu et on a attendu… jusqu’au sixième tour. »

Et puis c’est là, au sixième tour, avec le 166e choix au total, que les Flames ont enfin prononcé le nom d’Andrew Mangiapane. Est-ce que ce fut un soulagement ? Une surprise ? « Je ne me souviens même pas de ce que j’ai ressenti à ce moment-là », répond-il, comme s’il n’en revenait toujours pas.

Depuis cette journée, l’attaquant a passé trois saisons dans la Ligue américaine, en plus de jouer un peu avec les Flames. La présente saison est sa première à temps plein dans la LNH, et il a maintenant 10 points en 34 rencontres.

« Quand j’étais jeune, mon idole, c’était Martin St-Louis… J’étais un gros fan de lui et du Lightning de Tampa Bay, et à ce moment-là, Martin était probablement le joueur le plus petit de toute la LNH, mais il était quand même capable de jouer dans cette ligue-là. Je le regardais aller et je me disais, pourquoi pas moi ? »

Pourquoi pas, en effet.