(Las Vegas) William Carrier a déjà été un joueur très offensif. Son gabarit a fait de lui un attaquant de puissance durant ses années juniors au Cap-Breton et à Drummondville. À ses trois dernières saisons dans la LHJMQ, il s’est toujours maintenu à peu près à un point par match. Si bien qu’il a été repêché au deuxième tour en 2013 par les Blues de St. Louis.

Mais il a dû changer. S’adapter plutôt. Pour faire sa place dans la LNH, Carrier est devenu un typique joueur de quatrième trio. Il est l’un des meneurs cette saison dans la ligue pour les mises en échec, au sein d’un trio avec notamment Ryan Reaves qui ne fait pas dans la dentelle.

La raison de cette prise de conscience est évidente.

« Quand tu as le choix d’être un joueur de premier trio dans la Ligue américaine ou de quatrième trio dans la LNH, je vais choisir la LNH. »

Marc-André Dumont a été l’entraîneur de Carrier avec les Screaming Eagles du Cap-Breton. Il se rappelle de lui comme d’un attaquant qui ne s’en laissait pas imposer, mais qui devait travailler sur son coup de patin et son jeu défensif. Il s’était aussi mis en tête de lui faire comprendre que son talent offensif n’allait pas nécessairement lui ouvrir les portes de la LNH. Exactement comme Bruce Richardson l’avait fait pour Samuel Blais, avec les résultats que l’on connaît aujourd’hui.

« Avec tous les joueurs offensifs, c’est toujours le défi d’enseigner et de faire réaliser que la partie offensive, ce n’est pas ce qui va te faire jouer dans la LNH, a dit Dumont. Des joueurs offensifs, il y en a plein dans la Ligue américaine. Je lui disais : si, offensivement, tu ne produis pas au prochain niveau, tu vas devoir faire autre chose. Être joueur d’énergie, ça pourrait te donner une ouverture, et ça pourrait aider ton attaque. C’est un bel exemple pour les joueurs qui n’ont pas su adapter leur identité aux besoins du niveau suivant. »

Dumont salue d’ailleurs la perspicacité de Carrier, qui a su comprendre où était son profit.

« J’ai trouvé le rôle que je veux jouer, a expliqué Carrier. On l’aime. Reaves et moi, on en tire de la fierté. Dans la Ligue américaine, on commence à comprendre les rôles. Surtout chez les équipes qui ont du succès. Les gars l’acceptent. C’est la façon dont George McPhee a bâti son équipe ici. Quand tu comprends ton rôle, c’est bon pour tout le monde. Ç’a été assez simple pour nous, car nous avons pu mettre tous les joueurs ensemble. C’est la clé de nos succès. »

Un trio de la vieille école

Si bien que Carrier a créé avec Reaves un trio d’énergie typique, presque de la vieille école. Reaves domine la LNH avec 60 coups d’épaule, Carrier n’est pas loin à 44. Ils ont été complétés tantôt par Tomas Nosek, tantôt par Nicolas Roy, lors de son seul match cette saison dans la grande ligue.

« On connaît notre rôle dans l’équipe. Cette année, on a apporté un peu plus d’offensive. Reaves a deux buts, moi aussi j’en ai deux, Nosek est à trois. On ne cherche pas la mise en échec à tout prix, mais si on a la chance, on la finit. »

Carrier compte en effet deux buts et deux aides cette saison. Son sommet personnel s’établit à 9 points, 8 buts et 1 aide, la saison dernière. Il est donc déjà en bonne voie de connaître sa meilleure saison offensive, même s’il est le joueur le moins utilisé par son entraîneur Gerard Gallant en moyenne.

Il faut dire qu’il n’a été que très peu employé sur les unités spéciales cette saison, moins de trois minutes tant sur l’avantage que sur le désavantage numérique.

N’empêche, Carrier a su modeler son rôle sur les besoins de son équipe. Et c’est parce qu’il a eu l’intelligence de la faire qu’il est devenu un joueur régulier de la LNH.

« Notre trio est l’exemple parfait de l’autre division. Chaque équipe essaie d’avoir ce trio, qui amène de l’énergie, mais peut quand même jouer au hockey. On essaie de ne pas écoper de pénalités, on joue simplement, mais on frappe. »