Le Canadien de Montréal a déjoué les pronostics les plus sombres. Avant les matchs d'hier, il était exclu des séries, mais de presque rien. Claude Julien a parfaitement résumé la situation: «Si on nous avait dit avant de commencer la saison qu'on en serait là, à ce moment-ci, on l'aurait pris.»

Parfait. Mais avec cette nouvelle réalité viennent de nouvelles attentes. On attend d'une part que le Canadien trouve le moyen de participer aux séries. C'était l'objectif avant le premier match de la saison, ça l'est d'autant plus maintenant que les partisans peuvent y croire. On attend d'autre part des jeunes joueurs qu'ils dépassent leur courbe d'apprentissage normale. Bref, qu'ils apprennent plus vite.

Il faut dire que le contexte s'y prête bien. Beaucoup plus que la saison dernière, en tout cas. C'est très formateur pour les novices d'être plongé dans un environnement si compétitif, une course aux séries, mais c'est également fort exigeant. Quand Jesperi Kotkaniemi a fait exploser l'internet en étant laissé de côté deux fois, toute cette notion de «fatigue» dans les derniers milles de la saison est revenue à l'avant-scène.

On l'a vécu à travers les yeux de Kotkaniemi en Californie. On le voit aussi dans l'inconstance de Jonathan Drouin, blanchi dans 12 de ses 13 derniers matchs - et dont on a tendance à oublier qu'il n'a encore que 23 ans. Victor Mete en est un autre qui vit à peu près la même chose, à 20 ans.

Quand il s'est retrouvé jumelé à Shea Weber juste avant Noël, tout était beau. Il avait gagné le gros lot. Le duo a connu des moments de grâce. Ils étaient presque impossibles à prendre en défaut à cinq contre cinq. Leur différentiel grimpait en flèche. Mete s'est même offert un +4 contre les Jets de Winnipeg le 7 février.

Mais depuis, Weber et Mete ont connu des défaillances. Le jeune homme est à -8 depuis le match contre les Jets. Affronter les meilleurs joueurs de la LNH, soir après soir, à coups de 20 minutes, c'est éreintant. Surtout rendu au 70e match de la saison, ce soir contre les Red Wings de Detroit.

«C'est difficile de garder son énergie, a reconnu Mete. Je dois me reposer. Je sais que je vais jouer beaucoup, alors j'ai toujours la même routine, chaque jour. Je veux que mon corps comprenne ce qui s'en vient. Je me repose, je mange le mieux possible, jamais de malbouffe, je bois beaucoup d'eau. Par exemple, j'étais très fatigué dimanche [au retour de Californie]. J'ai beaucoup dormi, j'ai bien mangé, je me suis bien hydraté.»

Il essaie aussi d'appliquer le mieux possible le conseil de vétéran de Weber, qui en a vu d'autres à travers les années: «Repose tes jambes.»

Apprendre

Pour Claude Julien, les bienfaits de cette course aux séries se résument en un mot: expérience. Vous conviendrez que c'est moins défaitiste que le mantra de la dernière saison, répété trop souvent par Brendan Gallagher: apprendre dans la défaite.

«Quand tu l'as vécu une fois, tu sais à quoi t'attendre la fois d'après, a expliqué l'entraîneur. C'est le plus important. Je pourrais offrir une longue explication, mais au final, ce n'est que ça, l'expérience. Placer les joueurs dans ces situations. La prochaine fois, ils sauront ce qui va se passer. Même que la première fois que ça arrive, la naïveté n'est pas si mal. Ils ne savent pas ce qui s'en vient d'ici les séries. Mais le mot d'ordre reste le même: on doit y accéder.»

«C'est un encore plus grand défi cette année, a reconnu Mete. Chaque match est très important, car on veut participer aux séries. À chaque match, on doit tout donner. C'est parfait comme ça, ça nous permet de rester dans le rythme. C'est plus simple ainsi.»

Mete a plutôt bien paru dans le récent voyage en Californie, sauf peut-être dans le dernier match contre les Ducks d'Anaheim. Encore là, qui paraît bien dans une raclée de 8-2? Le petit défenseur reconnaît d'ailleurs que la fatigue a rattrapé le Canadien dans cette dernière portion d'un voyage de trois matchs en quatre jours, avec en prime trois heures de décalage horaire. La fatigue sera aussi un enjeu dans une fin de saison avec plusieurs petits voyages d'un seul match.

Il reste enfin le satané premier but de Mete dans la LNH. Il a frappé un poteau contre Marc-André Fleury, il a été victime d'un vol de la jambière contre Jordan Binnington, il a marqué un but finalement refusé pour obstruction envers le gardien contre Casey DeSmith.

Tout ça pour dire qu'à 107 matchs sans but, il s'approche du record de Mike Komisarek, qui avait mis 122 matchs avant d'inscrire un premier but avec le Canadien. Mete préfère en rire. «Je m'en fous. Tant qu'on gagne et qu'on participe aux séries. Si ça rentre, tant mieux!»

La faiblesse du tir de Mete est connue de tous. Cela a donc un peu fait sourciller de le voir faire l'impasse sur l'exercice de tirs d'hier matin, auquel les Jeff Petry et Shea Weber s'astreignent quotidiennement. Mete a expliqué qu'il devait avant tout gérer un problème de bâtons, puisqu'il les avait coupés trop court. Il a toutefois reconnu qu'il ferait de son tir l'une de ses priorités à l'été.

«Je vais devoir pratiquer beaucoup cet été. Je n'ai pas pu le faire l'été dernier, car je me suis cassé un doigt. Ça n'a pas vraiment guéri avant le début de la saison. Je vais avoir tout l'été pour travailler sur mon tir.»