Henrik Lundqvist se souvient très bien de la finale de l'Association de l'Est de 2014. Celle du Canadien, des Rangers et de Chris Kreider.

Lundqvist s'en souvient très bien parce qu'au moment de revoir devant lui les maillots montréalais, ce soir sur la glace du Madison Square Garden de New York, il va probablement se mettre à repenser à ces jours-là, plus heureux, où tout semblait possible pour lui et ses coéquipiers.

« Quand j'y repense maintenant, c'est fou, l'équipe qu'on avait au moment d'affronter le Canadien en 2014, a-t-il confié à La Presse hier en banlieue de New York. C'était un super groupe de joueurs. C'était surtout vrai cette saison-là ; en 2014, nous avions eu tellement de plaisir lors de cette série contre Montréal. »

Les deux équipes ont eu des destins un peu similaires depuis ce printemps de 2014. Non, le Canadien n'a jamais atteint la grande finale comme les Rangers l'ont fait il y a cinq ans, mais dans les deux cas, il y a eu des hauts... et puis des bas, surtout la saison dernière.

Le Canadien cherche à s'en remettre en obtenant une place en séries. Les Rangers, eux, ont déjà hissé le drapeau blanc de la capitulation en liquidant quelques gros noms avant la date limite.

Mais celui que l'on surnomme le Roi est toujours là.

« Nous avions battu le Canadien en six matchs en 2014, et c'était pour nous une période de succès. Nous avions pris part à, quoi, trois finales d'association en quatre ans ? Nous avions un bon groupe de joueurs, de la diversité, du talent. Et puis, une à une, les pièces se sont défaites. »

Le gardien des Rangers a beau citer un peu de Guns N' Roses lors de notre discussion (« Rien ne dure pour toujours », dira-t-il à plusieurs reprises, comme le chantait Axl Rose dans November Rain), n'empêche qu'il a été sous le choc en apprenant les départs de Mats Zuccarello, Adam McQuaid et Kevin Hayes. Des départs prévisibles, certes, mais des départs qui ont fait mal quand même.

Le choc passé, Lundqvist semble remis de ses émotions.

« Il le faut. Il reste 19 matchs à notre saison. Ce fut une saison pleine de défis, mais ça fait partie du cheminement qu'il faut entreprendre. Il y a eu des changements. On espère pouvoir évoluer à travers tout ça. »

- Henrik Lundqvist

Il y a aussi qu'à bientôt 37 ans, Henrik Lundqvist commence à comprendre que le temps presse. Que le temps passe.

« J'essaie seulement de savourer le moment. [...] Il me reste encore quelques années, je sais ça. Mais on ne peut pas trop s'attarder à ça et au temps qu'il reste sinon, ça peut rendre fou. Je me concentre sur ce que je peux contrôler, et ce que je peux contrôler, c'est mon jeu. J'espère avoir une autre chance. J'espère qu'on pourra changer de direction assez vite. Ça se fait. On le voit dans cette ligue. Regardez le Canadien de cette année... »

Carey Price sera devant un filet ce soir, Lundqvist sera devant l'autre. On ne saurait trouver deux gardiens aux destins aussi similaires : deux hommes masqués au regard de feu, fiers, pendant très longtemps au sommet de leur profession... mais dans les deux cas, il manque quelque chose.

On n'a pas besoin de rappeler à Lundqvist ce qui lui manque.

« Dans les sports d'équipe, enchaîne-t-il, il faut avant tout juger un joueur sur ce qu'il apporte au groupe. Si je faisais du tennis ou du golf, ce serait autre chose. Mais le hockey est un sport d'équipe. Il y a tellement de détails qui mènent à la victoire, pas seulement le jeu d'un seul joueur. Il faut voir ce que le joueur apporte dans les moments importants. Il n'y a aucune équipe dans l'histoire du hockey qui a déjà gagné quelque chose grâce à un ou deux gars. Il y a des joueurs qui peuvent rayonner plus que d'autres, oui, mais tu ne gagnes rien sans un bon troisième trio, sans un bon quatrième trio.

« Il y a des gars que je respecte plus que d'autres dans cette ligue en raison de ce qu'ils ont accompli, de ce qu'ils représentent pour leur équipe, et Carey est de ceux-là. Il a un talent incroyable. En tant que gardien, quand on voit à l'autre bout un gardien comme lui, on sait qu'il faut être prêt. »

Au terme de notre discussion, Henrik Lundqvist, son équipement encore sur le dos, a passé de longues minutes par terre, à genoux, à essayer de nouvelles pièces d'équipement, à simuler des déplacements, à essayer des choses. S'il y a des joueurs qui ont déjà abandonné dans ce vestiaire, il n'en fait pas partie.

Congé pour Byron, congé pour Price

Paul Byron (virus) et Carey Price ont eu congé hier lors de l'entraînement du Canadien à Newark, et avant de partir en peur dans le cas de Price, précisons que le plan du Canadien, de toute évidence, va imposer de lui accorder un maximum de congés entre les matchs d'ici la fin, surtout en raison de la saison difficile de son substitut, Antti Niemi. Price sera devant le filet ce soir au MSG, et même si Claude Julien n'a rien voulu confirmer, il ne faudrait pas s'étonner de le voir aussi devant le filet lors du match de demain soir au Centre Bell, contre les Penguins de Pittsburgh.

Kreider n'a cure des rumeurs

Comme on le sait, les Rangers étaient en mode « vente de garage » à la date limite, et l'attaquant Chris Kreider était bien impliqué dans les rumeurs. Mais il est encore ici, et tout ça, ça n'a pas trop semblé le déranger. « Je ne porte aucune attention à ce qui se dit sur moi, ce n'est pas du tout important, a-t-il répondu hier. Ces choses-là, c'est pour les médias. Je n'ai pas de temps pour ça. » Nous n'avons pas insisté davantage...