Il a déjà marqué 18 buts en un mois. Il a réussi trois tours du chapeau en 10 matchs. Et c'est aussi le seul joueur qui a marqué cinq buts dans un match depuis le lock-out de 2012. Et pourtant, ce joueur est possiblement la plus grande source d'inquiétude de son équipe.

Bienvenue dans l'univers de Patrik Laine et des Jets de Winnipeg, adversaires du Canadien ce soir au Centre Bell.

Impossible de comprendre ce qui peut bien se passer avec l'ancien deuxième choix au total, en 2016. Laine a inscrit 36 buts à sa première saison dans la LNH, et 44 l'an dernier. Ses talents de tireur faisaient dire à plusieurs observateurs qu'il serait l'Alexander Ovechkin de la prochaine génération.

Mais voilà, depuis sa monstrueuse récolte de 18 buts en novembre, rien ne va plus pour le grand Finlandais. Sa fiche en 29 matchs depuis le 1er décembre: quatre buts, sept passes pour 11 points, avec un différentiel de -11. Il n'a pas marqué à ses huit derniers matchs. Quand la défense des Ducks d'Anaheim, molle comme une livre de beurre laissée au soleil, est débarquée à Winnipeg, les Jets ont triomphé 9-3. Mais Laine n'a pas marqué.

Cette saison, les Jets ont marqué 37 buts de plus qu'ils n'en ont accordé; pourtant, Laine présente un différentiel de -15.

Comment expliquer tout ça?

«Ça ne s'explique pas, admet l'attaquant Mathieu Perreault, rencontré après l'entraînement matinal des Jets. C'est lui qui devra trouver une façon de s'en sortir. Tu dois parfois mettre un peu plus d'effort pour t'en sortir.

«Son tir est le même. Il devra peut-être travailler un peu plus fort, qu'il en marque un dans le demi-cercle. Il ne peut pas toujours attendre de pouvoir décocher son tir. Si tu veux marquer dans cette ligue-là, tu dois mettre l'effort.»

On aurait voulu poser la question à Laine lui-même, mais il a seulement parlé à un journaliste finlandais présent dans le vestiaire. «Les Jets l'ont placé dans le programme de protection des témoins jusqu'à ce qu'il marque son prochain but», a lancé à la blague un collègue de Winnipeg.

Paul Maurice, lui, a bon espoir de voir son protégé débloquer. Il s'est dit encouragé par les 12 tentatives de tir que Laine a obtenues lors du dernier match des Jets, mardi, contre les Sharks. Et ce, même si six de ces tentatives ont raté la cible.

«On fait vraiment attention avec nos joueurs qui ont un talent unique, a dit l'entraîneur-chef. On ne veut pas se mettre à leur suggérer d'essayer ci ou ça. S'il obtient des tirs au but, c'est très bon signe. Si ça se met à rentrer, attention.»

Cela dit, la situation des Jets est loin d'être catastrophique. Collectivement, ils occupent le premier rang de la division Centrale, trois points devant les Predators, avec deux matchs en main.

Et sans le vouloir, Laine pourrait bien régler le casse-tête salarial de son équipe. Laine, Jacob Trouba et Kyle Connor deviendront tous joueurs autonomes avec compensation au terme de la campagne. Avant la saison, on aurait pu s'attendre à ce que Laine puisse viser un salaire annuel près des 10 millions de dollars. À moins qu'il connaisse une autre séquence folle comme celle de novembre, tout indique qu'il aura plutôt intérêt à viser un pacte à court terme en attendant de redorer son blason.

Byfuglien de retour, Morrissey absent

Dustin Byfuglien a raté les 15 derniers matchs en raison d'une blessure au bas du corps. Mais il reviendra au jeu ce soir.

Avant de tomber au combat, le mastodonte était égal à lui-même, avec une récolte de 29 points en 32 matchs, tout en jouant près de 25 minutes par match.

Cela dit, les Jets devront attendre avant d'afficher complet en défense. L'excellent Josh Morrissey est à son tour blessé et ratera la rencontre de ce soir. Maurice a toutefois bon espoir de le revoir samedi, lors de la visite des Jets à Ottawa.

Son absence permettra donc à l'ancien du Canadien Joe Morrow de demeurer dans la formation. Le défenseur compte quatre passes en 34 matchs.



Une première pour Lemieux

Enfin, ce sera une soirée spéciale pour l'attaquant Brendan Lemieux, le fils de Claude Lemieux, qui disputera un premier match au Centre Bell. 

Lemieux a inscrit sept buts et deux passes en 37 matchs cette saison, sa première année complète dans la LNH. La pomme ne semble pas être tombée loin de l'arbre, puisqu'il compte aussi 47 minutes de pénalité. Dans la Ligue américaine, il en a empilé 300 à ses deux saisons complètes. 

«Je ne sais pas ce qu'on a dans la famille, mais c'est plus facile pour moi de fâcher les autres que de les rendre heureux!, a lancé le jeune homme de 22 ans. Je suis chanceux de faire un métier où tu peux gagner ta vie en faisant ça. Ça vient plutôt naturellement, je n'ai pas à y penser ou à le planifier. C'est simplement qui je suis. Jouer de façon dure choque les autres, je crois. Et je connais une seule vitesse. C'est parfois dangereux, même à l'échauffement ou à l'entraînement. Mais je suis comme ça.» 

Lemieux avait été repêché au 31e rang par les Sabres de Buffalo en 2014. Il a certainement les talents d'agitateur de son père, mais il aimerait lui aussi être productif offensivement. Claude Lemieux a conclu sa carrière avec 379 buts et 786 points en 1215 matchs. 

«Agiter l'adversaire comme il le faisait, c'est facile. Mais offensivement, il a placé la barre haut. J'aimerais être comparé à lui du côté offensif. J'ai confiance en mes habiletés. Il peut marquer, je peux marquer. Le jeu a changé, ce n'est plus comme c'était. J'aimerais être une version de lui dans le hockey d'aujourd'hui. J'espère pouvoir être à la hauteur de ce qu'il a fait en séries.» 

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La formation probable des Jets ce soir (selon TSN) 

• Connor-Scheifele-Wheeler

• Laine-Little-Roslovic

• Perreault-Lowry-Tanev

• Lemieux-Copp-Appleton

• Morrow-Trouba

• Chiarot-Byfuglien

• Kulikov-Myers

• Hellebuyck

Photo Christopher Hanewinckel, USA TODAY Sports

Brendan Lemieux