Quand on a fini par attraper Maxime Talbot au bout du fil, il avait l’air un peu à bout de souffle, quelque part dans les rues de Vancouver. Il est là ces jours-ci en portant un nouveau chapeau, celui d’agent de joueurs, après une longue carrière de plus de 1000 matchs dans les rangs professionnels. À un moment, l’ex-attaquant lance une phrase qui vient un peu tout résumer pour lui : « C’est le premier jour du reste de ma vie… »

Il n’y a pas d’amertume dans le ton, il n’y a pas de regrets non plus. Talbot le dira au fil de notre conversation : regarder en arrière, ça n’est pas trop son genre. « En même temps, c’est sûr qu’il y a une certaine nostalgie », admet-il.

Ça faisait longtemps que je jouais au hockey. On est habitués, nous les joueurs, à nous faire prendre par la main, à nous faire dire où aller à quelle heure et quoi porter. Alors ce sera différent. Mais c’est une décision excitante, devenir agent de joueurs. Même si c’est un peu sorti du champ gauche…

Maxime Talbot

C’est en parlant avec son agent de longue date, l’influent Pat Brisson, que Maxime Talbot a choisi la retraite (confirmée cette semaine), et ensuite ce nouveau boulot. Après trois ans à patiner dans la KHL de Russie, il a choisi de rentrer « à la maison », comme il le dit lui-même, sur la Rive-Sud de Montréal.

Avant de devenir un vrai de vrai retraité, il a tout de même demandé à son agent de sonder un peu le terrain, pour voir s’il n’y aurait pas des clubs de la LNH qui voudraient bien de lui. « Mais ce n’est pas une priorité pour les équipes de donner un contrat à un gars de 35 ans comme moi… »

Alors il a fallu penser à la retraite, et aussi à la suite des choses.

« J’aurais pu rester dans la KHL, j’avais une offre, mais j’ai trois jeunes enfants. Je connais ma femme depuis sept ans et je pense qu’on a vécu dans 12 ou 13 maisons différentes… À un moment donné, il faut savoir s’arrêter. Ce n’est pas facile et ce n’est pas un deuil qui va se faire seulement en quelques jours, je le sais. Mais c’était assez. »

« C’est drôle, parce qu’en arrivant ici à Vancouver pour le repêchage, j’ai rencontré de jeunes espoirs, et il y en a qui m’ont dit qu’ils se souvenaient de 2009, qu’ils étaient des fans des Penguins de Pittsburgh. On dirait que la Coupe Stanley de 2009, c’est un moment qui a marqué les gens. J’étais à Pittsburgh, récemment, et là-bas, c’était comme si je n’étais jamais parti. »

On aura compris qu’au milieu des matchs disputés avec les Penguins, les Flyers de Philadelphie, l’Avalanche du Colorado et les Bruins de Boston, en plus des matchs dans la KHL, c’est le souvenir de la grande finale de 2009 qui arrive en tête de son palmarès. Inutile de lui rappeler, aussi, que c’est lui qui avait marqué les deux buts des Penguins dans le match numéro 7, celui de la victoire ultime contre les Red Wings de Detroit.

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Le 12 juin 2009, Maxime Talbot compte deux buts contre Chris Osgood lors du 7e match de la finale de la Coupe Stanley.

Quand on va me demander de nommer le meilleur moment de ma carrière, le choix va être facile.

Maxime Talbot

Il dit qu’il voulait rentrer au Québec pour l’école des enfants, il dit qu’il a hâte de vivre un hiver québécois, « [son] premier en presque 20 ans ». Il dit qu’il a hâte de travailler avec les jeunes joueurs, de leur montrer un peu comment ça marche, lui qui est déjà passé par là et pour qui tout a commencé il y a très longtemps, en 2002, quand les Penguins l’avaient choisi avec un choix de huitième ronde.

Surtout, sachez que Maxime Talbot affirme se porter à merveille. Les dieux du hockey lui ont épargné les blessures et les maux qui peuvent plomber un quotidien.

« J’ai été chanceux, je n’ai pas subi de blessure sérieuse durant ma carrière. Je suis en pleine forme, je pourrais jouer demain matin ! Et en plus, je vais continuer à travailler dans le monde du hockey… »

Pour lui, ce n’est donc pas une fin. « Mon livre ne se referme pas, offre-t-il en guise de conclusion. C’est tout simplement un nouveau chapitre qui commence… »