Tout ça paraît très mal pour Matt Duchene.

Depuis qu'il est arrivé avec les Sénateurs d'Ottawa dans un spectaculaire échange, l'équipe présente... le pire dossier de la LNH. Trente et unième et dernier rang, avec une fiche de 28-46-9. 

Mais Duchene n'a pas le dos si large. Il compte 15 points en 15 matchs cette saison et il n'est pas le seul responsable de ce qui se passe. Ce n'est pas sa faute si Kyle Turris, impliqué dans cette vaste transaction, a laissé un si grand vide dans l'équipe. Il n'est pas non plus responsable du malaise entre Mike Hoffman et Erik Karlsson, causé par le fait que la femme du premier aurait harcelé celle du deuxième. 

Il n'a rien à voir avec les transactions des deux joueurs qui ont suivi ni avec les mois de supputations qui ont précédé le départ du capitaine ErikKarlsson. Il n'a rien à voir avec les gestes déplacés qu'aurait commis l'adjoint au directeur général Randy Lee. Ni avec les sautes d'humeur du propriétaire Eugene Melnyk. Encore moins avec cette vidéo d'un ahurissant malaise avec Melnyk et Matt Borowiecki. 

Bref, Duchene paraissait mal, mais c'était plus un concours de circonstances qu'autre chose. C'était avant que cette vidéo filmée à l'insu d'un groupe de sept joueurs dans un véhicule Uber ne fasse surface. Inutile de rappeler les faits, on y critique vertement l'entraîneur adjoint Martin Raymond. Mais c'est Duchene qui frappe le circuit en avouant qu'il ne l'écoute plus depuis trois semaines lors des rencontres d'équipe. 

Un geste lourd à porter pour quelqu'un de qui on attend qu'il joue un rôle de leadership dans l'équipe. On a demandé à Guy Boucher comment il percevait le rôle de Duchene avec les Sénateurs. 

« Facile, c'est un pilier. Point. Comme Mark Stone. Ce sont deux gars qui portent le poids de l'équipe. Ils sont dévoués, toujours au front. Ils sont à l'affût de ce qui se passe, ce sont les premiers à aider tout le monde. Ils sont conscients de leur importance. Hors glace, même chose.

« Du côté de la culture pour nos jeunes et tout le monde autour, ce sont des gars qui prennent beaucoup de place pour aider les autres. On a des piliers, Stone, Duchene, Borowiecki avec sa personnalité, Paajarvi, même s'il n'a pas la gloire de marquer tous les buts. » 

« Ces gars, on en a besoin. On veut bâtir autour de ces gars, c'est clair. Tu n'as pas le choix d'avoir des piliers pour bâtir autour de ton équipe, et ce sont eux, les piliers. »

Sortie intéressante, mais sortie nécessaire aussi, de Boucher. L'entraîneur-chef a perdu de sa légendaire loquacité quand il s'est fait demander si la vidéo changeait sa perception de Duchene. 

« Tu y reviens [sur le sujet de la vidéo]. Je n'y reviens pas. J'ai répondu avec honnêteté. Chez nous, rien n'a changé. » 

CHABOT ET WIDEMAN 

Hier, Thomas Chabot et Chris Wideman notamment, deux joueurs présents dans le véhicule Uber, ont rencontré les médias. Dans un cas comme dans l'autre, on a fait acte de contrition.

« C'est important pour nous, en tant que groupe, de nous excuser envers Martin Raymond, a déclaré Chabot. C'est quelqu'un qui arrive chaque jour à l'aréna avec une belle attitude et qui partage sa passion avec nous. Il a toujours le sourire. C'est important de nous excuser. »

« La seule chose que je vais dire, c'est que du fond de mon coeur, je présente mes excuses à Martin Raymond pour ce qui s'est passé cette soirée-là, a ajouté Wideman. Ce que nous avons dit, ce n'est pas ce que nous pensons de lui... c'est inacceptable. » 

« C'est une distraction pour l'équipe et nous nous excusons au reste du club, mais également au reste du personnel. »

Duchene lui-même a fait une sortie chargée d'émotion mardi après la victoire sans appel de 7-3 sur les Devils du New Jersey. 

« Je veux offrir mes sincères excuses. C'est toute une personne et tout un entraîneur, et je ne peux qu'être désolé. C'est tout ce que j'ai à dire là-dessus. Je le pense sincèrement, en mon nom et au nom de mes coéquipiers. [...] Ça me rend émotif, d'en parler, ce n'est pas qui jesuis. On a bien rebondi ce soir. Nous avons tout un groupe ici. » 

Duchene a poursuivi en disant que la victoire, de cette manière, à ce moment précis, était énorme. Lui-même a obtenu trois aides et a terminé la soirée à + 4. Plus que quiconque, Mark Stone s'est levé avec une prestation exceptionnelle de deux buts et trois aides, après avoir été le premier à faire face aux médias en après-midi. Même s'il n'était pas impliqué dans l'incident. 

« Il agit comme un leader, il le fait depuis le début, a dit Boucher. Avec les gars qu'on a perdus, il était prêt à assumer ce rôle et il le voulait. Il voulait prendre le flambeau. Hier, j'étais certain que je pouvais compter sur lui pour se présenter et faire une différence. Je ne suis pas surpris. » 

Parmi les autres joueurs sur la vidéo, Chabot a obtenu 1 but, 2 aides et 9 tirs. Chris Tierney a inscrit 2 aides, Colin White a marqué deux fois. Boucher jure qu'il n'y avait pas d'éléphant dans la pièce pour ce match, qu'il n'était pas plus scruté que les autres. N'empêche, cette victoire signifie beaucoup. 

Dans tous les cas, Boucher ne veut plus en parler, et on le comprend. Il reste à voir si le plus récent soubresaut chez les Sénateurs aura ceci de bon qu'il aura crevé un abcès dans l'entourage de l'équipe.