Le Canadien de Montréal a échangé son capitaine, mais ça ne veut pas dire qu'un successeur a déjà les pieds sur le seuil de la porte. Autant les dirigeants que les joueurs considèrent qu'il n'y a pas d'urgence à coudre la lettre «C» sur un nouveau chandail bleu blanc rouge, par respect pour Max Pacioretty entre autres raisons.

Le directeur général Marc Bergevin a évité la question, et n'a même pas voulu s'aventurer à dire si le prochain capitaine du Canadien sera nommé par la direction de l'équipe ou élu par les joueurs, comme ce fut le cas avec Pacioretty.

«La transaction est arrivée hier soir, tard. On va s'asseoir durant les prochaines semaines, on va en discuter. Pour l'instant, je n'ai vraiment pas pensé à ça. La journée où on aura plus d'informations, on va vous les donner», s'est limité à dire Bergevin à ce sujet lors de son point de presse en marge du tournoi de golf du Canadien lundi à Laval-sur-le-Lac.

L'entraîneur-chef Claude Julien a fait un parallèle avec la situation chez les Islanders de New York, qui ont perdu John Tavares au profit des Maple Leafs de Toronto.

«Les Islanders ne se sont pas tournés de bord pour nommer un autre capitaine tout de suite. C'est la même chose ici. Ce n'est pas quelque chose qui presse pour l'instant. C'est une chose que l'on doit prendre le temps de bien évaluer et de bien penser. En temps et lieu, on prendra cette décision-là. Pour moi, ce n'est pas ce qui est important pour l'instant. Pour moi, ce qui importe, c'est de regarder les nouveaux joueurs qu'on a acquis, de les voir au camp et d'être capable de former une équipe supérieure à celle de l'an dernier.»

D'anciens coéquipiers de Pacioretty comme Brendan Gallagher, Shea Weber et Phillip Danault ont parlé dans le même sens. S'il doit y avoir un successeur à Pacioretty avant le début de la saison, Gallagher et Weber sont les deux candidats les plus plausibles.

«Par respect envers Max, c'est un sujet dont je ne veux même pas parler, a tranché Weber, lui-même un ancien capitaine avec les Predators de Nashville. Il a été échangé aujourd'hui. L'équipe va se pencher sur la question quand le temps sera venu de le faire, et je suis sûr que la direction fera le bon choix et agira de la bonne façon.»

Gallagher a lui aussi joué le rôle de capitaine au fil de sa carrière de hockey, dans son cas avec les Giants de Vancouver. Il se rappelle avoir été flatté d'avoir assumé une telle fonction, mais à ses yeux, un leader n'a pas besoin d'une lettre sur son chandail.

«Ce fut un honneur, mais ce n'est pas quelque chose qui a changé ma façon d'être. Que vous portiez une lettre ou non, vous devez d'abord être un bon joueur. Si vous êtes capable de jouer le rôle de meneur et que vous possédez les qualités requises, la lettre sur la poitrine n'a pas vraiment d'importance.»

Fierté

Pendant sa rencontre avec les médias, Gallagher a fait l'éloge de Pacioretty.

«Il a fait beaucoup de belles choses pendant sa carrière à Montréal et il portait le CH fièrement. Il a été mon coéquipier pendant six ans, je crois, et je conserve beaucoup de beaux souvenirs. Nous avons participé à d'intenses séries éliminatoires. Nous avons participé à une finale d'association et il a marqué des buts importants. Lorsqu'il regardera sa carrière, il pourra être fier de ses années passées ici.»

De tous les joueurs qui ont rencontré les journalistes avant le tournoi de golf, Danault a paru le plus émotif.

«J'ai appris la nouvelle à 4h30. J'ai reçu un texto de "Patch". Ç'a donné un choc. Je vais vous avouer que j'ai eu de la difficulté à dormir ensuite.»

L'émotion que ressentait Danault venait sans doute d'une relation étroite qu'il a entretenue avec Pacioretty depuis l'échange qui l'a envoyé des Blackhawks de Chicago au Canadien en 2016.

«Max a été mon capitaine dès que je suis arrivé ici. Il a pris soin de moi, il m'a pris sous son aile. On a joué ensemble avec (Alexander) Radulov la première année, beaucoup. L'an passé encore à quelques reprises. C'est l'un des meilleurs ailiers avec lesquels j'ai joué dans ma vie, sinon le meilleur jusqu'à maintenant, ça c'est sûr. Ç'a été un capitaine exemplaire pour moi, j'ai été très honoré de jouer à ses côtés.»

Jusqu'à un certain point, Danault était même content de la tournure des événements pour Pacioretty, l'ami.

«Je me mettais à sa place parfois, et je me disais que ça ne devait pas être évident. Malgré cela, il allait quand même au resto et faisait sa vie. De ce côté-là, il était un exemple à suivre. Avec tout ce qu'il a vécu lui et sa famille. Le meilleur est arrivé pour lui.»