Il faut bien l'admettre: c'est un peu étrange de voir Tomas Plekanec ici à Buffalo, pendant que les joueurs du Canadien sont au Centre Bell. C'est un peu étrange, aussi, de le voir sortir d'un vestiaire où tous les chandails accrochés ne sont pas des chandails frappés d'un CH sur la poitrine.

Non, le Plekanec que l'on voit ici n'est pas différent de l'homme que l'on a connu à Montréal. Le ton reste cordial, le timbre de voix reste timide, parfois à la limite de l'inaudible. Tomas Plekanec a toujours été un homme de peu de mots. Calme, placide, effacé. Cela n'a pas changé.

Ce sont les couleurs qui ont changé. Le bleu, le blanc et le rouge ont fait place au bleu et au blanc tout court.

«Mettre ce chandail-là, oui, ce fut différent la première fois, et j'essaie encore de m'adapter à ma nouvelle équipe, a répondu le Tchèque à La Presse avant le match des Maple Leafs, hier soir à Buffalo. Il n'y a pas beaucoup de différence entre ce que Mike Babcock me demande de faire ici et ce que Claude Julien voulait que je fasse à Montréal. Seulement de petits détails. Peu importe où l'on joue, le hockey, ça reste du hockey. Le Canadien et les Leafs ont des systèmes qui se ressemblent. Pour un vétéran comme moi, c'est une chance de faire un bout de chemin en séries.»

Une chance que Plekanec n'allait pas avoir cette saison à Montréal, mais tout ça a changé le 25 février, quand le Canadien l'a refilé au club de Toronto en échange de deux joueurs (dont le défenseur Rinat Valiev) et un choix de deuxième tour au prochain repêchage. Plekanec s'y attendait, bien sûr, mais après avoir été un membre de la formation montréalaise depuis la saison 2003-2004, la nouvelle l'a quand même un peu ébranlé.

Pas trop, mais un peu.

«C'est sûr... Quand ça fait 15 ans que tu joues avec la même équipe et que tu dois déménager, c'est différent. Mais je ne suis pas le premier joueur à être échangé, et puis ici, les Leafs, c'est une organisation de première classe, comme à Montréal. J'essaie seulement de me concentrer sur mon jeu sans trop penser à tout le reste.»

À ce chapitre, ça ne va pas si bien. Depuis son arrivée dans le camp torontois, Plekanec n'a récolté aucun point en sept matchs, et en plus, il a dû se contenter d'un rôle réduit, tantôt sur le troisième trio, tantôt sur le quatrième. L'entraîneur-chef Mike Babcock l'a employé pendant seulement 9 min 8 s lors du match de mercredi soir contre les Stars de Dallas. Plekanec n'avait jamais été aussi peu employé pendant un match cette saison.

Malgré tout, Babcock affirme avoir confiance en l'ancien joueur du Canadien.

«Il a été un joueur important pour nous depuis qu'il est ici, a répondu le coach des Leafs. Il nous fallait ajouter de la profondeur en vue de la dernière ligne droite, et Tomas a été très bon.»

Plekanec affirme qu'il a encore bien des amis à Montréal, et ça tombe bien, puisqu'il aura une occasion de les revoir sur la glace du Centre Air Canada demain soir. À ce sujet, le vétéran centre de 35 ans admet qu'il ne sait pas trop comment il va réagir quand il va apercevoir les maillots tricolores lors de l'échauffement d'avant-match, lui qui vivra demain son premier match Canadien-Leafs à titre de membre des Leafs.

«Je ne me suis jamais retrouvé dans une telle situation auparavant... Alors je ne peux pas vous expliquer ce que ce sera pour moi, et je ne vais pas en faire tout un plat non plus, parce que des joueurs qui sont échangés, ça arrive. Mais oui, ce sera différent. Je me lève encore le matin en regardant les résultats des matchs de la LNH, dont ceux du Canadien. Je me tiens informé de ce qui se passe avec eux.»

Quant à la suite des choses, Tomas Plekanec jure qu'il n'y pense pas, lui qui n'a pas de contrat en vue de la prochaine saison. Est-il ouvert à l'idée de revenir jouer à Montréal la saison prochaine?

Il hésite un peu.

«Je ne pense pas vraiment à la saison prochaine, répond-il. Il y a encore une saison à disputer ici, avec les séries qui arrivent. Mais j'ai vécu plusieurs bons moments à Montréal, dont les séries du printemps 2010. J'espère seulement un printemps similaire à Toronto...»