Le lock-out a été long, mais il en valait la peine pour les propriétaires de la Ligue nationale de hockey (LNH), qui pourraient essentiellement doubler leurs profits sous la prochaine convention collective.

En vertu de la nouvelle entente annoncée hier, la part des joueurs des revenus reliés aux opérations hockey diminuera de 57% à 50% - une différence estimée à environ 230 millions par saison complète en faveur des propriétaires (moyenne de 7,7 millions par équipe). Au cours de la saison 2011-2012, les 30 équipes de la LNH auraient généré des profits de 250 millions sur des revenus hockey de 3,3 milliards, selon Forbes, en payant 57% de leurs revenus aux joueurs en salaires.

En n'accordant seulement 50% des revenus aux joueurs, les profits des équipes seraient passés de 250 à 480 millions, soit une hausse de 92%. Pour que les propriétaires puissent espérer presque doubler leurs profits, les revenus devront toutefois continuer d'être au rendez-vous après le lock-out.

«Les propriétaires ont clairement gagné les négociations, mais donnons crédit à Donald Fehr (directeur exécutif de l'Association des joueurs) d'avoir limité les dommages pour les joueurs», dit Patrick Rishe, professeur d'économie à l'Université Webster aux États-Unis et collaborateur au magazine Forbes. Les joueurs ont obtenu des mesures de transition, notamment une somme de 300 millions sur trois ans versée aux joueurs (250 millions en salaires, 50 millions pour le régime de retraite), qui ne sera pas comptabilisée dans la règle du 50% des revenus. Malgré cette somme supplémentaire, les joueurs actuellement sous contrat subiront vraisemblablement une baisse de salaire au cours des prochaines saisons, à moins d'une hausse vertigineuse des revenus.

De l'oxygène pour les équipes moins riches

Soit, la nouvelle convention collective enrichira toutes les équipes du circuit Bettman, dont le Canadien de Montréal, qui ajoutera au moins 7,7 millions à ses profits actuels sur une saison complète (51,6 millions en 2011-2012 selon Forbes). Mais la réduction des salaires des joueurs sera particulièrement bien accueillie chez les équipes moins fortunées du circuit Bettman, où les salaires des joueurs représentent une partie plus importante de leur budget (ex: 83% des revenus pour les Islanders, 39% pour le Canadien).

Autre raison de célébrer pour les équipes moins nanties de la LNH: le système de partage des revenus passera de 150 à 200 millions par saison. Troisième des formations les plus riches, le Canadien payait environ 10 millions par saison en vertu de l'ancien régime. Au cours des dernières années, le succès financier des équipes les plus aisées de la LNH a permis d'augmenter les salaires à un rythme que plusieurs équipes moins nanties ont eu de la difficulté à suivre. Les inégalités financières sont importantes entre les équipes de la LNH: le Canadien, les Maple Leafs et les Rangers généreraient à eux seuls 83% des profits de la ligue, selon Forbes.

«Ces corrections [dans la convention collective] étaient nécessaires afin d'assurer la solvabilité financière d'un plus grand pourcentage d'équipes», dit l'économiste Patrick Rishe. Selon Forbes, 13 des 30 équipes du circuit Bettman auraient perdu de l'argent en 2011-2012, dont neuf équipes qui ont perdu plus que 7,7 millions (la moyenne économisée en salaires par équipe dans la nouvelle entente). «Il deviendra plus difficile pour une équipe de perdre de l'argent, dit M. Rishe. Si certaines en perdent encore, honte à elles!»

Et Québec?

La nouvelle convention collective réduit les chances de Québec d'obtenir une équipe de la LNH grâce à un déménagement, selon l'économiste Patrick Rishe. «L'entente augmente les chances d'une équipe de la LNH de faire des profits dans n'importe quelle ville», dit-il. Avec ce nouvel accord, les équipes en difficulté financière seront encore moins enclines à déménager. Mais tout n'est pas perdu pour Québec: il y a aussi le scénario d'une expansion, que la LNH refuse d'évoquer pour l'instant.